Israël a annoncé lundi son intention de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, où des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des raids israéliens et des camions d'aide sont entrés pour la première fois en plus de deux mois.
"Une goutte d'eau dans l'océan", a réagi le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, après l'entrée selon Israël de cinq camions de l'ONU transportant de l'aide humanitaire, dont de la nourriture pour bébés, dans le territoire palestinien affamé et dévasté par la guerre.
Israël bloque l'aide depuis le 2 mars et a intensifié sa campagne aérienne et terrestre à Gaza ces derniers jours pour pousser le Hamas à libérer les otages israéliens et pour vaincre le mouvement islamiste palestinien.
Les otages ont été enlevés lors d'une attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 contre Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine. En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive destructrice qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien.
Dans une déclaration commune, les dirigeants français Emmanuel Macron, britannique Keir Starmer et canadien Mark Carney ont prévenu qu'ils ne resteraient "pas les bras croisés" face aux "actions scandaleuses" du gouvernement de Benjamin Netanyahu à Gaza.
Dans un communiqué lundi soir, le Premier ministre israélien a fustigé cette condamnation, jugeant qu'ils offraient ainsi une "immense récompense" au Hamas pour la sanglante attaque de 2023.
"Les combats sont intenses et nous progressons. Nous prendrons le contrôle de tout le territoire" de Gaza, a affirmé Benjamin Netanyahu, après que l'armée a annoncé de "vastes opérations terrestres" dans le petit territoire.
Lundi, la défense civile locale a fait état de la mort de 91 Palestiniens tués à travers la bande de Gaza assiégée par Israël depuis plus de 19 mois.
L'armée israélienne, qui affirme viser des "cibles terroristes", a appelé à l'évacuation de secteurs du sud de Gaza, dont Khan Younès, en vue d'une "offensive sans précédent".
- "Où est l'aide" -
Un habitant de Khan Younès, Mohammad Sarhane, décrit une scène d'"apocalypse", avec des tirs "de partout, des ceintures de feu, des avions de combat et des hélicoptères".
A pied, à vélo ou à bord de charrettes tirées par des ânes, hommes, femmes et enfants ont quitté Khan Younès emportant quelques effets personnels, des bidons d'eau, des couvertures et des bassines, après l'ordre d'évacuation.
Avançant des "raisons diplomatiques", M. Netanyahu a dit qu'Israël autoriserait l'entrée à Gaza d'une "quantité de base de nourriture". Il a expliqué que des pays "amis" lui avaient dit ne plus pouvoir soutenir la poursuite de la guerre si des "images de famine de masse" se répandaient.
Selon Israël, "des dizaines de camions d'aide" seront autorisés à entrer "dans les jours à venir" dans le territoire palestinien.
"C'est de la poudre aux yeux, c'est une façon de dire +oui, on fait rentrer de la nourriture+, mais c'est presque symbolique", a dénoncé Claire Nicolet, de Médecins Sans Frontières (MSF).
"Deux millions de personnes sont affamées" à Gaza, alors que des "tonnes de nourriture sont bloquées à la frontière", a déploré l'Organisation mondiale de la santé.
"Où est l'aide? Où sont la nourriture et l'eau? Nous mourons, nous avons faim. Mes enfants et moi souffrons chaque jour", s'exclame une déplacée palestinienne Abir Houdhoud à Gaza-ville (nord).
- "Famine" -
Dans une déclaration commune, 22 pays, dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, ont exigé d'Israël une "reprise complète de l'aide à Gaza, immédiatement". La population de Gaza "fait face à la famine".
Tout en proclamant son intention de poursuivre la guerre, M. Netanyahu s'est dit ouvert dimanche à un accord incluant la fin de l'offensive militaire, mais sous condition de l'"exil" du Hamas et du "désarmement" du territoire.
Le Hamas, qui avait fait état de négociations indirectes avec Israël à Doha, a jusque-là rejeté de telles exigences, réclamant pour libérer les otages la fin de la guerre et un retrait total israélien de Gaza.
L'attaque du 7-Octobre, qui a déclenché la guerre, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 53.486 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Après 38 ans d'occupation, Israël s'est retiré unilatéralement de Gaza en 2005. Il y a imposé ensuite un blocus après sa prise par le Hamas en 2007.
AFP
voila ou mene l extreme droite la guerre et les violations des droits de l homme! genocide! hitler etait d extreme droite ,ceux qui l adorent votent fn!
GAZA : SILENCE, ON EXTERMINE UN PEUPLE
Les rares images qui nous parviennent de la bande de Gaza sont effroyables. Corps gisant après le bombardement d’un marché, d’une école. Hommes froidement abattus alors qu’ils tentaient de pêcher pour survivre. Enfants qui n’ont plus que la peau sur les os. Cohues autour des distributions de nourriture. Regards de souffrance et de désespoir. Appels au secours.
Depuis que Netanyahou a rompu la trêve, le 18 mars, deux mille habitants ont été tués. Et ceux qui échappent aux bombes sont menacés par la famine car le gouvernement israélien empêche toute nourriture et produits de première nécessité d’entrer à Gaza depuis plus de deux mois. L’armée israélienne en est même à attaquer, en mer, les navires humanitaires qui tentent de ravitailler Gaza !
La guerre que mène Netanyahou n’est pas une guerre contre le Hamas. C’est une guerre de purification ethnique. Son objectif est de réduire à néant toute possibilité d’existence d’un État palestinien, à Gaza ou en Cisjordanie.
Netanyahou a d’ailleurs demandé le rappel de dizaines de milliers de réservistes pour la conquête de Gaza : après avoir massacré et terrorisé la population, il voudrait la déporter, de gré ou de force. Le projet cynique et révoltant de Trump, consistant à faire de l’enclave une Riviera sur des dizaines de milliers de cadavres, est en marche !
« Il est temps que l’Union européenne se réveille… c’est une honte absolue », a déclaré le ministre belge des Affaires étrangères lors d’une réunion avec ses homologues. « Nous avons vu des images horribles, il faut que cela cesse », a déclaré la ministre finlandaise. « Gaza est au bord de l’effondrement, du chaos et de la famine », a dénoncé le ministre français Jean-Noël Barrot.
Et qu’est-il sorti de cette réunion ? La décision… d’organiser une autre réunion ! Macron a, bien sûr, joint sa voix à ce concert d’hypocrisie : il envisage de reconnaître un État palestinien au moment même où la possibilité d’un tel État est en train de disparaître sous nos yeux.
Trump, en route pour une tournée au Proche-Orient, montrerait des signes d’agacement vis-à-vis de Netanyahou. Que son principal allié massacre les Palestiniens ne l’aide pas à se mettre dans la poche des monarchies comme l’Arabie saoudite ! Mais il reste fondamentalement solidaire des bourreaux de Tel Aviv.
Les dirigeants impérialistes soutiennent Israël au nom du droit des Juifs à avoir leur État. Mais celui-ci ne les intéresse que parce qu’il défend leurs intérêts dans la région. Et qui peut croire qu’ils protègent les Juifs en couvrant le massacre actuel ?
La politique de Netanyahou est criminelle pour les Palestiniens et suicidaire pour les Israéliens. Des manifestants israéliens commencent à le dénoncer et des réservistes refusent de répondre à leur convocation. Pour l’instant, ils dénoncent surtout une nouvelle opération guerrière qui met la vie des otages en danger.
En fait, tous les Israéliens sont otages de ce jusqu’au-boutisme guerrier. Il les condamne à vivre dans un camp retranché, en guerre contre tous leurs voisins. Chaque nouveau bombardement nourrit la haine et le désir de vengeance. De nouvelles générations de Palestiniens grossiront les rangs des combattants à Gaza, au Liban, au Yémen, en Syrie. Israël, qui a déjà étendu le conflit à tous ces pays, n’a pas fini de faire la guerre !
Ce n’est pas en remplissant les cimetières et en déportant des centaines de milliers de personnes que l’on construit la paix. C’est en cessant toute oppression, en démantelant les colonies, en mettant un terme à la politique d’apartheid. C’est en reconnaissant l’égalité de droits entre les peuples !
Contrairement à ce que veulent faire croire les organisations sionistes d’extrême droite d’un côté et les organisations islamistes réactionnaires de l’autre, la coexistence fraternelle entre le peuple israélien et le peuple palestinien ainsi que les peuples arabes voisins est possible.
Les États impérialistes ont tracé des frontières artificielles entre le Liban, la Syrie, l'Irak, la Jordanie. Ils ont dressé les peuples les uns contre les autres, Israéliens contre Palestiniens, Arabes contre Kurdes, majorité sunnite ou chiite contre minorités chrétienne, druze, alaouite. Seule une fédération des peuples du Moyen-Orient au sein de laquelle tous seraient égaux et auraient les mêmes droits permettra de sortir de la guerre permanente.
Cela ne peut se réaliser que si les opprimés de cette région se dressent contre la volonté de domination et d’exploitation de leurs dirigeants respectifs. Et c’est aussi à nous, ici, de porter cette perspective contre nos dirigeants complices de ce nouveau génocide.
Nathalie Artaud, porte parole nationale de Lutte ouvrière