Le procès du jeune homme accusé d’avoir participé à l’assassinat de Shana, 15 ans, s’achève ce lundi 10 novembre 2025 devant la cour d’assises des mineurs de Saint-Denis. Après trois jours d’audience éprouvants, l'avocate générale va requérir dans la matinée. Elle pourrait proposer au jury populaire la peine maximale encourue : 30 ans de réclusion criminelle, assortie de la levée de l’excuse de minorité (Photo rb/imazpress.com)
Depuis mercredi, la cour d’assises des mineurs a tenté de comprendre l’incompréhensible : comment une adolescente de 15 ans a pu être attirée dans un guet-apens par deux jeunes d'à peu près son âge, avant d’être rouée de coups et abandonnée dans l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds, à Saint-Pierre, en septembre 2023.
La première coaccusée, aujourd’hui âgée de 17 ans, a été condamnée en septembre dernier à 20 ans de réclusion criminelle par le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle. Restait à juger son compagnon de l’époque, âgé de 16 ans au moment des faits, devenu majeur depuis et qui fêtera ses 19 ans aujourd'hui même.
Tout au long du procès, le jeune homme est apparu fermé, les bras croisés, s’exprimant peu sauf pour répondre à certaines questions de la cour et des avocats. Ni excuses ni larmes. Son attitude glaçante a bouleversé la cour autant qu’elle a ravivé la colère des proches de Shana. “Il n’a rien expliqué, rien regretté”, confiait le père de la victime, Michaël Alicalapa, qui n’a manqué aucune audience.
- Des parents dignes et d’un courage bouleversant -
Chaque jour, la mère et le père de Shana ont affronté la cour avec une dignité exemplaire. Ils ont écouté les enquêteurs du STPJ, les experts, les psychiatres et les témoins évoquer la violence de cette nuit tragique et la personnalité de l’accusé. Tous deux ont quitté la salle lors du récit des constatations médicales, avant de revenir affronter la parole froide du jeune homme. “Nous voulons juste la vérité et la justice pour notre fille”, poursuit le père de la jeune victime, soutenue par l’Arajufa tout au long du procès.
Lors de ses réquisitions, la procureure générale va rappeler la gravité exceptionnelle des faits : une adolescente battue à mort gratuitement dans des circonstances qui dépassent l'entendement par deux jeunes de quasi son âge. Un crime qui n’est pas un dérapage mais semble avoir été planifié, prémédité et d’une brutalité inouïe.
Le parquet général pourrait donc proposer la peine de 30 ans de réclusion criminelle et demander aux jurés de lever l’excuse de minorité, considérant que la maturité du jeune homme au moment des faits, sa participation active au guet-apens et son absence totale d’empathie justifient cette décision.
- Lever l’excuse de minorité : une mesure exceptionnelle -
L’excuse de minorité permet à un accusé mineur au moment des faits de bénéficier d’une réduction de peine, en principe divisée par deux. Mais la cour peut la lever si elle estime que la personnalité, la maturité et la conscience du mineur étaient telles qu’il doive répondre de ses actes comme un adulte.
C’est une mesure rare, réservée aux crimes d’une extrême gravité et aux comportements démontrant une absence totale de discernement moral. Si les jurés suivent la demande du ministère public, l’accusé pourrait être condamné à la peine maximum possible à son âge.
Après les réquisitions du parquet, Me Soizic Panefieu, avocate de la défense, va plaider pour son client, évoquant son âge, son parcours de vie et "ses troubles posychologiques" ainsi qu'elle a pu le confier à la presse lors de la suspension de l'audience criminelle vendredi soir dernier.
Le verdict est attendu en fin d’après-midi.
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