Le ministère de l'Intérieur a dévoilé l'Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple pour l'année 2022 ce samedi 2 septembre 2023. Sur 145 morts violentes recensées, les femmes sont les principales victimes. 118 ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint l'année dernière, un chiffre quasi stable comparé à 2021 (photo : sly/www.imazpress.com)
Comme en 2021, un décès était enregistré tous les deux jours et demi en moyenne l'année dernière. 87% des faits ont été commis au domicile du couple, de la victime ou de l'auteur.
On compte aussi 366 tentatives d'homicide au sein du couple sur un total de 3.486 tentatives, soit 10% de l'ensemble des tentatives d'homicide volontaire. En 2021, ce taux était à 7% (251 tentatives d'homicide au sein du couple sur 3.354 tentatives).
Sur les collectivités d'outre-mer enregistrant au moins un décès en 2022, La Réunion et La Guyane sont les plus concernées comptant chacune deux victimes féminines et une masculine avec la Nouvelle-Calédonie qui enregistre trois victimes féminines.
- Les femmes premières victimes -
D'après le rapport publié ce samedi, 118 féminicides ont été recensés sur le territoire français soit quatre de moins que l'année précédente. Elles restent sans surprise les plus touchées par les violences au sein du couple.
Cette étude est d'ailleurs publiée deux jours après le meurtre à la machette d'une policière en pleine rue dans un village de Savoie. Son ancien mari, interpellé vendredi, a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour "assassinat".
La semaine dernière, un homme suspecté d'avoir tué son amante le 26 août dans le Val-de-Marne a été écroué pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le mis en cause était déjà connu pour des faits de violences conjugales.
Les femmes représentent 81% du total des victimes de morts violentes au sein du couple en 2022 (145 personnes dont 118 femmes et 27 hommes) contre 85% en 2021, une part stable depuis 2006.
Le nombre d'hommes victimes s'élève à 27 contre 21 en 2021. De plus, 12 enfants sont également décédés dans la sphère familiale.
"Le profil type de la victime est très majoritairement féminin, le plus souvent de nationalité française, âgée de 30 à 49 ans et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle" détaille le ministère de l'Intérieur.
"Le profil type de l’auteur n’a pas changé. Il est majoritairement masculin, le plus souvent en couple, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle" est-il ajouté.
La dispute (26%) et le refus de la séparation (23%) demeurent les principaux mobiles du passage à l’acte.
Dans un tiers des cas, des violences avaient été signalées au sein du couple. Seules 4 des victimes bénéficiaient de dispositifs de protection connus des forces de l'ordre.
"31 % des femmes victimes avaient déjà subi des violences antérieures. 65 % de celles-ci avaient signalé ces violences antérieures aux forces de sécurité intérieure et, parmi elles, 79 % avaient déposé une plainte antérieure. Seuls deux auteurs étaient sous contrôle judiciaire et une victime s’était vu remettre un téléphone grave danger. Une victime masculine faisait l’objet d’une ordonnance de protection" détaille le rapport.
"Certaines femmes tuées avaient déjà signalé des faits de violence: il y a eu des failles dans la réponse judiciaire, pas assez de mesures de protection ou de suivi, beaucoup trop de plaintes sont classées sans suite. Les sanctions sont insuffisantes au regard des violences subies", a réagi Françoise Brié, directrice de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), association qui gère le numéro d'appel 3919.
"Le manque d’investigations cause souvent les classements sans suite. Autrement dit, la police n’enquête pas et l’État laisse les femmes être tuées", renchérit l'avocate Violaine De Filippis, porte-parole d’Osez le féminisme et autrice de "Classées sans suite" qui sort en septembre.
"Les chiffres stables montrent que les efforts ne sont pas suffisants pour prévenir les violences et protéger les femmes victimes. Il faut en faire une priorité, comme ce fut le cas en 2020", a réagi Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes à l'AFP.
À noter que 38 interventions des forces de sécurité intérieur sont faites par heure en Hexagone et Outre-mer pour violences conjugales.
Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter le 3919, le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. Des conseillers sont disponibles 24h/24. La Réunion est le quatrième département français en matière de violences intrafamiliales. Deux femmes ont été tuées par leur compagnon à La Réunion cette année, 54 féminicides ont été recensés ces 15 dernières années.
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