Un simple litige de 975 euros a mené à un incendie criminel à Sainte-Suzanne, dans la nuit du 10 juin 2024. Trois hommes ont été jugés ce vendredi 29 août 2025 devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis. Le garage ELD Dépannage, lourdement touché, chiffre ses pertes à plus de 700.000 euros (Photo rb/www.imazpress.com).
Un différend de 975 euros aurait pu virer au drame. À Sainte-Suzanne, dans la nuit du 10 juin 2024, un garage et plusieurs véhicules ont été incendiés. Plus d’un an après, ce vendredi 29 août 2025, trois hommes ont comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis. Le procès a mis en lumière une vengeance disproportionnée, des responsabilités croisées et des préjudices chiffrés à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Le gérant d’ELD Dépannage n’en revient toujours pas : « s’il devait y avoir un incendie à chaque fois qu’il y a un impayé, l’île de La Réunion serait dévastée », tonne son avocat Me Guillaume Mayer. Le préjudice est colossal : trois dépanneuses détruites, pour 425.000 euros, et un bâtiment endommagé à hauteur de 275.000 euros. L’assurance n’a pas tout couvert, et l’activité a été paralysée.
- Deux silhouettes encapuchonnées escaladent le mur du garage -
Pourtant, à l’origine, tout part d’un simple litige. Dominique S., 53 ans, estime avoir été floué de 975 euros. Au lieu de saisir la justice, il choisit de se venger. Le 10 juin 2024, peu avant 23 heures, deux silhouettes encapuchonnées escaladent le mur du garage. Un bidon d’essence, une vitre brisée à coups de marteau, puis les flammes. L’incendie se propage vite à des véhicules stationnés.
Derrière Dominique S., deux jeunes : Christopher D., 21 ans, son beau-fils, et Mathieu M., 26 ans. Le premier reconnaît avoir suivi son beau-père, sans réfléchir : « je pensais qu’il s’agissait juste d’un vol », plaide-t-il. Le second, contacté vers 22 heures ce soir-là , assure n’avoir compris qu’au dernier moment la nature de la mission. « Il n’y a pas eu de désistement, il n’a jamais reculé », tranche la procureure Véronique Denizot.
Les enquêteurs ont vite relié la voiture de Dominique S. aux faits : garée devant son lieu de travail, elle contenait encore le bidon d’essence. Des appels téléphoniques et la géolocalisation du portable de Mathieu M. ont fini de les confondre.
- "Sa dignité professionnelle a été bafouée"-
À la barre, les défenseurs tentent d’atténuer la responsabilité de leurs clients. Me Valérie Yen-Pon décrit Christopher D. comme un jeune « influençable, manipulé par son beau-père ». Me Fabian Gorce, conseil de Mathieu M., insiste : « il ne peut être sanctionné pour ce qui ne s’est pas produit, le feu est resté circonscrit au garage ».
Face à eux, Me George-André Hoarau, bâtonnier, choisit une autre stratégie pour défendre Dominique S. : « Mon client a été humilié. Il a travaillé en pleine nuit pour le gérant, et n’a pas été payé. C’est sa dignité professionnelle qui a été bafouée ».
La procureure dénonce un « dessein criminel », fruit d’une « colère mal gérée », et s’étonne des propos « hallucinants » tenus par Dominique S. à l’audience. Son casier est pourtant vierge, contrairement à Christopher D., déjà condamné à plusieurs reprises pour violences et extorsions.
Le tribunal tranche : trois ans de prison pour chacun assorti de sursis probatoire différents. Ainsi, Dominique S. écope de 15 mois ferme, Christopher D. d' un an ferme et Mathieu M. de deux ans ferme. Des peines que les magistrats n'ont pas choisi d'aménager.
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Pourquoi ne pas publier les noms des personnes, la chose étant jugée, il n'y a plus de présomption d'innocence et il n'y a pas d'appel (en tout cas, ce n'est pas dit dans l'article) ?