Justice

Enfant français jeté du Tate Modern de Londres: le suspect plaide coupable

  • Publié le 6 décembre 2019 à 22:19
  • Actualisé le 7 décembre 2019 à 07:44

Un jeune Britannique accusé d'avoir jeté un garçon français de six ans du haut du célèbre musée Tate Modern de Londres, le blessant grièvement, a plaidé coupable de tentative de meurtre vendredi devant la justice britannique, qui prononcera sa peine le 17 février.

Ce délai doit permettre de poursuivre l'évaluation de l'état psychiatrique de l'accusé, a précisé le président lors d'une brève audience à la Cour criminelle de l'Old Bailey de Londres, lors de laquelle Jonty Bravery, 17 ans lors des faits mais désormais majeur, a comparu par vidéoconférence. Cheveux et barbes hirsutes, le jeune homme répondait par des "oui" sonores aux questions, semblant absent à d'autres instants. Invité à confirmer sa nationalité, il a répondu "Britannique blanc".

Maintenu en détention, le jeune homme est hospitalisé dans un établissement spécialisé depuis le mois d'octobre. Selon une expertise évoquée vendredi à l'audience, il présente des troubles du spectre de l'autisme, des troubles obsessionnels compulsifs et "vraisemblablement" des troubles de la personnalité.

L'enfant, qui visitait Londres avec sa famille, avait été poussé le 4 août d'une plateforme d'observation du 10e étage du musée d'art moderne. Il avait atterri sur un toit du cinquième étage, une trentaine de mètres plus bas. Il a subi une hémorragie cérébrale et de multiples fractures, à la colonne vertébrale, aux jambes et aux bras. Le suspect avait été arrêté après avoir été cerné par des membres du public en attendant l'arrivée de la police.

Après plusieurs semaines à Londres, le petit garçon a pu être rapatrié en France mi-septembre. Dans une déclaration transmise vendredi par Scotland Yard, sa famille a indiqué que l'état de l'enfant, qui n'a toujours pas retrouvé la mobilité de tous ses membres ou ses capacités cognitives, nécessite qu'il soit toujours en rééducation intensive. "Il est constamment réveillé par la douleur", mais "n'est pas en mesure d'appeler le personnel de l'hôpital", selon sa famille.

"La vie s'est arrêtée pour nous il y a quatre mois. Nous ne savons pas quand, ni même si nous pourrons recommencer à travailler ou retrouver notre domicile, qui n'est pas adapté pour un fauteuil roulant", ont-ils poursuivi. "Nous sommes épuisés, nous ne savons pas où tout cela nous mène, mais nous continuons."

- Motivations confuses -

Dans un message publié le mois dernier sur un site destiné récolter des fonds pour soigner l'enfant, sa famille avait annoncé qu'il "faisait beaucoup de progrès" et pouvait désormais désormais être emmené à l'extérieur sur un fauteuil roulant pour respirer au grand air. "Il sourit et rit beaucoup de nouveau", poursuivait le message, remerciant les donateurs pour leur générosité.

Les motivations de l'accusé restent confuses, a indiqué la police londonienne vendredi. Le fait qu'il ait plaidé coupable "épargne à la famille de la victime le traumatisme d'un procès et elle peut à présent se concentrer sur le rétablissement de son enfant", a déclaré l'inspecteur en chef John Massey dans un communiqué.

Selon les éléments recueillis lors de l'enquête, le suspect, juste après son geste, a déclaré à un employé du musée: "Je crois que j'ai tué quelqu'un, je viens de le jeter depuis le balcon". Il avait expliqué avoir entendu des voix lui intimant de blesser ou tuer des gens. "Je veux que ce soit aux informations, qui je suis et pourquoi je l'ai fait", avait-il déclaré aux enquêteurs.

Moins de trois mois avant les faits, le père de l'accusé avait, dans une série de messages sur les réseaux sociaux supprimés depuis, évoqué les problèmes de l'autisme et des traitements. Il avait interpellé sur Twitter le ministre de la Santé Matt Hancock, lui expliquant qu'il devait "faire (son) travail" et "empêcher que plus d'enfants meurent et soient maltraités dans ces institution répugnantes".

Le Tate Modern, un musée d'art moderne situé sur les rives de la Tamise, est un des lieux touristiques les plus visités du Royaume-Uni. La plateforme d'observation est située dans une extension ajoutée en 2016 au bâtiment, une ancienne centrale électrique.

AFP

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