Comme dans les filiÚres de l'élevage, les producteurs de fruits et légumes veulent s'organiser afin de mieux se structurer. C'est désormais chose faite avec la création de l'association réunionnaise des organisations de producteurs de fruits et légumes (Arop-FL). Elle a été officiellement présentée ce mercredi 2 février 2011 au conseil général. Cette association compte à l'heure actuelle 9 groupements représentant prÚs de 500 exploitants, soit une production de 17 735 tonnes de fruits et légumes (sur une production totale sur l'ßle de prÚs de 80 000 tonnes). Son objectif est de fédérer "un maximum de producteurs de la filiÚre organisée", de créer des emplois, de professionnaliser le secteur et d'améliorer la qualité des produits locaux. Le tout, dans les 10 prochaines années. A terme, l'objectif est de créer une véritable interprofession regroupant producteurs, industriels et distributeurs.
PrÚs de 80 000 tonnes de fruits et légumes produits chaque année, un taux de couverture du marché local avoisinant les 70%, un volume d'exportation de 2 000 tonnes par an, un volume de produits transformés de 2 000 tonnes par an, tels sont les chiffres jugés "satisfaisants" de la filiÚre fruits et légumes à La Réunion. Le tout, "alors que la filiÚre est complÚtement inorganisée", rappelle Jean-Pierre Avril, président du pÎle de compétitivité Qualitropic. "Alors que les filiÚres bovine et laitiÚre se sont organisées depuis des dizaines d'années, la filiÚre fruits et légumes a toujours fonctionné de cette façon. Mais aujourd'hui, nous devons réagir et organiser la filiÚre", ajoute t-il.Cette évolution est notamment commandée par la volonté de "tendre vers l'autosuffisance alimentaire" sur l'ßle. "Sur le marché des fruits et légumes, il est évident que nous avons encore des marges de progression pour atteindre cet objectif", souligne Jean-Jacques Vlody, vice-président du Conseil général. Il insiste notamment sur la "nécessité de trouver des produits locaux dans les assiettes des restaurants collectifs".
Cette évolution se traduit par la création de l'Arop-FL, en 2009. C'est Joël Sorres, producteur de melons et de concombres à la Petite-Ile, qui a été désigné président de l'association. Cette derniÚre compte actuellement prÚs de 500 adhérents membres de 9 Organisations de Producteurs (OP) : SCA, Vivea, Sicatr, Anafruit, SCA Terre Bourbon, Fruits de La Réunion, SCA Ananas, APRFLDT et Vergers de La Réunion. Ces producteurs représentent prÚs de 17 000 tonnes de fruits et de légumes produits sur l'ßle, soit 20% de la production locale.
L'Arop-FL aura pour rÎle de permettre aux producteurs de fruits et légumes de "parler d'une seule voix" pour "promouvoir les produits locaux et leur qualité" auprÚs de leurs interlocuteurs, à savoir "les pouvoirs publics, les opérateurs économiques et les consommateurs". Pour ce faire, "la filiÚre doit se structurer", reconnaßt Joël Sorres. Cela passe par une professionnalisation des agriculteurs et des salariés, une amélioration des techniques de production et l'innovation. Et ce, afin "d'améliorer la qualité des produits".
Une fois cette structuration opĂ©rĂ©e, l'association devrait reprĂ©senter prĂšs de 850 producteurs, soit 45 000 tonnes des fruits et lĂ©gumes produits sur l'Ăźle. L'Arop-FL espĂšre Ă©galement crĂ©er de nouveaux emplois. "Une Ă©tude est en cours pour Ă©valuer le nombre d'emplois qui pourrait ĂȘtre crĂ©es dans les 10 annĂ©es qui viennent", prĂ©sice Jöel Sorres. L'organisation souhaite aussi conquĂ©rir des parts de marchĂ© sur l'importation mais aussi l'exportation. "Les marges sont considĂ©rables", martĂšle Jean-Pierre Avril qui rappelle qu'"aujourd'hui, nous n'arrivons pas Ă rĂ©pondre aux demandes de la MĂ©tropole et de l'Europe en fruits et lĂ©gumes". C'est le cas pour les letchis et les ananas Victoria.
Si les objectifs sont atteints, "la production augmentera et automatiquement les prix des produits vont baisser", estime Jean-Pierre Avril. Une baisse qui ne pourra réellement se faire que par la mise en place d'une interprofession. Ce qui est souhaité par les producteurs, les transformateurs et les distributeurs. Reste à le concrétiser. "Le plus dur est à venir", prévient Jean-Pierre Avril en évoquant cette interprofession. En effet, contrairement à la filiÚre bovine par exemple, la filiÚre fruits et légumes est beaucoup plus variée, ce qui rendra la dialogue plus difficile. "Pour l'heure, tout le monde est favorable à la mise en place de cette interprofession. Il faut maintenant passer aux actes", confie un professionnel du secteur.
Mounice Najafaly pour



