Dans l'eau en France, un polluant éternel presque partout, le TFA

  • PubliĂ© le 3 dĂ©cembre 2025 Ă  20:45
  • ActualisĂ© le 4 dĂ©cembre 2025 Ă  05:11
PDes mesures des "polluants Ă©ternels" de la famille des PFAS par l'État confirment les craintes que suscite l'un de ces composĂ©s chimiques, le TFA, prĂ©sent presque partout en France dans l'eau, y compris du robinet

Des mesures des "polluants Ă©ternels" de la famille des PFAS par l'État confirment les craintes que suscite l'un de ces composĂ©s chimiques, le TFA, prĂ©sent presque partout en France dans l'eau, y compris du robinet, comme le craignaient des associations environnementales.

L'Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire (Anses) a rĂ©vĂ©lĂ© mercredi que l'acide trifluoroacĂ©tique (de formule chimique CF₃COOH) Ă©tait prĂ©sent dans 92% des eaux analysĂ©es.

Ce chiffre provient de prélÚvements dans 647 échantillons d'eau brute (cours d'eau, mares, lacs, eaux souterraines, puits, etc.) et 627 d'eau du robinet, sur tout le territoire, en métropole et Outre-mer.

"Nous Ă©tions un peu seuls, avec nos modestes moyens, Ă  dĂ©noncer ce problĂšme", a affirmĂ© Ă  l'AFP François Veillerette, le porte-parole de l'association GĂ©nĂ©rations futures, qui avait dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© des mesures de moindre ampleur. "Il est clair que l'alerte que nous avions lancĂ©e Ă©tait justifiĂ©e. Les chiffres de l'Anses sont mĂȘme pires que les nĂŽtres".

Le TFA est un composĂ© qui, selon plusieurs Ă©tudes, est nocif pour le foie et la fertilitĂ© et fait courir aux fƓtus le risque de malformations.

UtilisĂ© par les industries pharmaceutique ou agrochimique, il est extrĂȘmement persistant dans l'environnement, mobile et capable de contaminer largement toute la chaĂźne alimentaire, solides comme liquides, et les organismes.

En tant que "PFAS Ă  chaĂźne courte", c'est-Ă -dire avec peu d'atomes de carbone, ce qui en fait une molĂ©cule trĂšs petite, il est extrĂȘmement difficile Ă  extraire lors du traitement de l'eau et pratiquement indestructible.

Il n'y a aucune obligation Ă  ce jour de mesurer sa concentration dans l'eau du robinet.

L'Anses a recherché dans l'eau la présence de 35 PFAS différents. Les 34 autres sont moins fréquents, le plus répandu ensuite étant l'acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS), trouvé dans 27% des échantillons.

- "Le problĂšme est mondial" -

La concentration médiane en TFA est de 0,81 microgramme par litre d'eau et elle grimpe jusqu'à 20 microgrammes aux alentours de l'usine de TFA de Solvay à Salindres (Gard). Celle-ci a produit du TFA pendant plus de 40 ans, jusqu'en 2024.

L'Anses relÚve que la concentration la plus forte reste trois fois inférieure à la "valeur sanitaire indicative" retenue par le ministÚre de la Santé, en l'absence de réglementation actuellement, de 60 microgrammes par litre d'eau.

Mais, relĂšve le porte-parole de GĂ©nĂ©rations futures, "cette valeur indicative est extrĂȘmement Ă©levĂ©e, alignĂ©e sur l'Allemagne, alors que les Pays-Bas par exemple ont choisi 2,2 microgrammes".

L'Union européenne doit trancher en 2026 sur des seuils harmonisés.

Le TFA provient de multiples sources industrielles, entre autres la décomposition dans l'atmosphÚre des gaz fluorés employés pour la réfrigération et les rejets des fabricants d'un herbicide, le flufénacet.

"Ces retombées atmosphériques vont impacter directement et rapidement les eaux de surface, que ce soit les cours d'eau ou les plans d'eau, et vont donc entraßner une présence généralisée" de TFA, a expliqué à la presse Xavier Dauchy, un chimiste du laboratoire de l'Anses à Nancy qui a produit ces résultats.

"Il peut y avoir des émissions directes par des sites qui synthétisent le TFA. Il peut y avoir des émissions [...] par des sites qui utilisent le TFA", a-t-il ajouté.

D'aprÚs Générations futures, cette pollution ne devrait faire qu'empirer.

"Les quantitĂ©s vont augmenter puisque les sources de ce PFAS, de loin le plus rĂ©pandu, restent les mĂȘmes. Sur les gaz fluorĂ©s, on ne contrĂŽle rien: le problĂšme est mondial. Sur les pesticides fluorĂ©s, la France doit agir sur son territoire. C'est que nous demandons depuis des annĂ©es", a expliquĂ© Ă  l'AFP M. Veillerette.

AFP

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