Hong Kong: report des plaidoiries au procès de Jimmy Lai

  • Publié le 15 août 2025 à 11:22
  • Actualisé le 15 août 2025 à 11:55
Le magnat des médias Jimmy Lai donne une interview à l'AFP, le 16 juin 2020 à Hong Kong

La justice hongkongaise a reporté vendredi les plaidoiries au procès de l'homme d'affaires Jimmy Lai, en raison d'un problème cardiaque du militant prodémocratie, jugé pour collusion avec des forces étrangères en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin.

Des pays occidentaux et organisations de défense des droits humains appellent à la libération du magnat des médias de 77 ans, fondateur du journal Apple Daily, qui avait dû fermer en raison de son soutien aux grandes manifestations prodémocratie de 2019 à Hong Kong, parfois violentes. Jimmy Lai est jugé depuis décembre 2023 pour collusion avec des forces étrangères et encourt l'emprisonnement à vie. Il est également accusé d'avoir écrit des textes séditieux dans son journal.

Vendredi, l'avocat de la défense Robert Pang a déclaré à la cour que M. Lai avait souffert de "palpitations" cardiaques et eu l'impression de "s'évanouir". Le septuagénaire est incarcéré depuis fin 2020 et se trouverait à l'isolement, ce qui suscite des inquiétudes pour sa santé.

Me Pang a déclaré à l'AFP à l'extérieur du tribunal que le pouls de M. Lai s'était accéléré et que la défense avait demandé qu'il soit excusé de la phase des plaidoiries. Jimmy Lai "pense que ces épisodes arrivent lorsqu'il est fatigué, et venir au tribunal le fatigue", a expliqué Me Pang. La cour a repoussé à lundi la reprise du procès pour permettre à l'administration pénitentiaire de lui fournir un dispositif de suivi de l'activité cardiaque et des médicaments.

Le personnel médical désigné par la prison n'a détecté "aucune anomalie" avec le coeur de M. Lai, mais a néanmoins prévu un moniteur cardiaque portable et un traitement, a déclaré la juge Esther Toh.

- "Le monde surveille" Hong Kong -

"Le monde surveille la manière avec laquelle Hong Kong traite ses journalistes", a lancé le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) jeudi.
"La détention prolongée de Jimmy Lai détruit non seulement la réputation ancienne de Hong Kong en tant que société libre et ouverte, mais aussi en tant que centre d'affaires", a déclaré la directrice régionale du CPJ, Beh Lih Yi.

Le président américain Donald Trump a pour sa part affirmé jeudi à Fox News avoir mentionné l'affaire Jimmy Lai auprès du numéro un chinois Xi Jinping. "Je vais faire tout ce que je peux pour le sauver", a promis M. Trump, selon cette station de radio.

M. Chang, un ancien employé d'Apple Daily, se trouvait vendredi devant le tribunal pour soutenir M. Lai, le décrivant comme un patron "attentionné".
"Sa santé s'est détériorée après qu'il a été placé en détention, mais je pense que son mental est fort, et j'espère qu'il pourra résister", a déclaré M. Chang à l'AFP.

Le gouvernement de Hong Kong a, lui, "fermement (...) rejeté" mercredi "les remarques calomnieuses formulées par des forces extérieures" quant au procès.

- "Prisonnier politique" -

Au cours de son procès, M. Lai est venu témoigner devant la cour et s'est qualifié de "prisonnier politique".
Le parquet affirme qu'il a exercé une influence aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à Taïwan, à travers des "relations politiques". Le magnat a reconnu à son procès avoir demandé en 2019 à l'ex-vice-président américain Mike Pence de "soutenir" le mouvement prodémocratie à Hong Kong, mais sans l'appeler à agir.

Deux témoins ont accusé M. Lai d'avoir soutenu financièrement un groupe militant, Stand With Hong Kong, pour diffuser à l'étranger de la publicité en faveur des manifestations de 2019.
M. Lai nie avoir appelé à des sanctions contre la Chine ou sa région méridionale de Hong Kong, et a affirmé n'avoir jamais soutenu le séparatisme ni la violence.

Selon l'homme d'affaires, Apple Daily incarnait les "valeurs fondamentales du peuple de Hong Kong (...), l'Etat de droit, la liberté, la défense de la démocratie, la liberté d'expression, la liberté de religion, la liberté de réunion".

"Je ne veux pas que mon père meure en prison", a lancé son fils Sebastien Lai en mars, en appelant le gouvernement du Premier ministre britannique Keir Starmer à faire davantage pour l'homme d'affaires, de nationalité britannique.
Apple Daily a été contraint de fermer en 2021 après des descentes de police et l'arrestation de ses rédacteurs en chef.

AFP

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1 Commentaires
SOMANKE
SOMANKE
1 mois

Ce monde est devenu fou !
Et pourquoi donc ?
Sans prétendre répondre à cette question pourtant cruciale, certaines pistes peuvent être explorées.
L'ordre moral international est introuvable, à chacun le sien.
Ça c'est un constat.
Alors pour se donner de l'autorité sur l'autre on a inventé la notion de "communauté internationale".
Je note d'abord que la notion de "communauté" est exclusive de ceux qui n'y sont pas. Première fracture. L'humanité est divisée de facto entre ceux qui se reconnaissent dans cette communauté et ceux qui en sont rejetés.
Quel est donc l'axe, la référence centrale de cette communaute?
Le pouvoir bien sûr, celui d'exclure, de punir. Derrière ou à côté de ce pouvoir, son outil essentiel voire premier, c'est l'argent.
Dans l'histoire récente, le premier frémissement d'humanité hors frontières nous vient de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (ou humain, je préfère). Cocorico !
Qu'en reste-t-il ?
Cette belle idée française est sans cesse manipulée par les puissants pour servir leurs seules ambitions.
Ya bon Banania !
D'un côté ceux qui vivent pour jouir de la vie et de l'autre, ceux qui survivent pour servir les premiers.
Je n'incite personne à la violence parce que la révolte peut être déterminée tout en étant paisible.
Je vous invite toutefois a faire avec moi le constat que si le déséquilibre en "force brutale" est aujourd'hui favorable à cette "élite" qui gouverne le monde, le déséquilibre en nombre est lui, favorable à ceux qui les servent.
La loi naturelle, dite du plus grand nombre finit toujours par s'imposer. C'est d'ailleurs sur elle que se fonde l'idée de démocratie.
C'est une note d'espoir