133 morts

Kenya: le pasteur accusé du "massacre de Shakahola" reste en prison

  • PubliĂ© le 10 mai 2023 Ă  15:52
  • ActualisĂ© le 10 mai 2023 Ă  15:59
Le pasteur Paul Nthenge Mackenzie (c) au tribunal de Shanzu, le 5 mai 2023 Ă  Mombasa, au Kenya

Un tribunal a ordonnĂ© mercredi le maintien en dĂ©tention du pasteur Paul Nthenge Mackenzie, accusĂ© de la mort d'au moins 133 personnes dans une forĂȘt du sud-est du Kenya oĂč se rĂ©unissaient les adeptes de sa secte Ă©vangĂ©lique.

Paul Nthenge Mackenzie va ĂȘtre poursuivi pour "terrorisme", ont annoncĂ© le 2 mai les procureurs, dans cette affaire baptisĂ©e "le massacre de la forĂȘt de Shakahola" qui a suscitĂ© un vif Ă©moi dans ce pays religieux d'Afrique de l'Est.

Un juge de la ville de Mombasa (sud-est) a ordonné la prolongation de la détention du pasteur Mackenzie et de 17 co-accusés, dont sa femme, pour une durée de 30 jours à compter du 2 mai, date à laquelle ils avaient comparu devant le tribunal.

Les procureurs avaient demandé 90 jours.

Un total de 133 personnes, dont de nombreux enfants, ont jusqu'Ă  prĂ©sent Ă©tĂ© retrouvĂ©es mortes. Les recherches de fosses communes et de survivants sont toujours en cours dans cette forĂȘt de la cĂŽtĂ© kĂ©nyane.

Il ressort des autopsies pratiquĂ©es sur 112 premiers corps que la plupart des victimes sont mortes de faim, vraisemblablement aprĂšs avoir suivi les prĂȘches de Paul Nthenge Mackenzie, pasteur autoproclamĂ© de l'Eglise Internationale de la Bonne Nouvelle qui prĂŽnait de jeĂ»ner "pour rencontrer JĂ©sus".

Certaines victimes, dont des enfants, ont toutefois été étranglées, battues ou étouffées, avait indiqué la semaine derniÚre le chef des opérations médico-légales, Johansen Oduor.

Les autopsies ont Ă©galement rĂ©vĂ©lĂ© qu'il y avait "des organes manquants sur certains des corps", souligne le Directoire des enquĂȘtes criminelles dans un document judiciaire consultĂ© mardi par l'AFP, Ă©voquant "un trafic d'organes humains bien coordonnĂ© impliquant plusieurs acteurs".

Paul Mackenzie est dĂ©tenu depuis qu'il s'est rendu aux autoritĂ©s le 14 avril, aprĂšs que la police a dĂ©couvert les premiĂšres victimes dans la forĂȘt de Shakahola. Une cinquantaine de fosses communes ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes depuis.

Le plus influent pasteur du Kenya, Ezekiel Odero, a Ă©galement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 28 avril dans le cadre de cette affaire, puis libĂ©rĂ© sous caution jeudi dernier.

Il est visĂ© par l'enquĂȘte en raison de la prĂ©sence possible de corps de certains de ses fidĂšles parmi les cadavres retrouvĂ©s Ă  Shakahola. Plus de 20 comptes bancaires lui appartenant ont Ă©tĂ© gelĂ©s.

Ce massacre a ravivé le débat sur l'encadrement des cultes au Kenya, pays en majorité chrétien qui compte 4.000 "églises", selon des chiffres officiels.

Le président William Ruto a créé un groupe de travail chargé de "l'examen du cadre légal et réglementaire régissant les organisations religieuses".

Ce scandale a Ă©galement placĂ© les autoritĂ©s sous le feu des critiques pour ne pas avoir empĂȘchĂ© les agissements du pasteur Mackenzie, pourtant arrĂȘtĂ© Ă  plusieurs reprises pour ses prĂȘches extrĂȘmes.

AFP

guest
0 Commentaires