Jean-Paul Virapoullé et Paul Vergès, deux dinosaures politiques à La Réunion, conduisent chacun une liste lors des élections sénatoriales qui se dérouleront le 25 septembre 2011. Ironie du sort, les deux hommes avaient organisé une conférence de presse ce lundi 22 août 2011 à la même heure, à quelques mètres de distance. L'un faisait le bilan de sa mandature en tant que sénateur sortant et se projetait vers une campagne qui s'annonce difficile. L'autre présentait sa liste dite "d'union" avec comme ambition de remporter 2 sièges, et pas moins.
A droite, Jean-Paul Virapoullé, 67 ans, près de 40 ans de carrière politique et sénateur sortant. A gauche, Paul Vergès, 86 ans, près de 50 ans de carrière politique et actuellement conseiller régional. Les deux "adversaires", selon les termes de Jean-Paul Virapoullé, se retrouvent aujourd'hui pour une énième bataille politique, celle des sénatoriales. Chacun avance ses pions pas à pas avec la même ambition, siéger au Sénat à l'issue du scrutin de septembre prochain.Mais un candidat semble davantage en difficulté que l'autre. Il s'agit de Jean-Paul Virapoullé. Comme en 2001, l'ancien maire de Saint-André se lance dans la bataille des sénatoriales avec à ses côtés Anne-Marie Payet, sénatrice sortante. Et comme en 2001, il se dit "totalement libre". La comparaison avec 2001 s'arrête là. Et pour cause, Jean-Paul Virapoullé n'est plus l'ogre politique que l'on connaissait à l'époque. Entre temps, il a perdu la mairie de Saint-André en 2008, il a été évincé par Didier Robert lors des régionales de 2010, ses poulains ont enregistré des défaites cinglantes lors des cantonales de 2011 et l'UMP a désigné Michel Fontaine comme son candidat lors de ces sénatoriales.
Autant dire qu'une défaite lors de ces élections signerait la fin de la carrière politique de Jean-Paul Virapoullé. Ce que reconnaît bien volontiers l'intéressé : "si malgré mon combat historique, la population décide de ne pas me faire confiance", je ne pourrai pas continuer comme ça", confie-t-il. "Mais je ne peux pas croire ça", ajoute-t-il, certain d'une victoire. Si le sénateur sortant ne pense pas renouveler la performance de 2001 où Anne-Marie Payet et lui avaient été élus alors qu'ils étaient sur la même liste, l'ancien maire croit en ses chances de remporter un siège.
Pour y parvenir, Jean-Paul Virapoullé s'appuie sur son bilan de mandat et sur celui d'Anne-Marie Payet. Défiscalisation, licence tabac, santé, bataille contre la bidépartementalisation, baisse des charges sociales, les deux élus ont détaillé ce lundi l'ensemble des dossiers qu'ils ont défendu avec "talent et sérieux" durant cette mandature. Et la conclusion est la même pour les deux élus : "nous avons un très bon bilan", se félicite l'ancien maire de Saint-André.
C'est ce bilan que défendent actuellement les deux sénateurs sortants auprès des grands électeurs. Selon eux, "nous recevons le soutien des électeurs que nous avons rencontré", souligne Anne-Marie Payet. Reste à voir si ce soutien va se concrétiser dans les urnes afin que la liste de Jean-Paul Virapoullé puisse remporter un siège.
Se battre pour remporter un siège, voilà une préoccupation qui n'effleure même pas l'esprit de Paul Vergès. Le conseiller régional est déjà sûr de sa victoire et ne cache pas son ambition : remporter deux sièges de sénateurs sur les quatre en jeu. Et à entendre le chef de file de l'Alliance, c'est déjà une certitude : Paul Vergès et Gélita Hoarau, sénatrice sortante, siègeront au Palais du Luxembourg à l'issue du scrutin de septembre. Pour ce faire, l'élu communiste a souhaité mettre en place "un rassemblement le plus large possible" avec notamment les socialistes et le Modem.
Le PS a émis une fin de non recevoir à la proposition de l'élu communiste, préférant présenter sa propre liste menée par Michel Vergoz. Le Modem a quant à lui accepté de s'allier à Paul Vergès. Et c'est Michel Dennemont, conseiller général et maire des Avirons, qui a été désigné pour occuper la troisième place de liste. Aucune chance pour lui de siéger au Sénat dans cette configuration puisque l'Alliance n'a pas la prétention de remporter 3 sièges. Alors pourquoi a-t-il accepté de rejoindre Paul Vergès ?
Il s'agit en réalité d'une question de "stratégie politique". Le chef de file de l'Alliance a promis de démissionner de son mandat une fois qu'il aura "atteint ses objectifs" au Sénat. À savoir "trouver une réponse à l'urgence sociale, mettre en place un plan de développement durable sur les 10 années à venir et mettre fin à la réforme des collectivités". "Je me donne jusqu'à la mi-mandat maximum pour atteindre ces objectifs. Ensuite je démissionnerai", explique-t-il. Démission qui propulserait alors Michel Dennemont au Palais du Luxembourg. Paul Vergès, quant à lui, poursuivra sa carrière politique localement. Car, malgré son âge, le chef de file du PCR dit ne s'être "jamais senti aussi jeune".
À 5 semaines du scrutin, le combat semble assurément tourner à l'avantage de Paul Vergès, d'ores et déjà assuré de remporter au moins un siège, au regard des ressources de voix dont il bénéficie (environ 350 grands électeurs). Un autre siège semble déjà acquis à Michel Fontaine, chef de file de l'UMP. Le gain des autres sièges dépendra de la capacité de chaque parti à mobiliser et à convaincre les grands électeurs.
A gauche, deux grandes interrogations demeurent. Les voix du Modem vont-elles toutes se reporter sur la liste d'union de l'Alliance pour remporter le second siège? Michel Vergoz parviendra-t-il à faire l'unanimité au sein des socialistes ? A droite, Jean-Paul Virapoullé, qui ne bénéficie désormais d'aucune machine politique, pourra-t-il rivaliser avec l'UMP de Michel Fontaine qui vise également un second siège ? Le scrutin du 25 septembre apportera toutes les réponses à ces questions.
Les listes en présence
* Alliance: Liste d'union pour défendre les Réunionnaises et les Réunionnais
Paul Vergès
Gélita Hoarau, sénatrice sortante
Michel Dennemont
Paulette Adois-Lacpatia
Joé Bédier
Françoise Dennemont
* UMP
Michel Fontaine
Jacqueline Farreyrol
Didier Robert
Valérie Aubert
Sandra Sinimalé
Daniel Gonthier
* Parti socialiste
Michel Vergoz
Laurence Lougnon
Mickaël Nativel
Céline Sitouze
Maxime Assaby
Hajasoa Vololona Picard
* Divers droite
Jean-Paul Virapoullé, sénateur sortant
Anne-Marie Payet, sénatrice sortante
Les quatre autres places de la liste n'ont pas encore été attribuées
* Front de gauche
Corine Ramoune
Jean-Paul Panechou
Mimose Libelle
Denis Simonin
Les deux suppléants ne sont pas encore désignés
Mounice Najafaly pour