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La vie extraterrestre? "Oui", "peut-ĂȘtre" disent des scientifiques au festival de Fleurance

  • PubliĂ© le 7 aoĂ»t 2016 Ă  13:10
La vie extraterrestre? "Oui", "peut-ĂȘtre" disent des scientifiques au festival de Fleurance

Y a-t-il de la vie ailleurs que sur Terre: "Oui", "peut-ĂȘtre", ont rĂ©pondu physiciens, gĂ©ologues ou spĂ©cialistes des mĂ©tĂ©orites, qui ont fait part de leurs divergences lors du 26e festival d'astronomie de Fleurance (Gers).


Ce rendez-vous, l'un des plus importants de la culture scientifique et d'astronomie, réunit jusqu'au 12 août une cinquantaine de chercheurs venus partager leurs connaissances dans des conférences, ateliers et débats.
Parmi les thĂšmes de ce festival nĂ© en mĂȘme temps que la Nuit des Ă©toiles: "au fil de l'eau, la recherche de la vie".
La vie dans le systĂšme solaire ou sur une exoplanĂšte ? "C'est oui. J'ai un faisceau d'arguments. Et je serais prĂȘt Ă  le parier", affirme Pierre Thomas, professeur Ă  l?École normale supĂ©rieure de Lyon, pour lequel "l'apparition de la vie a Ă©tĂ© facile sur Terre" et doit "donc ĂȘtre facile ailleurs".
Ce gĂ©ologue, travaillant Ă  la formation des planĂštes et satellites et sur l'origine du systĂšme solaire, vise trois endroits oĂč l'on pourrait, selon lui, trouver des traces de cette vie: le sous-sol profond de Mars, les ocĂ©ans sous-glaciaires d'Europe et d'Encelade, les satellites de Jupiter et de Saturne.
Pour ce scientifique, cependant, il ne peut s'agir que d'une vie cellulaire. Et de rappeler les conditions de vie: "carbone, eau liquide, source d'énergie et molécules compliquées".
"Ces molécules, on les trouve partout dans le monde interstellaire. Sur la comÚte Tchouri, l'instrument Rosina, placé sur l'orbiteur Rosetta, en a trouvé plein, dont la plus simple, la glycine", précise-t-il.
Brigitte Zanda, "météoritologue", se veut plus réservée sur une vie extraterrestre. Selon elle, cela "reste de l'ordre de la croyance" car "on ne sait pas encore ce qu'est vraiment la vie".
"La probabilitĂ© de vie sur une planĂšte est peut-ĂȘtre infinitĂ©simale. MĂȘme si le nombre de planĂštes est infini, on ne peut tirer aucune conclusion", tempĂšre-t-elle.
D'autant qu'il faut "tracer une frontiÚre entre vie et réaction chimique", prévient le géologue espagnol Juan-Manuel Garcia-Ruiz, dont les publications ont longtemps suscité des critiques de la part d'une partie de la communauté scientifique.
- "La réaction chimique mime la vie primitive" -
"On n'a aucune preuve de la vie. Mes expériences ont montré que la réaction chimique peut mimer la vie primitive de la Terre", détaille le directeur du laboratoire d?études cristallographiques de Grenade.
Il espÚre beaucoup du programme ExoMars de l'Agence spatiale européenne qui va permettre en 2020 de sonder des roches de la planÚte rouge. Mais il souhaite pour cette mission qu'on "développe des technologies pour déterminer les traces moléculaires de la vie".
Pour plusieurs spécialistes, l'existence d'une civilisation intelligente reste une éventualité. "Si la vie s'est développée, il est probable qu'il y ait une intelligence", remarque Mme Zanda.
Une chose est sûre, l'apparence de l'extraterrestre "n'aura aucun rapport avec la forme humaine", poursuit-elle.
"La nature a plus d'imagination. On a découvert sur Terre des formes de vie qui semblent bizarres", rappelle le physicien niçois Jean-Marc Levy-Leblond, alors que le Pr Thomas qualifie de menteurs "ceux qui disent avoir vu des extraterrestres avec deux bras et deux jambes".
Reste Ă  comprendre pourquoi aprĂšs tant d'annĂ©es de recherches, aucune trace n'a Ă©tĂ© trouvĂ©e. "Pas mĂȘme le fossile d'un vaisseau spatial", plaisante le Pr Thomas.
Nos moyens techniques permettraient de dĂ©tecter un signal, mĂȘme trĂšs faible "Ă  plusieurs dizaines d'annĂ©es lumiĂšre", souligne le Pr Levy-Leblond, qui tente plusieurs explications: celle d'une civilisation trop Ă©voluĂ©e technologiquement ou encore celle d'un monde sous 30 km de glace dans l'incapacitĂ© de communiquer...
Cet enseignant Ă©galement essayiste envisage aussi un scĂ©nario catastrophe, ce serait mĂȘme "le plus probable", selon lui: "On peut envisager que des civilisations se sont auto-dĂ©truites comme nous risquons de le faire avec les guerres, la pollution...", avance-t-il.
En tout état de cause, dit-il, "ce qui est bien avec la recherche de la vie, ça nous oblige à réfléchir à la nÎtre".

Par Rémy ZAKA - © 2016 AFP
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