Manifestation

50 ans aprĂšs la loi Veil, les anti-IVG "marchent pour la vie"

  • PubliĂ© le 19 janvier 2025 Ă  19:41
  • ActualisĂ© le 19 janvier 2025 Ă  19:56
Des opposants Ă  l'avortement manifestent dans le cadre de la "marche pour la vie", le 19 janvier 2025 Ă  Paris

Cinquante ans aprÚs la loi Veil, plusieurs milliers d'opposants à l'avortement manifestent dimanche à Paris dans le cadre de la "marche pour la vie" qui vise aussi à dénoncer la volonté de relancer le débat parlementaire sur la loi portant sur la fin de vie.

"IVG, ça suffit, nous marchons pour la vie", "euthanasie, loi du mépris": entonnant ces mots d'ordre, le cortÚge de cette manifestation, à l'initiative de militants s'inscrivant dans les rangs catholiques conservateurs, est partie à 14H00 de la place du Trocadéro, dans l'ouest de la capitale.

La manifestation est organisĂ©e chaque annĂ©e autour de l'anniversaire de la loi portĂ©e par Simone Veil relative Ă  l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et promulguĂ©e le 17 janvier 1975.

"C'est une marche pour le droit à vivre pour montrer que le débat est toujours ouvert en France, pour que les Francais se questionnent sur les convictions qui sont défendues ici", a dit à l'AFP, Sophie, 23 ans, qui comme les autres manifestants interrogés n'a pas souhaité révéler son patronyme.

"Depuis que c'est entrĂ© dans la Constitution, ça nous inquiĂšte beaucoup. Aujourd'hui, c'est une possibilitĂ© (l'IVG), demain on sera peut-ĂȘtre des criminels de refuser d'accepter la Constitution", s'est alarmĂ© Jean, un Parisien de 38 ans.

S'exprimant sur un podium au-dessus duquel une banderole proclamait "50 ans de dĂ©fense de la vie" et oĂč Ă©tait barrĂ© d'un trait "50 ans de dĂ©faites politiques", le prĂ©sident de la Marche pour la vie, Nicolas Tardy-Joubert a affirmĂ© ne pas avoir "peur de dire que l'avortement est la premiĂšre cause de mortalitĂ© en France pour l'espĂšce humaine".

"Cette année 2025 est trÚs spéciale. Il y a 50 ans, la loi Veil qui dépénalisait l'avortement a été promulguée. Cette loi a causé de lourdes pertes humaines et entraßné la mort et l'exclusion de plus de 10 millions de bébés de la société française", a-t-il lancé à la foule avant que celle-ci ne respecte une minute de silence.

Selon les derniers chiffres officiels, 243.623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8.600 de plus que l'année précédente.

Si les rÚgles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si "la liberté garantie à la femme" de recourir à l'IVG a été inscrite en 2024 dans la Constitution, les associations féministes s'alarment d'un droit toujours "fragile" et font état "d'attaques réguliÚres" de ses opposants.

-"Changement de civilisation"-

Outre l'opposition Ă  l'IVG, les organisateurs de la "marche pour la vie" rĂ©clament comme l'an dernier une Ă©chographie obligatoire dĂšs la sixiĂšme semaine de grossesse, permettant d'"entendre battre le cƓur du fƓtus", ou encore un dĂ©lai de rĂ©flexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent Ă©galement Ă  "encourager l’accouchement sous X" et Ă  dĂ©fendre "le droit absolu Ă  l’objection de conscience des personnels de santĂ© et protĂ©ger la clause de conscience spĂ©cifique."

Autre sujet Ă©galement Ă  l'ordre du jour de la manifestation, le rejet de toute "lĂ©galisation du suicide assistĂ© et de l’euthanasie" et l'appel Ă  "un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles" Ă  tous.

"N'oublions pas les menaces sur la fin de vie avec les nouvelles propositions de loi qui pourraient ĂȘtre Ă©tudiĂ©es dans les semaines Ă  venir", met en garde Nicolas Tardy-Joubert

"Je pense que ce serait vraiment un changement de civilisation si on acceptait l'euthanasie. C'est une façon individualiste de voir les choses", a abondé dans le cortÚge, Maylis, 54 ans, venue des Yvelines.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, avec de strictes conditions et sans employer ces termes, préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Dans sa déclaration de politique générale mardi, le Premier ministre, François Bayrou, ne s'est pas prononcé sur ce sujet sensible, ni sur le délai d'examen ni sur le fond, renvoyant le texte "au pouvoir d'initiative" du Parlement.

AFP

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