Le bateau de l'expédition Tara Océans est à La Réunion du mercredi 12 au vendredi 14 mai 2010, et sera à Mayotte à partir du 27 mai. L'expédition Tara Océans a quitté Lorient en septembre 2009 pour trois ans d'exploration à travers les océans et mers du globe. Apporter des réponses aux questions climatiques et approfondir les connaissances en biodiversité marine sont les objectifs scientiques de cette mission. Lionel Bigot rejoindra le bateau Tara à Mayotte, du 8 juin au 18 juin 2010. Spécialiste des communautés benthiques, les espèces vivantes dans les fonds marins, de récifs coralliens, le chercheur a accumulé de nombreuses expériences à Mayotte. Il travaille actuellement sur les bio-indicateurs de qualité de milieux. Pour ces raisons, il a été invité à prendre part de l'expédition sur cette partie de l'océan indien. Aujourd'hui ingénieur de recherche au laboratoire d'écologie marine (Ecomar) de l'université de La Réunion, Lionel Bigot est docteur en écologie marine. Il a été pendant 7 ans maître de conférence associé à l'université de La Réunion, avant d'être chef de projet pendant 10 ans en bureau d'étude spécialisé en environnement marin de littoral.
* Quelle va être votre mission principale, comment s'articule votre mission tout au long du séjour ?- Ma mission est double. En amont, j'ai participé avec l'équipe Tara à la préparation de la mission à Mayotte. Pour l'organisation, j'ai notamment fait les liens entre l'équipe de Tara, les institutions en charge de l'environnement marin à Mayotte (direction de l'agriculture et de la forêt). Il fallait aussi s'occuper des aspects réglementaires liés à l'application de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites). Nous avons demandé des autorisations à la Cites, car nous allons prélever des espèces particulières, les coraux, dans le cadre de nos recherches. Ma deuxième mission concerne la partie recherche. Je vais travailler sur la résilience des récifs coralliens et la biodiversité de ces milieux.
* En quoi consiste cette partie recherche ?
- Nous allons nous déplacer une semaine autour de Mayotte, dans le lagon. Sur chaque station, nous allons prélever des échantillons sur les récifs coralliens. Comment les récifs coralliens se restructurent face à des événements perturbateurs, comme un changement de température de l'eau par exemple. Avec David Obura, chercheur travaillant au Kenya, nous allons tenter d'apporter des éléments à cette question. Je vais aussi travailler sur la biodiversité du récifs de Mayotte, avec Francesca Benzoni, coordinatrice scientifique de l'expédition Tara, chargée de collecter des données sur la biodiversité des coraux. Sur ce thème, nous allons faire un inventaire d'espèces coralliennes sur chaque site où le bateau s'arrêtera. Nous pourrons ensuite les comparer à d'autres inventaires réalisés sur des environnements différents. Les études sur la biodiversité et la résillience des récifs coralliens s'inscrivent dans les objectifs généraux de Tara : approfondir les connaissances en biodiversité marine et sur les indicateurs du changement climatique. Tous les résultats vont ensuite constituer une gigantesque base de donnée accessible à tout public scientifique.
* Quel est l'intérêt de cette mission pour vous en tant qu'ingénieur de recherche au laboratoire Ecomar ?
- L'intérêt est tout d'abord d'intégrer une mission pluridisciplinaire qui s'inscrit dans un programme scientifique mondial. L'expédition Tara a cet objectif de pluridisciplinarité. En tant que chercheur, c'est très intéressant d'intégrer une équipe pluridisciplinaire. D'autres scientifiques travaillent sur d'autres sujets, comme la génétique, mais sur un même environnement. Tara donne cette opportunité aux scientifiques de travailler de manière collégiale. Travailler avec des chercheurs de hauts-niveaux est extrêmement intéressant. On apprend beaucoup en confrontant nos idées avec des chercheurs de haut niveau qui viennent de divers horizons. Il y a aura des spécialistes venus d'Australie, d'Italie, de Nouvelle-Calédonie... Pour le laboratoire Ecomar, cette mission s'inscrit dans un de ses axes de recherche actuelle: la résilience des récifs coralliens.
* Quelles peuvent être les difficultés concernant cette expédition ?
- La première difficulté a été d'ordre géopolitique. Le tracé du parcours a été adapté aux conditions géopolitiques. À cause des risques de pirateries dans le canal du Mozambique, l'expédition se restreint autour de Mayotte. Sinon, en tant que chercheur, nous avons toujours des appréhensions, surtout quand nous nous retrouvons avec une équipe composée de scientifiques aussi prestigieux. La mission va être courte mais intense. Il ne faut rien oublier. La météo peut nous poser des difficultés, car à Mayotte on est en période d'intersaison. Au niveau logistique, il faut bien gérer les échantillons. Très peu sont analysés sur le bateau, la majorité est envoyée dans des laboratoires en Australie, en Nouvelle-Calédonie, à Milan, à Monaco et en France... Enfin la difficulté est aussi pour chaque équipe d'être autonome pour la réussite d'une telle expédition pluridisciplinaire.