L'administration Trump décrit des villes démocrates comme des "zones de guerre"

  • Publié le 5 octobre 2025 à 20:45
  • Actualisé le 5 octobre 2025 à 22:15
Un agent masqué de la patrouille frontalière des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) à Chicago, le 4 octobre 2025 dans l'Illinois

L'administration Trump a décrit dimanche Chicago comme une "zone de guerre" justifiant l'envoi de troupes, tandis qu'un juge empêche la Maison Blanche d'envoyer l'armée dans une autre ville dirigée par l'opposition démocrate.

"C'est une zone de guerre. Sa ville est une zone de guerre et il ment pour que les criminels puissent y entrer et détruire la vie des gens", a déclaré dimanche la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, sur la chaîne Fox News, en se référant au maire de la ville, Brandon Johnson, qui a lui dénoncé des "mesures anticonstitutionnelles".

La ministre a encore relevé que des gangs et cartels et autres "organisations terroristes connues" offraient des primes aux manifestants contre les agents de la police de l'immigration (ICE).

Le président américain Donald Trump a signé samedi un décret pour l'envoi de 300 gardes nationaux à Chicago, dans l'Illinois, afin de "protéger les agents et biens fédéraux", selon la Maison Blanche.

Cette annonce a été vivement critiquée dans les rangs de l'opposition démocrate, le sénateur de l'Illinois, Dick Durbin, estimant que le "président ne cherche pas à combattre la criminalité, mais à répandre la peur".

"Ce sont eux qui transforment cette ville en zone de guerre", a renchéri dimanche le gouverneur démocrate de l'Illinois, JB Pritzker, sur la chaîne CNN, décrivant de multiples raids et appelant au départ des troupes.

- Manifestations à Portland -

La mégapole du nord du pays est la cinquième ville démocrate où le président Trump a ordonné le déploiement de la

Garde nationale, une mesure jusqu'alors tout à fait exceptionnelle.

Les gardes nationaux ont déjà été déployés ces derniers mois à Los Angeles, Washington et Memphis, à chaque fois malgré l'opposition des responsables locaux.

A Washington, le président américain assure que cela a permis de "nettoyer" la capitale.

"Il y a une guerre contre la criminalité", a plaidé dimanche sur NBC le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, prenant l'exemple de la capitale.

"On y est beaucoup plus sûrs. Avant (le déploiement de troupes), c'était littéralement une zone de guerre", a-t-il dit.

Un déploiement similaire à Portland a toutefois été bloqué samedi à titre temporaire par une juge fédérale.

Des manifestations contre la police de l'immigration ont lieu depuis des mois dans cette grande ville de l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis).

Mais dans un document de 33 pages, la juge Karin J. Immergut souligne que ces mouvements de protestation ne présentent pas de "danger de rébellion" et peuvent être gérés par les "forces de l'ordre régulières".

Les fonctionnaires fédéraux ont en conséquence "temporairement interdiction" d'y déployer la Garde nationale, a-t-elle statué. Cette décision expire le 18 octobre.

Le chef de cabinet adjoint de M. Trump, Stephen Miller, a avancé sur X que cette décision constituait une "insurrection" judiciaire.

- "Pas d'insurrection" -

Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité absolue de son second mandat depuis son retour à la Maison Blanche en janvier.

Plusieurs manifestations et actions contre la police de l'immigration ont eu lieu dernièrement, notamment dans les villes dites "sanctuaires" telles que Portland ou Chicago, où les migrants en situation irrégulière et menacés d'expulsions sont protégés.

Dimanche, le président américain, qui a dit vouloir mardi utiliser les militaires contre l'"ennemi de l'intérieur", a indiqué, sans preuves, que "Portland est en train de brûler. Il y a des insurgés partout".

"Il n'y a pas d'insurrection, il n'y a pas de menace pour la sécurité nationale, et il n'y a pas besoin de troupes militaires dans notre grande ville", a rétorqué la gouverneure de l'Oregon, Tina Kotek, avant d'appeler le public à "ne pas mordre à l'hameçon" en s'engageant dans des violences ou des dégradations.

Les gardes nationaux, réservistes de l'armée, sont formés pour intervenir sur des catastrophes naturelles mais ils peuvent également combattre à l'étranger.

Donald Trump menace d'envoyer des militaires également à New York ou Baltimore, d'autres grandes villes démocrates.

A Chicago, des forces du ministère de la Sécurité intérieure ont dit samedi avoir été contraintes d'ouvrir le feu sur une automobiliste "armée" qui avait embouti leur fourgon, la blessant.

AFP

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