Royaume-Uni

Fête de Noël à Downing Street: Boris Johnson promet une enquête et s'excuse

  • Publié le 8 décembre 2021 à 20:39
  • Actualisé le 9 décembre 2021 à 06:05

Sous le feu des critiques, le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est excusé mercredi et a annoncé une enquête interne après la diffusion d'une vidéo renforçant considérablement les soupçons de fête de Noël l'an dernier à Downing Street, en pleines restrictions anti-Covid.

Visionnée par des millions de personnes, cette vidéo a suscité l'indignation au Royaume-Uni, où le gouvernement avait démenti de manière répétée des informations de presse selon lesquelles une fête rassemblant des dizaines de personnes s'était tenue le 18 décembre 2020.

Boris Johnson, qui s'est dit "furieux" après la diffusion de la vidéo, a réaffirmé qu'il lui avait "été assuré à plusieurs reprises" depuis le début de cette affaire qu'"il n'y avait pas eu de fête" et qu'"aucune règle" n'avait été enfreinte.

Alors que certains députés d'opposition ont réclamé sa démission, il a annoncé une enquête interne et promis des "conséquences" pour ceux qui n'auraient pas respecté les règles.

Cette enquête sera menée par le plus haut fonctionnaire britannique, Simon Case, a précisé le porte-parole de Boris Johnson, en disant que ses conclusions étaient attendues "le plus rapidement possible".

La vidéo diffusée par ITV montre son attachée de presse de l'époque, Allegra Stratton, préparant avec des collègues des réponses à d'hypothétiques questions de journalistes, le 22 décembre, sur une fête de Noël à Downing Street quatre jours plus tôt. Allegra Stratton, qui était la porte-parole du gouvernement pour la COP26, a démissionné mercredi, en larmes, disant qu'elle regretterait "toute (sa) vie ces propos".

Dans la vidéo, un collègue lui demande: "On a vu des tweets selon lesquels il y a une une fête de Noël vendredi soir, confirmez-vous ces informations?" Stratton assure en riant "Je suis rentrée chez moi" avant de botter en touche.

Un collègue suggère alors que "ce n'était pas une fête, mais une (soirée) fromage et vins", avant d'ajouter "Non, je blague". Allegra Stratton évoque alors "une réunion d'affaires" et ajoute sur le ton de la plaisanterie "Cette fête imaginaire était une réunion d'affaires et il n'y avait pas de distanciation sociale".

Quand de nombreux Britanniques étaient privés l'an dernier de la possibilité de voir leurs proches à Noël, cette "Christmas party" aurait réuni une quarantaine de personnes. "Je comprends la colère de tout le pays en voyant le personnel du 10 (Downing Street) sembler prendre à la légère les restrictions, je comprends à quel point ça doit être exaspérant de penser que les personnes qui ont établi les règles ne les ont pas respectées", a concédé le Premier ministre lors de la séance hebdomadaire de questions au Parlement. "Je m'excuse sans réserve pour l'offense que (cette vidéo) a causée dans tout le pays et je m'excuse pour l'impression qu'elle donne", a-t-il ajouté.

- "La main dans le sac" -

La plupart des quotidiens britanniques titraient mercredi sur cette affaire qui met à mal le gouvernement, déjà mis en cause par le passé pour d'autres violations aux restrictions anti-Covid.

Selon un sondage SavantaComRes, 54% des personnes sondées estiment que Boris Johnson doit démissionner. Cette situation a déclenché l'ire de l'opposition, le dirigeant du Parti travailliste Keir Starmer dénonçant un comportement "honteux". "Le Premier ministre a passé la semaine à dire au public qu'il n'y avait pas eu de fête", a-t-il déclaré devant le Parlement, et il est désormais "pris la main dans le sac". "Des millions de personnes pensent maintenant qu'il les a pris pour des idiots", a-t-il ajouté.

Même au sein du parti conservateur, la colère gronde. Pour le leader des conservateurs écossais, Douglas Ross, il faut que l'exécutif dise "pourquoi ça a été autorisé alors que c'était totalement contraire aux directives".

La police londonienne se penche elle aussi sur la question, examinant la vidéo en relation avec des "violations présumées" des règles anti-Covid.

Ces révélations embarrassent d'autant plus le gouvernement qu'il pourrait, selon plusieurs médias, annoncer un durcissement des restrictions pour lutter contre le variant Omicron du coronavirus.

Le Royaume-Uni, un des pays d'Europe les plus touchés par la pandémie avec 145.800 morts, compte désormais plus de 45.000 contaminations quotidiennes. Cent quinze nouveaux cas du variant Omicron ont été reportés mercredi.

Face à ce bilan, le ton jovial employé dans la vidéo ne passe pas. "Il est bouleversant et honteux d'entendre l'équipe de Boris Johnson plaisanter sur la violation des règles qu'ils ont édictées", a déploré dans un communiqué une association de familles ayant perdu des proches durant la pandémie.

AFP

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