Deux agents tués

Attaque d'un fourgon pénitentiaire: l'enquête avance, les actions devant les prisons continuent

  • Publié le 16 mai 2024 à 18:27
  • Actualisé le 16 mai 2024 à 18:41

L'enquête avance pour retrouver le commando qui a attaqué un fourgon pénitentiaire, tuant deux agents et en blessant trois autres pour faire évader un multirécidiviste, a assuré Gérald Darmanin jeudi, alors que des agents pénitentiaires en colère bloquaient de nouveau les prisons.

"350 enquêteurs" sont mobilisés sur la piste des auteurs de l'attaque sanglante et du détenu en fuite, Mohamed Amra et "ils avancent très bien" dans leurs investigations, a affirmé le ministre de l'Intérieur sur France 2.

Une perquisition a eu lieu mercredi à Evreux (Eure) dans le cadre de cette enquête, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP, sans plus de précisions.

La traque s'organise aussi au-delà des frontières, avec une "notice rouge" émise par Interpol à la demande des autorités françaises pour localiser l'évadé au cas où ce dernier serait parvenu à quitter le pays.

Le casier judiciaire de Mohamed Amra, 30 ans, porte 13 mentions. Il était détenu depuis janvier 2022 à la maison d'arrêt d'Evreux en exécution de plusieurs peines, notamment pour extorsion et violence avec arme.

Selon une source proche du dossier, il est aussi impliqué dans des trafics de stupéfiants, soupçonné d'avoir commandité des meurtres liés à ces trafics.

Choqués par le meurtre de deux de leurs collègues, abattus mardi matin dans le guet-apens au péage d'Incarville (Eure), les agents pénitentiaires ont décidé de reconduire jeudi le mouvement de blocage des établissements entamé la veille, pour "maintenir la pression" sur le gouvernement.

A Caen, une quarantaine d'agents étaient rassemblés vers 6H30 devant le centre pénitentiaire, où étaient basées les victimes. A Caen-Ifs, un autre établissement à l'autre bout de la ville, près de 70 agents faisaient brûler des pneus et les visages restaient fermés, marqués par le deuil et la fatigue.

Leurs représentants syndicaux ont été reçus mercredi à Paris par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui a pris plusieurs engagements. Mais ils voulaient un accord écrit, qui a leur été transmis jeudi matin.

- "Accueil mitigé" -

"L'accueil des annonces est mitigé localement, ça ne semble pas suffisant pour l'instant et nous sommes méfiants", a estimé Loïc Boyer, responsable du syndicat FO justice à Caen.

Ce "relevé de décisions" prévoit notamment de doter les agents d'armes longues, en plus des actuelles armes de poing, lors des transferts et de limiter les extractions les plus dangereuses, en ayant recours à la visioconférence ou au déplacement des magistrats en prison.

Pour Ludovic Motheron, responsable CGT pénitentiaire en Nouvelle-Aquitaine, il n'y a encore "rien de concret". "Ils nous ont promis quelques petits trucs pour essayer de faire baisser un peu la pression" mais rien d'immédiat, et au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan (Landes), "on a durci le mouvement", a-t-il déclaré.

"Tous les établissements sont bloqués" en Provence-Alpes-Côte-d'Azur avec juste un "service minimum" assuré, d'après Jessy Zagari, délégué régional FO.

"Les collègues sont en train d'étudier le relevé de propositions et si c'est acté, on remballe, mais pour l'instant beaucoup d'établissements voudraient plutôt voir rajouter des points et mesures supplémentaires", a-t-il dit.

Le petit village normand d'Incarville, secoué mardi par l'attaque mortelle organisée par le commando lourdement armé à la barrière de péage sur l'autoroute A13, organise jeudi à 18H00 un hommage aux deux agents tués, un moment de "recueillement silencieux" sans discours, selon le maire, interrogé par l'hebdomadaire local La Dépêche de Louviers.

De son côté, le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, doit se rendre en fin d'après-midi à la brigade de gendarmerie de Louviers (Eure), voisine d'Incarville, pour s'entretenir avec les fonctionnaires "intervenus en premier sur les lieux de l'embuscade meurtrière du péage".

Des vidéos de cette attaque spectaculaire ont été diffusées sur les réseaux sociaux et Gérald Darmanin a fait savoir qu'il avait saisi la justice pour qu'elle enquête sur la fuite de ces images.

 AFP

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