Le coronavirus empĂȘche le public d'aller au spectacle, mais il n'empĂȘche pas le spectacle de venir au-devant de son public, jusque dans les quartiers populaires de Rome, oĂč des artistes investissent les cours d'immeubles et font rire et danser les habitants installĂ©s aux balcons.
Samedi soir, la petite troupe du spectacle "Sous le mĂȘme ciel" s'est installĂ©e dans la cour partagĂ©e d'un grand ensemble d'habitations populaires du quartier de San Basilio, dans le nord-est de Rome.
Quelques jours plus tĂŽt, c'est au Corviale, une des plus longues barres d'immeubles d'Europe, qu'ils avaient jouĂ© devant les fenĂȘtres ouvertes d'habitants heureux de s'Ă©vader pendant une heure tout en respectant les rĂšgles du confinement. "C'est un spectacle trĂšs populaire. On a un DJ, moi je joue des chansons pour les faire danser, mĂȘme depuis leur fenĂȘtre", explique Ă l'AFPTV Andrea Casta, la "star" du groupe, qui a dĂ©jĂ fait entendre son violon Ă©lectrique au Stade Olympique de la capitale italienne un soir de Lazio Rome-Inter Milan.
"On alterne avec le cabaret, avec un comique. On a aussi invité un chanteur du quartier. C'est un espace ouvert et on va continuer à aller dans les banlieues de Rome et dans les autres villes", assure-t-il. "Avoir les gens du peuple au balcon, c'est mieux que de voir aux balcons des théùtres les riches, ceux qui ont la possibilité de vivre plus facilement cette situation. D'ailleurs, on ne va pas dans leurs quartiers, on va seulement dans les quartiers populaires", explique de son cÎté Antonio Giuliani, un humoriste bien connu des Romains.
- "Un beau moment" -
Dans la cour, quelques personnes dansent et tapent des mains, visages masquĂ©s. Mais le vrai spectacle est dans les Ă©tages, Ă chaque fenĂȘtre, oĂč les gens du quartier chantent, sourient, rient aux blagues, agitent leurs tĂ©lĂ©phones portables lumiĂšre allumĂ©e et en redemandent. "Les enfants ne peuvent pas sortir de la maison. Parfois on les fait quand mĂȘme un peu descendre avec les masques. Mais ça c'est un beau moment, un moment pour tous, tout le monde s'amuse.
C'est une quelque chose de beau, parfois nous aussi on a quelque chose de sympa", résume Adriano Sindaco, qui a profité du show avec sa fille Giada. "Ces circonstances nous unissent, elles ne nous divisent pas. Souvent il y a de l'isolement mais là on se réunit", ajoute Anarita Napoli, la bouche couverte d'un masque.
"En temps normal, tout le monde veut sortir pour aller au théùtre, au pub, écouter un artiste. En ce moment, ils ne peuvent pas sortir donc on leur amÚne le spectacle à domicile", explique Andrea Casta.
Son collĂšgue Antonio Sindaco espĂšre ne pas avoir Ă faire tourner "Sous le mĂȘme ciel" dans trop de quartiers: "Cela voudra dire qu'on est guĂ©ris, qu'il n'y a plus ce virus et qu'on revient Ă la vie normale", explique-t-il. "Ou alors on continuera, mais avec les gens cette fois Ă un ou deux mĂštres et dehors. Toujours gratuitement et pour les quartiers de Rome", conclut-il.
AFP



