Après une accalmie relative dans le courant de la journée, le feu a une nouvelle fois repris de la vigueur en fin d'après-midi ce dimanche 30 octobre 2011 dans les hauts de l'ouest. Le préfet a ordonné l'évacuation de 26 familles d'exploitants agricoles habitant notamment au chemin Vaudeville à la Chaloupe Saint-Leu. Les personnes concernées ont quitté les lieux à la tombée de la nuit le c?ur gros et en ayant tout fait pour mettre leur bétail en sécurité. Les pompiers vont poursuivre la lutte acharnée et inégale qu'ils ont entamé depuis ce mardi contre le feu. La météo va à nouveau jouer contre eux. Météo France prévoit en effet pour la nuit de dimanche à lundi des vents soufflant en moyenne à une vingtaine de km/h. Le feu a déjà parcouru 2 677 hectares.
"Là le feu va se calmer et en fin d'après-midi, comme tous les jours, il va recommencer à se déchaîner" disait ce dimanche matin un pompier qui venait de passer la nuit "au feu". Les faits lui ont donné raison. L'incendie a peu progressé dans le courant de la journée, mais il est resté très actif dans les hauts de l'ouest. Comme aurait-il pu en être autrement. Le vent provoque des centaines de départ secondaire de feu sur une surface immense.La zone étant habitée, le gros des efforts s'est porté sur la région. Malgré le combat des sapeurs pompiers, renforcés depuis ce dimanche matin par des renforts de métropole, "la sécurité des habitants du chemin de Vaudeville et du chemin des Tamarins dans la partie située au Nord de l'intersection avec le chemin de la Source ne peut ce soir être garantie avec certitude" indique la préfecture. D'où la décision du préfet, Michel Lalande, de faire évacuer les 26 familles d'exploitants agricoles résidant dans la zone. "Cette évacuation préventive permettra aux sapeurs-pompiers, si le feu atteint cette zone, de se concentrer sur la défense des bâtiments" explique la préfecture.
Une nouvelle qui n'a pas surpris les agriculteurs. Depuis le début de la matinée, ils ont entrepris de sécuriser leurs exploitations et de mettre le bétail à l'abri. La veille déjà, à la demande du maire saint-leusien, Thierry Robert, une première évacuation avait eu lieu. Dans la nuit, des troupeaux de vaches et de chevaux avaient été évacués en urgence par leurs propriétaires. Les enclos étaient ouverts pour permettre aux animaux restés sur place de s'enfuir en cas de danger. On avait ensuite craint le pire puisque certaines informations disaient qu'une ferme avait entièrement brûlé. Il n'en a finalement rien été fort heureusement. Des dizaines d'hectares de pâturages ont par contre été détruites. Le sinistre, on le sait, s'est étendu depuis samedi lorsque les flammes ont enfoncé en sept points différents la ligne de défense implantée par les soldats du feu le long de la route forestière des Tamarins.
Ce dimanche soir, les pompiers se préparaient à vivre une nouvelle nuit de lutte sans merci. Le feu évolue souvent en sous sol dans l'humus avant d'embraser subitement les arbres et la végétation. Les flammes peuvent alors s'élever brusquement à plusieurs mètres de haut. "Devant l'ampleur de la catastrophe on ne peut pas dire que l'on soit optimiste. La seule chose que nous puissions faire est de lutter de toutes nos forces contre le feu" déclarait, réaliste, ce dimanche soir l'un des officiers pompiers.
Dans cette zone, les soldats du feu ne peuvent même pas compter sur l'aide de la météo. Météo France prévoit en effet cette nuit "des brises de pente de secteur dominant Nord s'établissant en moyenne de 20 à 30 km/h avec des rafales à des vitesses supérieures".
La situation est à peine moins préoccupante sur les autres secteurs ravagés par les flammes. "Si le front sud n'a pas évolué, les sapeurs-pompiers continuent leur travail de refroidissement des lisières, on note en revanche une reprise sur le front est. Au nord, le feu au piton des Orangers est contenu même s'il progresse encore" note la préfecture.
La surface parcourue par le feu s'établissait ce samedi matin à 2 677 hectares. À la suite de l'arrivée des 172 personnels métropolitains supplémentaires, 424 personnels étaient engagés face au feu ce dimanche. 350 personnels (pompiers, ONF, armée, agents de communes et employés d'associations) étaient eux engagés en soutien opérationnel. Ce lundi, plus de 800 personnes seront sur le front, annonce la préfecture.
Ce dimanche, le préfet, soutenu par l'officier commandant les pompiers, arrivés en renfort, a souligné une fois de plus que le recours à un Dash 8 (avion bombardier d'eau - ndlr) serait inefficace sur ce type de sinistre. Une affirmation qui ne satisfait pas Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul. Avec, notamment, les maires de Saint, Leu, Thierry Robert, et de Saint-Louis, Claude Hoarau, elle estime que les moyens dégagés par l'État pour lutter contre le feu ne sont pas à la mesure de l'ampleur du sinistre.
Environ 50 gendarmes assurent par ailleurs le contrôle de la zone et l'enquête judiciaire. L'origine criminelle de ce gigantesque incendie ne fait en effet aucun doute. "Actuellement il y a quelqu'un chez lui qui regarde un spectacle effrayant pour l'environnement et par les frais qu'il engendre" a souligné le préfet Michel Lalande ce dimanche. Les auteurs de ces faits encourent 15 ans de prison.



















