Marcel Campion, le "roi des forains", a Ă©tĂ© mis en examen mercredi dans l'enquĂȘte qui porte notamment sur la convention passĂ©e avec la mairie de Paris en 2015 pour l'installation de sa cĂ©lĂšbre grande roue Ă la Concorde.
A l'issue d'une journĂ©e d'audition dans le bureau du juge du pĂŽle financier Renaud Van Ruymbeke, l'entrepreneur de 77 ans, en sa qualitĂ© de gĂ©rant de la sociĂ©tĂ© exploitant la roue de la place de la Concorde, a Ă©tĂ© mis en examen pour abus de biens sociaux Ă hauteur de 75.000 euros et recel de favoritisme, a annoncĂ© Ă l'AFP son avocate Marie-Alix Canu-Bernard. "La vraie question, c'est: qui sont les auteurs du favoritisme? Pour l'instant, c'est la grande inconnue, sachant par ailleurs que le fait de penser que le dĂ©lit de favoritisme peut s'appliquer Ă un marchĂ© de grĂ© Ă grĂ© (l'accord passĂ© entre la mairie et Marcel Campion, ndlr) est une ineptie juridique", a commentĂ© l'avocate, qui a fait savoir qu'elle allait dĂ©poser une requĂȘte en nullitĂ© de cette double mise en examen.
Les affaires de Marcel Campion, promoteur des fĂȘtes foraines parisiennes et du marchĂ© de NoĂ«l des Champs-ElysĂ©es, sont dans le collimateur de la justice depuis plus de dix-huit mois. A la suite de la publication d'articles dans le Canard enchaĂźnĂ©, le parquet de Paris avait ouvert une enquĂȘte prĂ©liminaire en octobre 2015 avant de passer le relais le 4 juillet 2016 Ă des juges d'instruction, saisis d'une information judiciaire portant notamment sur des dĂ©lits prĂ©sumĂ©s de favoritisme, abus de biens sociaux, blanchiment de fraude fiscale et participation Ă une entente illicite.
Les enquĂȘteurs s'interrogent notamment sur la gestion des activitĂ©s foraines de Marcel Campion et sur les conditions d'attribution en 2015 par la ville de Paris de l'emplacement de son attraction phare sur la prestigieuse place de la Concorde. Il avait Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă vue pendant 48 heures en mars ainsi qu'un cadre intermĂ©diaire de la mairie, "en charge du suivi technique du dossier Campion", selon une source proche du dossier.
Marcel Campion avait obtenu le droit d'installer sa roue dans le cadre d'un marchĂ© de grĂ© Ă grĂ©, aprĂšs un appel Ă propositions dĂ©clarĂ© infructueux au printemps 2015 malgrĂ© deux candidatures en lice, celle de FĂȘtes Loisirs, sociĂ©tĂ© de Marcel Campion, et une autre venant d'une entreprise du Liechtenstein.
- 'Le seul traité de la sorte' -
La municipalitĂ© avait appris qu'Ă l'issue de la clĂŽture de l'appel Ă propositions, l'unique concurrent de Marcel Campion avait Ă©tĂ© contactĂ© via un faux courriel censĂ© Ă©maner de la mairie pour discuter du dossier de la grande roue alors que son identitĂ© ne pouvait ĂȘtre connue qu'au sein des services de la ville. Depuis, la mairie de Paris a expliquĂ© s'ĂȘtre constituĂ©e partie civile dans l'enquĂȘte menĂ©e au pĂŽle financier pour s'assurer "qu'aucune des procĂ©dures liant la sociĂ©tĂ© +FĂȘte Loisirs+ Ă la Ville de Paris n'a Ă©tĂ© faussĂ©e".
"Bien qu'aucune rĂšgle de droit ne l'y oblige, elle s'est engagĂ©e depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ Ă ce que ses principales conventions d'occupation du domaine public - dont l'installation de la grande roue -, fassent l'objet d'une mise en concurrence", expliquait-elle rĂ©cemment. L'autre volet de la mise en examen de Marcel Campion porte sur des soupçons d'abus de biens sociaux sur FĂȘtes Loisirs, Ă hauteur de 75.000 euros.
Le 6 octobre, les enquĂȘteurs avaient menĂ© une perquisition Ă son domicile Ă Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne) oĂč ils avaient dĂ©couvert des armes et plus de 300.000 euros en espĂšces."A ce stade, le juge considĂšre que la somme de 75.000 euros n'est pas justifiĂ©e mais le reste de l'argent retrouvĂ© en perquisition n'est plus un sujet. Nous allons d'ailleurs en demander la restitution", a ajoutĂ© Me Marie-Alix Canu-Bernard. A ses yeux, Marcel Campion est "le seul Ă ĂȘtre traitĂ© de la sorte en France".
AFP
