En Savoie

Chantier du Lyon-Turin : 3.000 à 5.000 manifestants contre la ligne ferroviaire, brèves échauffourées

  • Publié le 17 juin 2023 à 18:18
  • Actualisé le 17 juin 2023 à 19:09

De brèves échauffourées ont eu lieu samedi peu après le départ de la manifestation contre la ligne ferroviaire grande vitesse Lyon-Turin, qui rassemble près de 5.000 manifestants écologistes selon les organisateurs - plus de 3.000 selon les autorités - dans la vallée de la Maurienne (Savoie).

Vers 15H00, quelques manifestants ont lancé des pierre contre les forces de l'ordre près de Saint Rémy-de-Maurienne, a constaté l'AFP sur place, hors de de la zone d'interdiction délimitée par la préfecture de Savoie.

"Usage de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre pour maintenir les manifestants hostiles à distance à la suite de jets de projectiles", a indiqué la gendarmerie à l'AFP.

Des protestataires ont ensuite envahi la voie ferrée à proximité, a aussi constaté l'AFP, alors que la circulation des trains a été stoppée en raison de la situation en début d'après-midi, selon la SNCF.

Le cortège s'était ébranlé dans le calme en milieu de journée à l'appel d'une dizaine d'organisations, dont les Soulèvements de la Terre, menacés de dissolution par le ministère de l'Intérieur, et les No-Tav italiens, mobilisés contre un chantier "pharaonique" jugé "néfaste" pour l'environnement, la biodiversité et les ressources en eau.

Le départ de cette manifestation non déclarée s'est fait depuis la commune voisine de La Chapelle, située hors du périmètre d'interdiction préfectorale.

"Notre nombre est un signal politique (...) il y a quelques jours, les pro Lyon-Turin se sont réunis, ils étaient seulement 100, nous sommes des milliers à dire que nous voulons l'arrêt de ce projet inutile", a déclaré la cheffe parlementaire LFI Mathilde Panot, présente dans le cortège avec plusieurs élus Verts et LFI, avant les incidents.

- Esprit "non-violent" -

"Il n’y avait pas de raisons de ne pas autoriser cette manifestation dès lors qu'elle est dans un esprit non violent et nous on prônera toujours des logiques de non violences", a pour sa part souligné la sénatrice EELV Fabienne Grebert.

Avec un groupe d'élus, la sénatrice a essayé de négocier le parcours avec les autorités pour "aller un peu plus loin", alors que les manifestants patientaient sous un soleil torride sur une petite route à proximité de Saint-Rémy-de-Maurienne. Les échauffourées sont intervenues après ces négociations, selon l'AFP sur place.

Les arrêtés d'interdiction pris par la préfecture de Savoie sur neuf communes de la vallée ont été confirmés pour des raisons de sécurité par le tribunal administratif de Grenoble, selon une source au ministère de l'Intérieur.

Les forces de l'ordre redoutent surtout des actions coups de poing de petits groupes réfractaires, selon une source policière. Au moins une trentaine "d'étrangers sous interdiction administrative du territoire ont été interpellés et remis aux Italiens" , selon la préfecture de Savoie.

Cinq bus de militants italiens, soit environ 280 personnes, sont aussi restés bloqués à la frontière, a constaté un correspondant de l'AFP sur place.

"C’est quand même assez scandaleux, drôle que l’Etat et le gouvernement décident de s’attaquer à un mouvement, à des militants écologistes, à des paysans, à des syndicats alors qu’aujourd’hui il faudrait vraiment s’attaquer à toutes les industries, à tous ceux qui détruisent le vivant, qui sont en train de nous faire crever de chaud", a souligné Pina, la porte-parole des Soulèvements de la terre, lors des prises de parole.

- "Moment historique" -

"Aujourd’hui c’est un moment historique dans cette vallée (…) il y a énormément de monde venu de toute la France, de l’Italie voire même de Suisse", s'est réjoui Philippe Delhomme, ancien élu local qui milite depuis des années au sein de l'association "Vivre et agir en Maurienne (VAM)".

Soutenue par l'Union européenne, la nouvelle ligne doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie, et un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse. Coût évalué: plus de 26 milliards d'euros.

Les partisans du projet mettent en avant la nécessité de réduire le flux de poids lourds, en constante augmentation, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ils invoquent aussi le développement économique que permettra selon eux une ligne ferrovaire plus rapide .

Les opposants, eux, font valoir qu'une ligne existe déjà et que le fret ferroviaire n'a cessé de baisser ces dernières années. Ils dénoncent aussi les impacts écologiques de ce chantier "ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins". Selon eux, les travaux ont déjà tari plusieurs sources et captages dans la vallée.

AFP

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