Après sa nomination à Matignon

La première semaine effrénée de Gabriel Attal à Matignon

  • Publié le 14 janvier 2024 à 18:37
  • Actualisé le 14 janvier 2024 à 18:51

Cinq jours, cinq déplacements: le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a entamé pied au plancher sa mission à Matignon, au risque d'alimenter les critiques d'un "gouvernement de l'image" qui pointent dans les oppositions, mais aussi dans une partie de la majorité.

Dimanche, 11h25 : le Premier ministre arrive sur le marché de Caen. Foire d'empoigne immédiate.

"Je voulais aller sur un grand marché pour être au contact des Français", explique M. Attal. L'accueil est contrasté. Les demandes de selfies pleuvent. "Tenez bon", lui lance un couple. "Je suis très déçue que vous ne soyez plus à l’Éducation et du choix de votre ministre. Ne souriez pas!", lance une femme.

Gabriel Attal défend Amélie Oudéa-Castéra, "sportive de haut niveau", une "combattante" qui lui a offert sa première polémique avec sa réponse sur la scolarisation de ses enfants dans un établissement parisien huppé et privé. Elle "regrette" que ses propos aient pu "blesser" les enseignants du secteur public. Le cabinet du Premier ministre s'était employé à déminer cette polémique.

A Caen, Gabriel Attal est interpellé sur la situation des agriculteurs, la condition animale, la fraude fiscale, la grande précarité.

"Le travail, c'est quand même le meilleur moyen de sortir de la pauvreté", répond le Premier ministre.

Un homme le tance sur le "soutien inconditionnel" de la majorité à Israël. M. Attal renvoie à la position du président de la République, "le seul qui fixe la ligne".

Le député PS Arthur Delaporte se glisse dans la forêt de caméras. Proteste de n'avoir pas été informé officiellement de sa venue et espère que la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre sera suivie d'un vote. Pas de réponse.

A l'arrière-plan, des opposants scandent des slogans, dont un retentissant "Solidarités avec les immigrés". La loi également votée par le Rassemblement national a laissé des traces.

Après une discussion avec un "panel" de citoyens dans un café, le déplacement prend fin. Il a duré deux heures montre en main.

-"Démocratie d'opinion"-

"Je ressors d'ici avec beaucoup de messages passés par les Français". "Des Français qui parfois ne sont pas contents. Qui ont beaucoup d'attente, qui doutent, qui parfois sont en colère, m'ont interpellé. C'est aussi pour ça qu'on se déplace: on ne veut pas aller au contact que de personnes qui sont totalement d'accord", explique le Premier ministre.

Cinq jours, cinq déplacements ? "Ça donne une impression de frénésie, pour montrer qu'il y a de l'action. Et en même temps de grande vacuité parce qu'il n'en ressort rien", juge Arthur Delaporte.

"La politique, ce n'est pas de la téléréalité. Il va finir par donner le tournis aux Français", renchérit le patron des communistes Fabien Roussel sur BFMTV.

M. Attal n'a pas tenu en place depuis sa nomination à Matignon. Mardi, à peine finie la passation de pouvoirs avec Élisabeth Borne, il était dans le Pas-de-Calais touché par les inondations.

Mercredi, au commissariat d'Ermont (Val-d'Oise) avec Gérald Darmanin. Vendredi, dans un collège des Yvelines avec Amélie Oudéa-Castéra.

Samedi, M. Attal s'est rendu avec la nouvelle ministre de la Santé, Catherine Vautrin, au CHU de Dijon. 50 minutes de visite et 32 milliards d'euros vantés pour les cinq prochaines années. "Des choses déjà votées", explique dimanche son entourage. "Mais c’est important de mettre la focale sur ce qui a été fait et est parfois passé inaperçu".

"Gabriel Attal devrait se méfier de ces annonces sur les moyens", juge sur Franceinfo le député MoDem Jean-Louis Bourlanges.

"Soit vous reprenez des promesses qui ont déjà été faites, ce que disent les syndicats hospitaliers (...) soit vous en faites de nouvelles et c'est inquiétant parce qu'on ne sait pas où trouver l'argent".

La semaine prochaine, place à la préparation de la déclaration de politique générale. A droite, Les Républicains (LR) sont fâchés de la nomination à la Culture de Rachida Dati. Dans la majorité, une partie des troupes est remontée contre ce gouvernement droitisé.

"Nous passons d’une démocratie de conviction et de transformation à une démocratie d’opinion à 100%", fulmine un député Renaissance.

AFP

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