30,7% des personnes natives des DOM et 40% des filles ou fils d'un natif des DOM ont déclaré avoir déjà subi des discriminations en France métropolitaine ces 5 dernières années. C'est ce qui ressort d'une enquête "trajectoires et origines" (TeO) menée par l'INSEE et l'INED (Institut national d'études démographiques) et publiée ce mardi 30 mars 2010. Il s'agit là de la première étude qui "dépasse le simple constat des discriminations pour étudier en détail le rôle des différents facteurs" (sexe, couleur de peau, niveau d'éducation etc.).
Selon cette étude, 14% des 22 000 personnes interrogées (toutes les origines confondues) ont déclaré avoir vécu des discriminations ces 5 dernières années quel que soit le motif. À noter que 40% des personnes se disant discriminées sont des immigrés ou fils d'immigrés.L'origine est le principal facteur de discrimination pour les personnes interrogées (37%). C'est le cas notamment de 73% des filles ou fils d'un natif des DOM. Suivent ensuite la couleur de peau (20%), le sexe (17%) et l'âge (12%). Par ailleurs, les déclarations de discrimination progressent avec le niveau d'étude : par rapport à un diplômé de l'enseignement professionnel court (CAP, BEP ou diplôme équivalent pour les immigrés), la probabilité est augmentée de 12 % pour les titulaires d'un baccalauréat (ou d'un diplôme équivalent), et de 39 % pour les détenteurs d'un diplôme supérieur. Le rapport indique que "non seulement l'instruction mène à une conscience plus aiguë des discriminations, mais un diplôme élevé conduit les minorités à accéder à des positions où elles sont peu représentées, et en conséquence, encore peu reconnues". Enfin, seules 13% des personnes qui déclarent avoir subi une discrimination ont entrepris une démarche auprès d'un commissariat, d'une association, d'un syndicat, ou de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité).
Les études basées sur l'origine ethnique ont toujours fait l'objet de polémiques et cette enquête n'a pas dérogé à la règle. En effet, lors de son lancement, la CNID a dû faire face à un levé de bouclier. Elle fut contrainte de retirer deux questions sur la couleur de peau. La parution de l'étude fait tout autant polémique. Sur le site du journal Le Monde par exemple, "l'objectivité de l'étude" est remise en cause. Certains font la distinction entre "sentiment de discrimination" et "discrimination avérée". D'autres parlent enfin de "victimisation" de la population immigrée.
L'étude TeO a été réalisée entre septembre 2008 et février 2009 par les enquêteurs de l'INSEE. Environ 22 000 personnes ont été interrogées. Elles sont nées entre 1948 et 1990 et vivent dans un ménage ordinaire en France métropolitaine en 2008. Pour les fils ou filles d'immigré ou d'une personne née dans un DOM, le champ représentatif de l'enquête est limité aux individus nés après 1958.
L'étude est téléchargeable en suivant ce lien : http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1504/publi_pdf1_466.pdf