Brésil

Emeutes de Brasilia: un an après, Lula célèbre la démocratie

  • Publié le 8 janvier 2024 à 11:53
  • Actualisé le 8 janvier 2024 à 12:00

"Démocratie inébranlable": sous ce mot d'ordre, Lula préside lundi le premier anniversaire des attaques de sympathisants d'extrême droite contre les sièges des institutions brésiliennes, une "tentative de coup d'Etat" qu'il attribue à son prédécesseur Jair Bolsonaro, visé par une enquête.

Revenu l'an dernier à la présidence, le dirigeant de gauche Luiz Inacio Lula da Silva compte exalter "l'union" nationale lors d'une cérémonie prévue au Parlement à Brasilia, en présence de responsables des principales institutions.

Le 8 janvier 2023, une semaine après son investiture pour un troisième mandat, des milliers de manifestants avaient envahi la place des Trois pouvoirs au coeur de Brasilia, capitale fondée en 1960 et ville-monument moderniste édifiée par l'architecte brésilien Oscar Niemeyer.

Contestant la défaite de leur champion au scrutin d'octobre 2022, des partisans bolsonaristes avaient attaqué les bâtiments de la présidence, du Congrès et de la Cour suprême, réclamant une intervention militaire. Mobilier, oeuvres d'art: les dégâts furent colossaux.

"Je crois qu'il y a un responsable direct, qui a planifié tout cela et qui, lâchement, est allé se cacher en quittant Brasilia avant: l'ex-président de la République", a déclaré Lula vendredi au média brésilien Metropoles.

M. Bolsonaro, qui était aux Etats-Unis le jour des attaques, "est parti et il a laissé ses subordonnés accomplir" ce qu'il avait lui-même voulu, a-t-il accusé.

Le leader de la droite et de l'extrême droite, au pouvoir de 2019 à 2022, est visé par une enquête de la justice comme possible instigateur de ces assauts.

Une trentaine d'émeutiers ont déjà été condamnés pour divers crimes, dont tentative de coup d'Etat, à des peines allant jusqu'à 17 ans de prison.

- "Piège de la gauche" -

Durant les mois précédant l'élection, M. Bolsonaro n'avait cessé de dénigrer sans preuves le système de vote électronique, instillant un soupçon de fraude relayé à l'envi par ses alliés, ce qui lui a valu en juin huit ans d'inéligibilité pour diffusion de fausses informations.

Mais il se défend toujours de toute responsabilité dans les attaques.

Les manifestants se sont rendus à Brasilia à l'appel de "réseaux sociaux qui ne sont pas les nôtres" pour une action que nous "condamnons depuis le début", a-t-il affirmé samedi sur CNN Brasil.

"Cela n'a jamais été le comportement de gens de droite (...). C'était un piège lancé par la gauche", a-t-il assuré, niant toute tentative de putsch et dénonçant une manipulation.

Les attaques du 8 janvier, qui ont rappelé l'assaut du Capitole un an plus tôt à Washington par des partisans de Donald Trump (un modèle politique pour Jair Bolsonaro), ont été le point d'orgue de tensions exacerbées au Brésil.

Depuis lors, un climat plus apaisé et policé s'est installé dans le débat public, même si une polarisation aux airs de "guerre culturelle" perdure sur les grands sujets de société, du port d'arme à l'avortement.

- Restaurations -

Lula présidera cet anniversaire solennel depuis le Salon noir, une vaste salle de réception du Congrès qui avait été saccagée par les manifestants.

Si gouvernement, responsables du Parlement, magistrats de la Cour suprême et autres chefs militaires doivent assister à la cérémonie, l'absence annoncée de certaines figures de droite montre que "l'union" vantée par Lula est encore loin.

C'est le cas notamment du puissant gouverneur de Sao Paulo, Tarcisio Freitas, ex-ministre de M. Bolsonaro souvent présenté comme présidentiable: il a fait savoir qu'il était en vacances en Europe.

Quelque 2.000 policiers seront déployés lundi autour des lieux de pouvoir à Brasilia, même si les autorités ne s'attendent pas à des manifestations importantes.

La cérémonie sera chargée en symboles, avec la présentation d'oeuvres d'art qui avaient subi la rage des manifestants et ont depuis été restaurées.

Sera présentée ainsi une tapisserie de l'artiste et paysagiste brésilien Roberto Burle Marx, qui avait été arrachée d'un mur du Sénat et vandalisée.

Volée au siège de la Cour suprême, une réplique de la Constitution de 1988 - le texte que le pays s'était donné pour tourner la page de la dictature militaire (1964-1985) - sera également restituée.

 AFP

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