Saint-Benoît : un pompier condamné pour non assistance à personne en danger après un malaise mortel

  • Publié le 28 novembre 2025 à 16:38
  • Actualisé le 28 novembre 2025 à 16:51
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Un chef d’agrès de 56 ans a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour ne pas avoir fait arrêter son camion alors qu’un homme faisait un malaise cardiaque à quelques mètres de la caserne en juin 2023 à Saint-Benoit (Photo Sly/www.imazpress.com)

Claude-François B., pompier professionnel depuis 1991, était jugé ce vendredi 28 novembre 2025 devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis pour non assistance à personne en danger. Le 15 juin 2023, il quitte la caserne de Beaulieu, à Saint-Benoît, pour intervenir sur un accident de la route lorsqu’il passe à côté d’un homme allongé au sol. À ses côtés, une femme téléphone au SAMU et fait de grands gestes vers le véhicule de secours. L’homme, Jonathan S., est en train de faire un malaise cardiaque. Il décèdera trois jours plus tard.

Le camion ralentit. À l’intérieur, l’un des pompiers, conducteur du véhicule de secours, indique au chef d’agrès qu’il s’agit d’une personne "coutumière des crises". Claude-François B. donne l’ordre de poursuivre la route. Le second camion n’arrivera que quinze minutes plus tard. Une expertise établira que le décès est dû à un arrêt cardiaque, et que le retard de prise en charge a aggravé les chances de survie de la victime.

- À la barre, un pompier qui se dit « seul à assumer » -

Face au tribunal, le prévenu affirme avoir agi en une seconde, concentré sur l’accident pour lequel il était mobilisé. "Je n’ai pas vu l’homme au sol moi-même", explique-t-il. "Le conducteur m’a dit qu’il connaissait monsieur S. et qu’il faisait souvent des crises. J’ai pris une mauvaise décision, mais je n’aurais pas dû être le seul poursuivi. Celui qui conduit a le visuel, et s’il a réellement vu un danger, il aurait dû s’arrêter malgré tout."

Il déplore aussi l’absence de soutien de sa hiérarchie : le SDIS lui a refusé la protection fonctionnelle, l’obligeant à financer seul sa défense. "Je suis un enfant du SDIS. C’est comme si on pensait que j’avais voulu attenter à la vie de quelqu’un", confie-t-il, très ému.

La présidente de la juridiction rappelle que "la mort de la victime ne lui est pas reprochée", mais souligne qu’il aurait pu, au minimum, alerter immédiatement ses collègues par radio.

 - Une carrière sans tache mais une faute pour la partie civile -

L’homme est aujourd’hui chef de garde au centre de secours de Saint-Philippe. Il avait été suspendu quatre mois dans le cadre d’une procédure administrative annulée par le tribunal administratif, son avocate, la bâtonnière Léopoldine Settama, dénonçant un "acharnement".

Pour la partie civile, représentée par Me Jean-Jacques Morel, l’analyse est tout autre : "C’est une faute professionnelle. Un pompier doit s’arrêter, vérifier, alerter, secourir. C’est la base."

Le parquet relève l’organisation militaire du service : le conducteur observe, le chef d’agrès décide. "C’est lui seul qui commande", rappelle la procureure, qui requiert un an de prison avec sursis, soulignant tout de même un casier vierge et une carrière irréprochable.

 - Une condamnation atténuée par le tribunal -

La défense juge les réquisitions disproportionnées. "On est très loin d’un homicide involontaire", plaide Me Settama, estimant que les conditions légales de connaissance du péril n’étaient pas réunies. Elle demande la relaxe.

Le tribunal tranche : huit mois de prison avec sursis. La condamnation ne sera pas inscrite au casier judiciaire.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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