Le campement de Forceval, dans le nord-est de Paris, où se rassemblent une centaine de consommateurs de crack depuis un an, a commencé à être démantelé mercredi par la police, avec l'objectif affiché d'empêcher sa reconstitution ailleurs dans la capitale.
L'objectif est ambitieux. Depuis plus de deux ans, les consommateurs de crack ont été déplacés à plusieurs reprises au gré de la colère des riverains. Longtemps, ils ont erré Place Stalingrad. Puis, ils ont été déplacés par la préfecture de police de Paris dans un parc, non loin, avant d'être dirigés près du périphérique, square Forceval (XIXe arrondissement). Un endroit plus à l'écart, entre la Seine-Saint-Denis et Paris. Un mur, vite baptisé le "mur de la honte", y a même été érigé.
Chaque fois, le même scénario: plainte des riverains, déplacement des consommateurs de crack, plainte des riverains, nouveau déplacement... La désintoxication de ces consommateurs est extrêmement difficile compte tenu du caractère très addictif de cette drogue, un dérivé fumable de la cocaïne, baptisé "drogue du pauvre" en raison de son coût (10 euros la dose).
"Sur mon instruction, le préfet de police procède au démantèlement définitif du +campement du crack+ du square Forceval. 1.000 policiers seront déployés afin que ce campement ne se reconstitue pas ailleurs", a tweeté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au moment où les forces de l'ordre entraient dans le camp, comme l'a constaté une journaliste de l'AFP.
Peu avant 07H00 (9H00 à La Réunion), un important dispositif policier s'est déployé autour du campement, en présence du nouveau préfet de police de Paris, Laurent Nunez, et du préfet de la région Ile-de-France, Marc Guillaume.
"Au total, près de 1.000 policiers seront mobilisés sur 24h, à la fois pour mener à bien l’opération, mais également les jours suivants pour sécuriser les différents secteurs stratégiques et ainsi éviter la reconstitution d’un autre point de fixation", a-t-on expliqué au ministère de l'Intérieur.
Gérald Darmanin a "donné comme instruction qu’aucun campement de ce type ne doit se reconstituer ailleurs", a-t-on ajouté. Le ministère a souligné que cette opération était "inédite puisque le phénomène du crack touche le nord-est parisien depuis plusieurs dizaines d’années".
La Place Beauvau a précisé que "les personnes recherchées seront interpellées, tout comme les étrangers en situation irrégulière qui seront placés en CRA (Centre de rétention administrative, ndlr) en vue de leur expulsion". "Les autres occupants seront orientés vers des dispositifs d’hébergement avec accompagnement médico-social ou dans des unités de soins".
- "Un an" pour l'éradiquer -
La problématique du crack figure dans la feuille de route confiée par Gérald Darmanin au nouveau préfet de police. Laurent Nuñez dispose d'"un an" pour l'éradiquer. Le 25 septembre, il avait promis que le site fermerait.
Un an plus tôt, la préfecture de police de Paris avait décidé de déplacer sur ce site sans aucun abri des consommateurs de crack qui se concentrent dans le nord-est parisien depuis une trentaine d'années. Leur arrivée a fortement perturbé la sécurité publique des quartiers alentour, provoquant manifestations et recours en justice pour exiger l'évacuation du campement.
D'après les acteurs associatifs, entre 300 et 400 personnes la journée et 150 la nuit, dont 35 à 40% de femmes, étaient présents dans ce square. Les dealers y vendaient les cailloux (dose de crack) au milieu des consommateurs.
Situé aux confins du XIXe arrondissement de Paris, le square est bordé par le périphérique, une zone événementielle grillagée et un grand rond-point menant au quartier populaire des Quatre-Chemins, à cheval entre les communes de Pantin et d'Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.
Depuis un an, les habitants de ce quartier et de celui de la Villette à Paris n'ont eu de cesse de se plaindre des agressions, vols et autres nuisances engendrés par l'installation des consommateurs de crack.
Le 24 septembre, à la date anniversaire de leur déplacement, 500 manifestants avaient défilé dans les rues de Pantin et Aubervilliers pour dénoncer un "laisser-faire" des autorités et exiger l'évacuation du campement.
© AFP