Le tribunal administratif de Nice a examinĂ© vendredi matin lors d'une audience publique la demande de suspension de l'arrĂȘtĂ© interdisant le burkini sur les plages de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) formulĂ©e par la Ligue des droits de l?Homme (LDH) et le Collectif contre l?islamophobie en France (CCIF).
Pour la Ligue des droits de l?Homme, Me Patrice Spinosi s?est attachĂ© Ă dĂ©montrer que l?arrĂȘtĂ© municipal pris le 5 aoĂ»t par la commune de Villeneuve-Loubet constituait "une atteinte grave et manifestement illĂ©gale Ă plusieurs libertĂ©s fondamentales, libertĂ© d'opinion, de religion, de se vĂȘtir et d'aller et venir", et que cette atteinte Ă©tait "disproportionnĂ©e par rapport aux objectifs" qui avaient justifiĂ© celle-ci.
Pour l'avocat de la LDH, aucune des justifications avancĂ©es par l'arrĂȘtĂ© municipal, que cela soit la laĂŻcitĂ©, "qui ne s'impose pas aux individus dans l'espace public", l'ordre public, l'hygiĂšne, la sĂ©curitĂ© ou les bonnes moeurs, ne justifie une telle atteinte, Me Spinosi dĂ©nonçant "le risque de dĂ©rives que ce type d'arrĂȘtĂ© comporte". "Aujourd'hui, ce sont les plages, demain ce seront les rues", a lancĂ© l'avocat Ă la barre, demandant la suspension d'un arrĂȘtĂ© qui selon lui "ne peut aboutir qu'Ă exacerber les tensions que ces arrĂȘtĂ©s prĂ©tendent prĂ©cisĂ©ment attĂ©nuer".
"Le burkini n'est qu'un voile que l'on peut porter Ă la plage, en aucun cas une burqa", a plaidĂ© l'avocat. Pour Me Olivier SuarĂšs, qui dĂ©fendait la commune de Villeneuve-Loubet, "les requĂ©rants grossissent le trait". "En quoi porte-t-on atteinte Ă la libertĂ© d?aller et venir" avec cet arrĂȘtĂ©, s'est offusquĂ© l'avocat lors de sa plaidoirie, indiquant que la libertĂ© religieuse n?Ă©tait pas menacĂ©e "de maniĂšre grave" car limitĂ©e Ă une petite partie de l'espace public, la plage, et comparant par exemple cette mesure Ă l'interdiction du port du short dans certains Ă©tablissements.
Saisi d'arrĂȘtĂ©s municipaux anti-burkini pris Ă Cannes et, dĂ©jĂ , Ă Villeneuve-Loubet, le mĂȘme tribunal avait par deux fois rejetĂ© la demande de suspension formulĂ©e par les associations requĂ©rantes, LDH et CCIF, pour des motifs de forme notamment. Il s'agissait de la premiĂšre audience avec un dĂ©bat contradictoire. Suite Ă la dĂ©cision du tribunal, qui doit ĂȘtre rendue lundi, il est probable que le conseil d'Etat soit saisi en appel par l?une des parties. Ă la suite de Cannes, qui avait interdit le burkini le 28 juillet, et de Villeneuve-Loubet, de nombreuses communes du dĂ©partement, notamment Beaulieu-sur-Mer et Menton, mais aussi dans le Var et plusieurs autres dĂ©partement français, ont pris Ă leur tour des arrĂȘtĂ©s interdisant la baignade en burkini.
Par Julien GIRAULT - © 2016 AFP

