Dominique Perben, ministre des Transports

"La route du littoral restera dangereuse"

  • Publié le 11 avril 2006 à 00:00

Fermée depuis l'éboulis tragique du 24 mars 2006, la route du littoral reliant le Nord à l'Ouest de la Réunion pourrait rouvrir en deux voies ce vendredi 14 ou samedi 15 avril, a indiqué le ministre des Transports, Dominique Perben, arrivé dans l'île ce mardi matin 11 avril. Notant ensuite que "la route actuelle restera dangereuse quelles que soient les mesures de sécurisation qui seront prises", il a annoncé qu'un choix alternatif de voie sécurisée seront proposé avant le début juillet 2006. Il faudra ensuite entre 5 et 10 ans pour construire le nouvel axe de circulation

"L'étude effectuée par les 3 experts que j'ai mandaté après le dramatique éboulis du 24 mas indique qu'il n'existe pas de solution rapide garantissant qu'il n'y ait plus d'éboulis. Il faut être clair, le risque d'éboulement existe toujours et il ne va pas disparaître comme par enchantement" a souligné Dominique Perben, ministre des Transports, de l'Équipement, du Tourisme et de la Mer, dans la conférence de presse qu'il a tenu quelques heures après son arrivée à La Réunion. Avant cela il s'était rendu sur le chantier de la route du littoral où se poursuivent les travaux de purge et de sécurisation de la falaise ainsi que la réfection de la chaussée. Cette dernière a en effet été gravement endommagée par les 30 000 m3 de rochers qui se sont effondrés le 24 mars dernier. L'éboulis avait coût la vie à deux personnes.
Sur place Dominique Perben a longuement écouté les explications des experts du BRGM (bureau de recherches géologiques et minières), du laboratoire central des Ponts et Chaussées et de la direction départementale de l'Équipement. Le ministre a ensuite déjeuné avec les parlementaires, ainsi que les présidents des conseils général et régional.

Le préfet décidera

Il s'est refusé à tout commentaire avant la conférence de presse. C'est donc à ce moment là qu'il a annoncé "compte tenu des travaux de purge, de pose de filets et de remise en état, si une réouverture de la route devait intervenir elle ne pourrait se faire avant la fin de la semaine". La décision sera prise à l'issue de la réunion de la CARIP (cellule d'analyse des risques et d'information prévention) convoquée pour ce mercredi. L'instance réunit notamment le conseil régional, le conseil général ainsi que les communes de Saint-Denis et de la Possession. Dans un communiqué rendu public, le mercredi 5 avril, la préfecture avait précisé "seul un avis favorable de l'ensemble des collectivités, conformément à la demande du ministre des Transports et de l'Équipement, déterminera la réouverture aux véhicules légers". Questionné sur le sujet, Dominique Perben a été moins catégorique. Il a souligné que "la décision de réouverture sera prise par le préfet" et donc par l'État, seul compétent en la matière. "Nous avons voulu réunir la CARIP dans un esprit de concertation" a-t-il précisé.

"Assumer les risques"

"Si réouverture il y a" selon l'expression ministérielle, elle se fera "progressivement d'abord en 2 fois 1 voie, puis en 2 plus 1 voie. Quant à une réouverture en 4 voies c'est une autre affaire" a-t-il noté. Le ministre ne nie pas les risques encourus par les automobilistes bloqués sous en falaise menaçante dans les embouteillages générés par un axe à double sens de circulation (2 fois 1 voie). "Cela ne sera pas simple" a-t-il reconnu avant d'estimer qu'il "est nécessaire de faire un travail de régulation de la circulation. Il faut inciter nos concitoyens à faire du covoiturage pour limiter le trafic en heure de pointe".
Reste que quelles que soient les mesures de sécurisation mise en ?uvre, Dominique Perben l'a clairement souligné "la route actuelle restera dangereuse et toute personne qui l'empruntera devra assumer ces risques". Ce qui lui fait commenter: "on ne peut pas en rester là. Cela fait des années que l'on en parle, il est temps de tourner la page. Il faut faire très vite le choix alternatif d'une voie de circulation sécurisée et cela à une échéance humaine acceptable". En avance d'un an sur le calendrier adopté lors du débat public sur les déplacements, "nous serons en capacité dès le début juillet 2006 de proposer un choix" de construction d'un nouvel axe de circulation. Une fois qu'un projet aura été choisi, le ministre a estimé que sa réalisation pourra se faire "dans 5 ou 10 ans". Les travaux coûteraient environ 1 milliard d'euros.

Priorités

À la question de savoir si la construction de cette infrastructure remettrait cause d'autres projets et notamment celui du tram - train, Dominique Perben a souligné "je ne suis pas ici pour entrer dans des positionnements politiques internes à La Réunion. Ce qui s'est passé le 24 mars est très grave, nous devons sortir de cette situation. Chacun prendra ses responsabilités et déterminera l'ordre de ses priorités".
Le ministre doit rejoindre Paris dans la soirée.
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