Réunion en Chine

Climat: bataille politique sur le calendrier du prochain rapport du Giec

  • Publié le 24 février 2025 à 06:57
  • Actualisé le 24 février 2025 à 07:08
Photo prise depuis un pont à Kawasaki au Japon d'une colonne de fumée dans une zone industrielle, le 24 janvier 2022

Le Giec, les experts climatiques mandatés par l'ONU, se réunit à partir de lundi en Chine, pour faire adopter, par les représentants des pays du monde, le calendrier et le contenu de ses travaux scientifiques, derrière lesquels se joue un véritable bras de fer géopolitique.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), créé en 1988 pour informer les décideurs politiques, vient d'entamer le 7e cycle de ses travaux.

Celui-ci doit déboucher d'ici 2029 sur un grand rapport de référence, composé de volumineuses évaluations intermédiaires et de rapports thématiques.

A quel rythme et pour quel contenu? C'est ce que doivent décider les pays lors de cette réunion qui se tient jusqu'au 28 février à Hangzhou, dans un contexte marqué par les deux années les plus chaudes jamais enregistrées et par le retrait annoncé des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat.

L'enjeu est de savoir si les trois parties principales du rapport final - couvrant la science physique, les impacts climatiques et les solutions pour réduire les niveaux de gaz à effet de serre - peuvent être produites assez rapidement pour servir de base scientifique au "bilan mondial" de l'ONU Climat en 2028.

Ce bilan, établi tous les cinq ans pour analyser les efforts de l'humanité pour respecter l'accord de Paris, est un document clé des négociations climatiques annuelles.

- "Crédibilité et intégrité" -

Le premier bilan, en 2023, dressait un constat sévère du retard pris par l'humanité pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, censées baisser de 43% entre 2019 et 2030 mais pas encore en déclin.

En réponse, la COP28 de Dubaï fin 2023 s'était conclue par un engagement sans précédent à une "transition" vers la sortie des énergies fossiles, malgré d'importantes concessions à l'industrie et aux pays producteurs.

De nombreux pays riches et les nations en développement les plus exposées, notamment les petits Etats insulaires, sont favorables à un calendrier accéléré mais se heurtent aux objections de certains producteurs de pétrole ou grands pollueurs dont les émissions augmentent, tels que l'Inde et la Chine.

Pour la Coalition pour la haute ambition, qui regroupe des pays européens et des pays climatiquement vulnérables, fonder le "bilan mondial" de 2028 sur de solides données scientifiques actualisées constitue un élément crucial du respect de l'accord de Paris conclu en 2015.

Selon sa déclaration publiée samedi, la rupture de ce lien "compromettrait la crédibilité et l'intégrité" de cet accord, qui vise à contenir le réchauffement bien en-dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C.

Mais la Chine, l'Arabie saoudite, la Russie et l'Inde font partie des pays qui ont jugé le calendrier proposé trop précipité, selon le compte-rendu des sessions précédentes établi par l'Institut international du développement durable.

- Contexte géopolitique -

Des observateurs craignent que la session en Chine ne soit la dernière chance de trouver un accord.

"Je pense que la raison pour laquelle les discussions ont été si acharnées est la situation actuelle: la pression géopolitique, la charge financière des impacts du changement climatique et de la transition vers l'abandon des énergies fossiles ", a déclaré une source proche des discussions.

Selon la dernière synthèse du Giec, début 2023, le monde est en route pour franchir au début des années 2030 le seuil de réchauffement à long terme de 1,5°C.

Mais des études récentes suggèrent que cette étape pourrait être franchie avant la fin de cette décennie.

Le 7e cycle du Giec prévoit aussi des publications thématiques.

Un rapport, très attendu, portera sur "le changement climatique et les villes", où vit plus de la moitié de l'humanité. Il est prévu pour 2027.

Le Giec doit aussi produire un document inédit sur les méthodes, balbutiantes et critiquées, de captage et stockage du CO2. Et une méthodologie pour mieux évaluer les émissions et l'impact des polluants à courte durée de vie (méthane, oxyde d’azote et particules), moins bien maîtrisés que le CO2 alors qu'ils jouent un rôle majeur dans le réchauffement.

AFP

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3 Commentaires
Gimi974
Gimi974
7 mois

LE GIEC 🫣
Est un organisme de privations de libertés qui se garde bien de vous dire par exemple que la seule éruption du Mont Sainte-Helen en 1984 aux USA a recraché autant de CO2 que l'humanité depuis ses origines. Cela n’engage que moi mais je m’obstine à dire que pour exister, le GIEC doit impérativement émettre une émission à effet paniquant.

Philippe Bonato
Philippe Bonato
7 mois

Pas d'accord avec Gimi974. Le GIEC est un lanceur d'alerte, il ne me prive de rien. L'humanité fonce dans le mur.

Gimi974
Gimi974
7 mois

1) Le GIEC a un intérêt au catastrophisme. C’est tout simplement la garantie de soutiens financiers. Imaginons que le GIEC nous dise : « Et bien non çà va ! Ça a l’air de s’arranger ! ».

2)Trop de pointures sur le sujet manifestent leur désaccord aux rapports du GIEC et m’orientent par conséquent vers une éternelle interrogation ?
A l’exemple des opposants :
AUZOLLE Jean-François (Ingénieur)
ALLÈGRE Claude (Géochimiste DCD)
BECHADE Philippe (Analyste technique et arbitragiste)
GERONDEAU Christian (Ingénieur polytechnicien)
GERVAIS François (Physicien- Ex directeur d’un labo du CNRS et rédacteur au GIEC)
RITTAUD Benoît (Enseignant chercheur en mathématiques)
CLOSER John (Lauréat du prix Nobel de Physique 2022)
ABERKANE Idriss (Conférencier - Doctorat en science de gestion)
BECHADE Philippe (Analyste financier)
HUSSON Daniel (Physicien)
KOONIN Steven (Physicien et professeur)
NI POUR / NI CONTRE :
VERRECCHIA Éric (Professeur émérite de Biogéochimie - Géographe-physicien - Géologue - Spécialiste du carbone)

3)Quant aux participants du GIEC, peuvent-ils m’expliquer comment convaincre la Chine ou l’Inde d’interdire à sa population de se chauffer par un autre moyen moins couteux que le charbon ?