Le Premier ministre de l'Ăźle Maurice Navin Ramgoolam a dit mardi ĂȘtre parvenu Ă un nouvel accord "prĂȘt Ă ĂȘtre signĂ©" avec le Royaume-Uni sur le contrĂŽle des Ăźles Chagos, archipel stratĂ©gique de l'ocĂ©an Indien, mais attendre l'avis de l'administration Trump sur ce texte remaniĂ©.
Londres, qui a gardé le contrÎle des Chagos aprÚs l'indépendance de Maurice dans les années 1960, est resté plus prudent sur le sujet. "Une fois un accord trouvé", il sera soumis au vote du parlement britannique et Washington sera consulté, a-t-on indiqué à Downing Street.
En octobre dernier, la Grande-Bretagne avait conclu avec l'ßle Maurice un accord prévoyant de lui restituer les Chagos à condition qu'une base militaire américano-britannique y soit maintenue sur la plus grande ßle, Diego Garcia.
Arrivé au pouvoir en novembre, M. Ramgoolam a remis en cause l'accord, qui n'avait pas encore été ratifié, et rouvert les discussions pour obtenir de meilleures conditions.
Mi-janvier, en pleines nĂ©gociations, le Royaume-Uni a fait savoir qu'il consulterait l'administration du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump avant de finaliser l'accord, qualifiĂ© de "menace sĂ©rieuse" pour la sĂ©curitĂ© des Ătats-Unis par Marco Rubio avant sa prise de fonction comme secrĂ©taire d'Etat.
"Nous sommes parvenus Ă un accord prĂȘt Ă ĂȘtre signĂ© avec la Grande-Bretagne concernant les Chagos", a dĂ©clarĂ© M. Ramgoolam mardi devant le Parlement en rĂ©ponse Ă une interpellation de l'opposition.
Il a affirmé avoir eu gain de cause sur la question de la souveraineté de Maurice sur tout l'archipel, y compris Diego Garcia, "le plus gros problÚme" dans les négociations, selon lui.
"Il fallait que ce soit sans ambiguïté, sans dilution, que nous ayons une pleine souveraineté (...) Ce n'était pas dans l'accord précédent, mais a été pris en compte dans le nouvel accord conclu avec la Grande-Bretagne", a-t-il dit, sans plus de précisions.
Londres n'a pas confirmé qu'un accord avait été conclu. "Une fois un accord trouvé, les détails du traité seront soumis à l'examen des deux chambres (du Parlement britannique) pour une ratification selon la procédure habituelle", a déclaré dans la journée à la presse un porte-parole du Premier ministre Keir Starmer.
Il a répété que la Grande-Bretagne consulterait la nouvelle administration Trump pour lui donner la possibilité "d'examiner l'accord dans son intégralité". Il a aussi redit la détermination de Londres à obtenir des garanties d'une protection solide de la base américano-britannique contre les "influences malveillantes".
- "Quelques Tarzans et Vendredis" -
M. Ramgoolam a aussi réitéré son intention d'attendre l'avis de l'administration Trump. "Comme nous l'avons toujours dit et répété, à plusieurs reprises, le président Trump n'est pas un loup. Laissez-le voir si l'accord est bon ou mauvais", a-t-il dit.
"Le président vient de prendre ses fonctions (...) Il a ses propres priorités. Je ne suis pas en mesure de lui imposer un calendrier", a-t-il ajouté.
M. Ramgoolam a indiqué qu'une éventuelle extension du bail de 99 ans de la base militaire serait "discutée par les deux parties" et non unilatéralement par le Royaume-Uni.
Fin dĂ©cembre, il avait Ă©galement indiquĂ© chercher une meilleure compensation financiĂšre que celle prĂ©vue dans l'accord d'octobre, oĂč le Royaume-Uni conservait un bail de 99 ans sur Diego Garcia, moyennant le paiement de 90 millions de livres sterling par an (107 millions d'euros), selon les mĂ©dias britanniques.
Selon le Premier ministre mauricien, cette compensation devrait "prendre en compte le taux dâinflation durant" les 99 ans du bail.
En 1965, Londres a acheté les Chagos pour trois millions de livres aux institutions semi-autonomes de Maurice. L'archipel restera sous contrÎle britannique aprÚs l'indépendance de l'ßle Maurice trois ans plus tard.
En 1966, le Royaume-Uni signe un bail de 50 ans avec les Etats-Unis les autorisant Ă utiliser Diego Garcia Ă des fins militaires.
Entre 1968 et 1973, 2.000 Chagossiens, décrits dans un cùble britannique de l'époque comme "quelques Tarzans et Vendredis", sont progressivement expulsés.
La base militaire a joué un rÎle stratégique en tant que plaque tournante pour les bombardiers et les navires à longue portée, notamment utilisés pendant les guerres en Afghanistan et en Irak.
AFP
