Ira ? Ira pas ? L'exécutif accélère lundi avec la présentation de textes budgétaires et environnementaux, mais il est surtout attendu sur la question brûlante d'une réforme des retraites qui divise la majorité.
La Première ministre Elisabeth Borne devrait donner le ton en début de matinée sur BFMTV, juste avant un Conseil des ministres chargé: au menu, les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023.
Mais aussi un projet de loi sur les énergies renouvelables qu'Emmanuel Macron entend développer "deux fois plus vite", en accélérant les procédures d'enquêtes publiques et de recours, en particulier pour les éoliennes en mer et pour les panneaux solaires, que le gouvernement veut voir fleurir sur les parkings, les bords d’autoroutes et les terres agricoles.
Le PLF sera "un budget de protection", a fait valoir dimanche le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, dimanche dans le JDD, mettant en avant notamment "le bouclier tarifaire" pour limiter à 15% la hausse des factures de gaz et d'électricité pour les Français.
De quoi mieux limiter que dans d'autres pays européens l'explosion des prix due en partie à la guerre en Ukraine. Mais cela ne devrait pas suffire pour trouver des alliés sur les bancs de l'opposition, au point que Gabriel Attal a jugé "probable" in fine le recours à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption de textes sans vote.
Quant au budget de la Sécurité sociale, le gouvernement, dans son projet de loi de financement consulté par l'AFP, table sur un déficit ramené à quelque 6,8 milliards d'euros, en nette amélioration par rapport à 2022. Mais avec un déficit de la branche vieillesse repartant à la hausse, rendant indispensable selon le gouvernement d'allonger la durée du travail.
- "Pas aux pièces" -
"Oui, nous ferons la réforme des retraites", a promis dimanche M. Attal, comme le ministre chargé des Relations avec le parlement Franck Riester mais sans préciser le calendrier, le contenu (recul de l'âge légal ou allongement de la durée de cotisation?).
Et surtout, sans exclure un amendement au PLFSS qui pourrait faire l'objet d'un 49.3 mais qui fait bondir jusque dans les rangs de la majorité.
"Tout est sur la table", a assuré Franck Riester, l'amendement au PLFSS restant "une hypothèse crédible", selon lui au même titre qu'un "projet ad hoc".
"On n'est pas aux pièces", a rétorqué l'allié du Modem François Bayrou, appelant à se donner "trois ou quatre mois". Et rappelant sa mise en garde au moment de la crise des "gilets jaunes": "on ne gouverne pas contre le peuple".
Signe de tension, l'entourage d'Emmanuel Macron a annoncé vendredi une réunion cette semaine entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne avec les chefs de la majorité et les ministres concernés.
Quoi qu'il en soit, "décidons vite", a exhorté samedi l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.
Syndicats et oppositions sont vent debout contre une réforme éclair, y compris LR, qui juge pourtant indispensable de réformer les retraites.
- "Déclaration de guerre" -
Un amendement au PLFSS "serait une déclaration de guerre", a lancé dimanche le député LFI Manuel Bompard.
LFI et le RN ont promis des motions de censure et le RN votera pour d'autres motions, "quelle que soit leur origine", a dit Marine Le Pen.
Pour faire tomber le gouvernement, il faudrait toutefois une très large coalition des oppositions, incluant LR, pour l'heure improbable.
Outre les retraites, plusieurs points du budget promettent des discussions animées au Parlement.
La Nupes et le RN font notamment pression en faveur d'une taxe sur les "superprofits", face à une majorité divisée sur la question.
Les collectivités, confrontées à des factures énergétiques qui explosent, seront un autre "point très chaud" des débats, selon le rapporteur général du Budget Jean-René Cazeneuve.
En plus du PLF et du PLFSS, le gouvernement doit aussi présenter lundi son projet de loi de programmation des finances publiques pour le quinquennat.
Dans un avis rendu dimanche, le Haut Conseil de finances publiques (HCFP) a jugé "peu ambitieuse" et "particulièrement fragile" la trajectoire envisagée pour ramener le déficit de 5% à 2,9% d'ici 2027.
Il juge aussi la prévision de croissance de 1% du gouvernement pour 2023 "un peu élevée".
© AFP