Virage sécuritaire

14 juillet : Borne interdit les rassemblements et la vente de mortiers d'artifice

  • PubliĂ© le 9 juillet 2023 Ă  12:10
  • ActualisĂ© le 9 juillet 2023 Ă  15:13
Des piétons sur les Champs-Elysées, le 2 juillet 2023 à Paris

Rassemblements interdits, mortiers d'artifice prohibés et "moyens massifs" promis pour le 14-Juillet: le gouvernement poursuit son virage sécuritaire pour montrer coûte que coûte qu'il reprend la main aprÚs les émeutes.

"Les moyens seront massifs pour protéger les Français" les 13 et 14 juillet, affirme samedi la PremiÚre ministre Elisabeth Borne dans un entretien au Parisien, alors que l'exécutif craint un nouvel embrasement dans les cités.

Un décret, publié dimanche, interdira en outre la "vente", le "port" et le "transport de mortiers d'artifice", fréquemment utilisés par les émeutiers, annonce la cheffe du gouvernement. "Seuls les professionnels, qui organiseront les feux d'artifice dans les communes, pourront en acheter".

Concernant d'Ă©ventuelles sanctions pour les familles de jeunes auteurs de violences, la PremiĂšre ministre prĂ©vient que l'exĂ©cutif "fera Ă©voluer la loi (...) si le cadre lĂ©gal existant n’est pas suffisant".

Le gouvernement réfléchit en l'occurrence à une amende spécifique pour les mineurs, sur le modÚle de l'amende forfaitaire pour les adultes quand ils commettent de tels actes. "C'est rapide et efficace", souligne Elisabeth Borne.

Depuis les violences qui ont suivi la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrÎle routier, Emmanuel Macron a érigé le rétablissement d'un "ordre durable" en priorité absolue.

Les rassemblements en mĂ©moire d'Adama TraorĂ©, dĂ©cĂ©dĂ© peu aprĂšs son arrestation par des gendarmes en juillet 2016, ont ainsi Ă©tĂ© interdits dans le Val-d'Oise et Ă  Paris, ce qui n'a pas empĂȘchĂ© 2.000 personnes de se rassembler dans le calme samedi aprĂšs-midi dans la capitale.

- "Pente autoritaire" -

La France insoumise et les écologistes ont déploré ces interdictions qui placent la France "au ban des démocraties".
"D'interdiction en répression, de Pétain à Valeurs actuelles, le chef de l'arc républicain entraßne la France dans un régime déjà vu. Danger. Danger", a tweeté le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

"Petit Ă  petit les libertĂ©s publiques perdent du terrain (...) Ne plus pouvoir manifester contre un pouvoir, c’est en accepter le discours (...) LĂ  est la pente autoritaire", a abondĂ© Sandrine Rousseau, prĂ©sente, malgrĂ© l'interdiction, au rassemblement parisien en mĂ©moire d'Adama TraorĂ©. Une dizaine de dĂ©putĂ©s insoumis et Ă©cologistes avaient Ă©galement fait le dĂ©placement.

Sur le plan judiciaire, les émeutes qui ont secoué la France ont donné lieu à 3.734 gardes à vue dont prÚs de 400 incarcérations, a-t-on appris vendredi du ministÚre de la Justice. Parmi ces gardés à vue, 1.163 étaient des mineurs.

"Emmanuel Macron doit impérativement montrer aux Français que toutes les mesures sont prises", relÚve à l'AFP le politologue Bruno CautrÚs.

"Si les violences repartent cet été, l'effet sera trÚs négatif pour le gouvernement. Il faut un été calme pour pouvoir repartir sur des réformes à partir de la rentrée", a-t-il ajouté.

Elisabeth Borne a notamment réaffirmé samedi l'objectif de "débattre d'un texte à l'automne" sur l'immigration, relevant que les concertations avaient été "suspendues" en raison des émeutes.

A plus long terme, "sur le plan de la sécurité, l'exécutif ne doit pas laisser le champ libre à la droite radicale", relÚve Bruno CautrÚs.

Augmentation des places de prison, majoritĂ© pĂ©nale Ă  16 ans, responsabilitĂ© pĂ©nale parentale: pendant les violences qui ont suivi le dĂ©cĂšs de Nahel, plusieurs Ă©lus Les RĂ©publicains, dont le prĂ©sident du parti Éric Ciotti et le patron des sĂ©nateurs Bruno Retailleau, ont formulĂ© des propositions parfois en phase avec l’extrĂȘme droite.

"Le gouvernement ne veut clairement pas se laisser dépasser par la droite, quitte à flirter parfois avec les limites du cadre juridique", souligne la constitutionnaliste Anne-CharlÚne Bezzina, de l'Université de Rouen. "Au risque de recevoir de nouvelles mises en garde de la part de certains juges, des instances de protection des libertés en France et à l'international".

Dans la foulée des émeutes, un comité de l'ONU a dénoncé "l'usage excessif de la force par les forces de l'ordre". Des propos contestés samedi par Paris qui les juge "excessifs" et "infondés".

AFP

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