En déplacement en Guyane, Nicolas Sarkozy a apporté, ce jeudi 18 février 2010, son soutien à Marie-Luce Penchard, ministre de l'outremer. "J'ai confiance en elle" a-t-il lancé en faisant allusion à la polémique déclenchée, en outremer mais aussi en métropole, par les propos de la ministre, originaire de Guadeloupe, qui lors d'un meeting ce dimanche dans la ville des Abymes (Guadeloupe), a affirmé n'avoir "envie de servir qu'une population, la population guadeloupéenne".
" J'ai grande confiance en Marie-Luce Penchard. Je ne laisserai pas l'outremer ĂȘtre instrumentalisĂ© par un dĂ©bat national partisan " a dĂ©clarĂ© le PrĂ©sident de la RĂ©publique dans le discours qu'il a prononcĂ© ce jeudi en Guyane. Une maniĂšre claire pour le chef de l'Ătat d'apporter son soutien Ă sa ministre qui est au centre d'une grosse polĂ©mique, y compris dans les rangs de l'UMP. Nicolas Sarkozy a mĂȘme confiĂ© une nouvelle compĂ©tence Ă Marie-Luce Penchard. Elle aura dĂ©sormais un droit de veto sur la nomination des cadres de catĂ©gorie A de la fonction publique en outremer.PremiĂšre ministre de l'outre-mer d'origine ultramarine, Marie-Luce Penchard a créé ladite polĂ©mique en dĂ©clarant, lors d'un meeting ce dimanche en Guadeloupe " mĂȘme si je vis en mĂ©tropole, mon c?ur est ici, il restera ici et je n'ai envie de servir qu'une population, c'est la population guadeloupĂ©enne ". La ministre de l'Outre-mer a poursuivi en regrettant que l'enveloppe " de prĂšs de 500 millions d'euros (allouĂ©e) Ă l'outre-mer " aille Ă d'autres autres territoires. " Il y a des enjeux considĂ©rables, financiers (...) et cela me ferait mal de voir cette manne financiĂšre quitter la Guadeloupe au bĂ©nĂ©fice de la Guyane, au bĂ©nĂ©fice de La RĂ©union, au bĂ©nĂ©fice de la Martinique ".
Ces propos ont soulevé un tollé dans l'opinion publique et ont été dénoncés par la gauche à La Réunion ainsi qu'en métropole. Le PS a réclamé la démission de Marie-Luce Penchard du gouvernement, tandis que le parti communiste français a jugé ses déclarations " intolérables " et " dangereuses " parce que " porteuses d'une vision néfaste de mise en concurrence des territoires d'outre-mer ".
DĂ©nonciation Ă©galement Ă droite oĂč le dĂ©putĂ©-maire UMP de Saint-Denis, RenĂ©-Paul Victoria a jugĂ© la dĂ©claration " regrettable voire inadmissible ". Le dĂ©putĂ© UMP Patrick Balkany, pourtant proche de Nicolas Sarkozy, a pour sa part estimĂ©, mercredi, que Marie-Luce Penchard devrait ĂȘtre " virĂ©e " du gouvernement. " Je trouve que ces propos sont inadmissibles de la part d'un ministre de l'Outre-mer. Elle doit s'expliquer. On ne peut pas dire des choses pareilles, mĂȘme dans un meeting en Guadeloupe. Quand on est ministre de l'Outre-mer, on s'occupe des Français de l'outre-mer. On ne s'occupe pas uniquement de ceux de son dĂ©partement " a-t-il soulignĂ©.
âš" Je pense, aprĂšs de telles dĂ©clarations, qu'un minimum de sens des responsabilitĂ©s devrait conduire Mme Penchard Ă quitter le gouvernement pour se consacrer au seul dĂ©partement qui l'intĂ©resse ", a quant Ă lui dĂ©clarĂ© le dĂ©putĂ© de Seine-Saint-Denis du Nouveau Centre, alliĂ© Ă l'UMP, Jean-Christophe Lagarde. L'homme, qui est en charge des questions relatives Ă l'outre-mer pour son parti, " condamne trĂšs fermement ces propos indignes des responsabilitĂ©s que Mme Penchard occupe au gouvernement, et partage entiĂšrement l'indignation gĂ©nĂ©rale de tous les ultra-marins de l'Ăźle de La RĂ©union, de la Martinique et de la Guyane, qui savent dĂ©sormais qu'ils n'ont pas un ministre de l'Outre-mer pour les dĂ©fendre Ă Paris ".
Mercredi, le député-maire PS de Saint-Joseph, Patrick Lebreton, a interpellé François Fillon sur le sujet, lors des questions de l'Assemblée au gouvernement. Il a demandé de départ de la ministre. Le Premier ministre, lui a répondu en dénonçant le fait " d'extraire d'un discours une phrase pour tenter de jeter le discrédit sur la politique du gouvernement outre-mer. C'est contraire à l'esprit que je me fais de la démocratie ".
Marie-Luce Penchard a tentĂ© une explication de son attitude en dĂ©clarant, par voie de communiquĂ© " j'Ă©tais Ă un meeting et lorsque j'ai tenu ces propos j'ai trĂšs clairement indiquĂ© qu'il s'agissait d'un mandat Ă©lectif et que, en tant que GuadeloupĂ©enne, je ne voulais pas exercer un mandat Ă©lectif en dehors de mon dĂ©partement. C'est Ă ce titre que je voulais servir la Guadeloupe, mais servir la Guadeloupe ne veut pas dire que je mettais de cĂŽtĂ© ma fonction de ministre et je sais oĂč se trouve l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et oĂč se trouve ma mission de ministre ".
Son explication a visiblement du mal Ă convaincre y compris dans son propre camp politique.