France : un 14-Juillet sous le signe de la "crédibilité" de l'armée face à "un monde plus brutal"

  • Publié le 14 juillet 2025 à 06:04
  • Actualisé le 14 juillet 2025 à 08:09
La Patrouille de France au dessus de l'Arc de Triomphe à Paris, le 9 juillet 2025, lors d'une répétition pour le défilé annuel du 14-Juillet

Face à "un monde plus brutal", le traditionnel défilé du 14-Juillet donné lundi à Paris pour la fête nationale mettra en avant des militaires français "prêts à partir" en opérations, au lendemain de l'annonce de dépenses de défense accrues.

"Jamais depuis 1945 la liberté n'avait été si menacée", a affirmé dimanche le président français Emmanuel Macron devant un parterre de hauts gradés, en évoquant notamment la "menace durable" que fait peser la Russie sur le continent.

L'Europe est "mise en danger au moment où la guerre a été portée sur notre sol avec l'invasion de l'Ukraine, alors que les Etats-Unis ont ajouté une forme d'incertitude" quant à la pérennité de leur soutien, a exposé M. Macron, et "notre Europe se trouve placée à la lisière d'un vaste arc de crises".

En conséquence, la France compte renforcer son effort budgétaire pour la défense, en ajoutant des dépenses de 3,5 milliards d'euros en 2026 puis à nouveau 3 milliards de plus en 2027, de sorte que le budget défense du pays aura quasiment doublé en dix ans sous ses deux mandats, pour atteindre près de 64 milliards d'euros à cet horizon.

"Face à un monde plus brutal, la Nation doit être plus forte", car "pour être libres dans ce monde, il faut être craint, pour être craint il faut être puissant", a insisté le dirigeant français.

Une actualisation de la loi de programmation militaire pour 2024-2030, qui prévoit en l'état 413 milliards d'euros pour les armées, sera présentée à l'automne, malgré des finances publiques au plus mal obligeant à des efforts d'économie.

M. Macron a aussi annoncé vouloir donner "un nouveau cadre" à la jeunesse pour se former militairement à titre volontaire.

Lors du défilé de lundi matin, de retour sur la prestigieuse avenue parisienne des Champs-Elysées après avoir été déplacé l'an passé en raison des Jeux Olympiques de Paris, l'armée française entend mettre en valeur sa "crédibilité opérationnelle" et sa "solidarité stratégique" avec ses partenaires.

- "Outil de combat" -

L'ossature du défilé sera formée par des unités de la 7e brigade blindée, qui paradera non pas "en tenue de défilé (...) mais en bloc opérationnel et en tenue de combat à bord des engins blindés", selon le gouverneur militaire de Paris, le général Loïc Mizon.

"Il s'agit de montrer un outil de combat qui est quasiment prêt à partir, tel qu'il est présenté à nos concitoyens sur les Champs-Elysées", a-t-il expliqué.

Paris se veut capable de déployer cette année si nécessaire une brigade "bonne de guerre" -soit plus de 7.000 hommes avec toutes les munitions et la logistique- en dix jours. En 2027, l'ambition est de faire de même pour une division (plus de 20.000 hommes) en 30 jours.

Pour incarner les partenariats de la France défileront une compagnie belgo-luxembourgeoises, la force binationale franco-finlandaise composant la force de réaction rapide de la Finul, la mission de l'ONU au Liban, ou encore l'équipage de la frégate Auvergne, qui a effectué plusieurs déploiements en Baltique et en Arctique afin de soutenir les opérations de l'Otan.

Le défilé met cette année à l'honneur l'Indonésie, avec qui la France a conclu un partenariat stratégique pour peser dans la zone indo-pacifique.

Le président indonésien Prabowo Subianto, qui assistera aux festivités au côté d'Emmanuel Macron après avoir accueilli son homologue français fin mai à Jakarta, a annoncé son intention d'acquérir davantage d'avions de combat Rafale, de sous-marins Scorpène et de canons Caesar, ainsi que des frégates légères.

Plus de 450 militaires indonésiens, dont les musiciens d'un "drumband", ouvriront le défilé à pied, précédés de la Patrouille de France, vers 10H30 locales (08H30 GMT) après l'arrivée d'Emmanuel Macron, attendu à 10H00 (08H00 GMT).

Au total, 7.000 femmes et hommes défileront, dont 5.600 à pied, 65 avions dont 5 appareils étrangers, 34 hélicoptères, 247 véhicules et 200 chevaux de la Garde républicaine.

AFP

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1 Commentaires
Didier
Didier
2 mois

La France deuxième marchand d'armes après les Etats Unis est vraiment bien placée pour donner des leçons de paix au reste de l'humanité !

Ce à quoi nous assistons, c'est à une course à la guerre mondiale dans laquelle des millions d'hommes et de femmes périront pour permettre un nouveau partage des territoires et de leurs richesses entre requins de la finances, de l'industrie et du commerce. Les mêmes qui nous mènent la vie dure au travers de la politique anti ouvrière menée par notre propre gouvernement.

Le capitalisme, c'est la guerre permanente de tous contre tous imposée aux travailleurs et aux peuples par leurs propres exploiteurs pour suer du profit.

Le piège, c'est que les travailleurs et les masses populaires acceptent de se ranger derrière leurs ennemis de classe au nom de la "défense de la patrie".

Les discours de Macron et du chef d'état major des armées, Burhard, indiquent clairement que les dirigeants de l'Etat français ont lancé une campagne résolue de conditionnement des esprits à la militarisation de la société, avec la transformation de l'économie française en économie de guerre, avec la mobilisation de l'argent disponible pour accélérer les investissements dans la production d'armements de toutes natures et avec la perspective de recourir à l'embrigadement de la jeunesse en remettant en selle le service national.

Ils peuvent compter déjà sur la servilité des grands médias qui reprennent en coeur le discours nationaliste du pouvoir sur la menace russe en Europe et de tous les politiciens qui se placent sur le terrain de la "défense des intérêts nationaux de la France", en un mot sur le terrain des intérêts de la bourgeoisie française.

Et l'on voit déjà et l'on va voir encore plus dans les semaines et les mois qui viennent tout ce que le pays compte d'historiens, d'intellectuels et de spécialistes auto proclamés justifier cette politique guerrière.

La classe ouvrière doit se méfier de tout ce "beau monde" comme de la peste et ne jamais oublier que ce sont ses propres exploiteurs qui l'appellent au "sacrifice suprême".

Quitte à mourir autant mourir pour nos propres intérêts de prolétaires, pour établir la république des travailleurs !

Vive la Sociale !