La Chambre régionale des comptes (CRC) de La Réunion a été saisie par le préfet concernant la situation financière de l'aéroport de Pierrefonds (Saint-Pierre). Elle constate que "le compte administratif 2024 du syndicat mixte fait apparaître un déficit égal à 108 % des recettes de la section de fonctionnement". La CRC précise, le "budget primitif 2025 et le budget supplémentaire 2025 ne comprennent pas de mesures permettant de résorber le déficit du compte" et recommande de prendre des mesures nécessaires de redressement budgétaire sur trois années (2026 à 2028) (Photo : sly/www.imazpress.com)
La Chambre régionale des comptes (CRC) demande à l’établissement d’adopter une décision budgétaire modificative pour corriger les anomalies relevées dans le budget supplémentaire 2025.
Elle rappelle "que le comité syndical devra adopter son prochain compte administratif 2025 avant le vote du budget primitif 2026, et que le budget primitif 2026 sera transmis à la chambre régionale des comptes par le préfet".
- Le préfet de La Réunion saisit la CRC pour l'aéroport de Pierrefonds -
Le 27 novembre 2025, le préfet de La Réunion a saisi la chambre régionale des comptes de La Réunion au motif que "le compte administratif 2024 du syndicat mixte de Pierrefonds présente un déficit consolidé supérieur à 10 % des recettes totales de fonctionnement et que le budget supplémentaire 2025 du syndicat mixte n’a pas été voté en équilibre réel".
Cette saisine, "est appuyée des documents nécessaires et est motivée dès lors qu’elle mentionne un taux de déficit de 110 % des recettes de la section de fonctionnement, supérieur à celui de 10 % mentionné à l’article L. 1612-14 ; que, par suite, elle doit être déclarée recevable à compter de cette date".
La CRC qui précise, "lorsque l’arrêté des comptes des collectivités territoriales fait apparaître dans l’exécution du budget, après vérification de la sincérité des inscriptions de recettes et de dépenses, un déficit égal ou supérieur à 10 % des recettes de la section de fonctionnement, la chambre régionale des comptes, saisie par le représentant de l’État, propose à la collectivité territoriale les mesures nécessaires au rétablissement de l’équilibre budgétaire, dans le délai d’un mois à compter de cette saisine".
- Des anomalies dans les comptes du syndicat mixte et un déficit de plus de 5 millions d'euros -
Dans le cadre du contrôle des comptes et de la gestion du syndicat mixte dont les observations ont été publiées sur le site internet de la chambre le 21 novembre 2025, "la chambre a pu identifier plusieurs anomalies dans les comptes du syndicat mixte, portant notamment sur l’absence de fiabilité des comptes, l’insincérité de certaines recettes, et le recours à l’emprunt pour financer le fonctionnement courant".
La CRC note : "le compte de gestion transmis par le comptable public et le compte administratif sont discordants ; que le résultat de clôture de l’exercice 2023 diverge entre les deux documents, pour un montant de 115 202 euros, ce qui a une incidence sur le résultat de clôture 2024 ; que ce résultat de clôture de l’exercice 2023 s’élève à 4 206 726 euros dans le compte de gestion transmis par le comptable public, alors que le compte administratif 2024 retient un résultat de clôture de l’exercice 2023 de 4 091 524 euros ; que le résultat de clôture a été corrigé dans le budget supplémentaire 2025 pour concorder avec la comptabilité tenue par le comptable public ; que par suite, il convient de retenir les résultats figurant dans le compte de gestion, soit un report de 147 221 euros pour la section de fonctionnement et de 4 059 505 euros pour la section d’investissement (4 206 726 € au global)".
L'’état des "restes à payer transmis par le comptable public fait état d’un montant de 2 576 717 euros à la date du 28 novembre 2025 ; que, dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire ouverte le 25 février 2025 par le tribunal mixte de commerce de Saint-Pierre à l’égard du syndicat mixte, un état des dettes fournisseurs a été établi en septembre 2025 par un mandataire judiciaire, lequel recense 5 839 892 euros de dettes échues ; qu’aux termes d’un rapprochement des deux documents et de leur analyse partagée avec l’ordonnateur, il y a lieu de rajouter un montant de 3 263 058 euros dans la comptabilité du syndicat mixte ; que des crédits correspondants devront être inscrits dans le budget primitif 2026 et ventilés par chapitre selon la nature des dépenses".
La Chambre conclut : "le déficit de clôture de l’exercice 2024, comprenant les restes à réaliser, s’établit à 2 579 390 euros ; que ce déficit, qui représente 108 % des recettes de la section de fonctionnement". Au titre du résultat de clôture de l’exercice 2024, "de retenir un déficit de 5 476 338 euros pour la section de fonctionnement et un excédent de 4 016 611 euros pour la section d’investissement, soit un déficit global de 1 459 727 euros".
- Un plan de redressement financier sur trois ans -
La chambre invite le syndicat mixte à mandater toutes les dépenses ayant été précédemment engagées et liquidées ; "que le syndicat mixte doit émettre tous les mandats correspondant aux dépenses dont le service fait a été réalisé ; qu’un montant de 3 263 058 euros correspondant aux factures non honorées devra être inscrit dans les charges du budget primitif 2026 et ventilé selon la nature des dépenses, dont 2 422 903 euros en section de fonctionnement et 840 155 euros en section d’investissement ; qu’un montant de 1 678 158 euros de crédits supplémentaires doit être inscrit en 2026 au chapitre 012 « charges de personnel » ainsi qu’un montant de 744 745 euros au chapitre 011 « charges à caractère général".
Le syndicat mixte doit rechercher tous les moyens de réduire sa masse salariale, "et qu’il dispose encore d’une réelle marge de manœuvre, notamment en développant la polyvalence de ses salariés, avec une prévision d’effectifs de 25 salariés en cas d’absence de reprise de l’activité de transport commercial de passagers".
La Chambre recommande une "baisse des charges générales, notamment s’agissant des services de sûreté aéroportuaire ainsi que de la location de matériel ; que, dès lors, les charges générales doivent être ramenées à 2,6 millions d'euros en 2026, hors charges non comptabilisées des exercices précédents, et à 2,2 millions en 2027".
La Chambre régionale des comptes qui précise : "eu égard à l’importance du déficit à résorber, de l’absence de marges de manœuvre sur les dépenses de fonctionnement en 2025, et du niveau d’avancement de l’exercice budgétaire en cours, le rétablissement de l’équilibre budgétaire ne peut être envisagé sur un seul exercice ; que compte tenu des incertitudes pesant sur l’activité de transport commercial de passagers soulignées dans les observations définitives de la chambre, de la procédure en cours de redressement judiciaire ouverte par le tribunal mixte de commerce de Saint-Pierre, il y a lieu, en l’absence d’éléments probants, de privilégier un plan de redressement de trois ans, reposant sur un scénario d’activité minimale".
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Comment un aéroport peut dégager de l'argent quand toutes les lignes ne fonctionnent plus. Et pourtant, pour aller à Maurice ou à Rodrigues entre autres, ce serait tellement bien pour les gens du sud! Qu'on commence à sérieusement s'occuper du président du syndicat qui ne fait rien et bloque tout. Mais peut-être est-il trop occupé à essayer de défendre sa place à la mairie du Tampon ? Et il aurait raison, car ça grogne et une (bonne) surprise attend peut-être les tamponnais en Mars prochain !