Hong Kong

Le militant pro-démocratie Joshua Wong va plaider coupable

  • PubliĂ© le 23 novembre 2020 Ă  07:44
  • ActualisĂ© le 23 novembre 2020 Ă  10:03
De gauche à droite: les militants pro-démocratie Agnes Chow, Ivan Lam et Joshua Wong parlent aux journalistes avant leur procÚs à Hong Kong, le 23 novembre 2020

Joshua Wong, l'une des figures les plus connues de la contestation Ă  Hong Kong, et deux autres militants de premier plan vont plaider coupable lundi pour leur rĂŽle dans des manifestations en 2019, ce qui pourrait leur valoir d'ĂȘtre incarcĂ©rĂ©s.

L'ex-colonie britannique a connu l'an passé sa crise politique la plus grave depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer l'influence de la Chine sur la région semi-autonome. En dépit de l'ampleur de cette mobilisation, marquée par des défilés rassemblant plus d'un million de personnes, l'exécutif hongkongais, qui est aligné sur Pékin, n'avait fait aucune concession majeure aux manifestants. Et les autorités ont riposté par une répression vigoureuse contre le mouvement pro-démocratie.

Joshua Wong, 24 ans, est poursuivi avec deux autres dissidents célÚbres, Ivan Lam et Agnes Chow, pour une manifestation devant le quartier général de la police de Hong Kong le 21 juin 2019, une dizaine de jours aprÚs le début de la contestation. "Nous avons tous trois décidé de plaider coupable de tous les chefs d'accusation", a déclaré M. Wong devant les journalistes à son arrivée au tribunal. "Je ne serais pas surpris si j'étais envoyé immédiatement en détention aujourd'hui", a-t-il ajouté. "Nous continuerons à lutter pour la liberté, et ce n'est pas le moment de nous aplatir devant Pékin ni de nous rendre", a poursuivi celui qui avait été en 2014 le visage du "Mouvement des parapluies".

- Séjours derriÚre les barreaux -

Jets d'oeufs, graffitis... Le siĂšge de la police et les commissariats de quartiers avaient Ă©tĂ© pris pour cibles par les manifestants qui demandaient notamment une enquĂȘte indĂ©pendante sur les "violences" qu'ils imputaient aux forces de l'ordre. MM. Lam, Wong et Chow sont poursuivis pour incitation, organisation et participation Ă  un rassemblement illĂ©gal.

Mme Chow avait déjà fait part de son intention de plaider coupable, une stratégie qui peut lui permettre d'obtenir une peine moins lourde. Mais MM. Wong et Lam avaient initialement annoncé qu'ils contesteraient les chefs d'accusation. Ils risquent jusqu'à cinq ans de prison. En dépit de sa jeunesse, M. Wong a déjà effectué des séjours derriÚre les barreaux, lui qui est déjà un vieux briscard de la lutte politique. Il avait fait ses armes à 13 ans dans le combat -perdu- contre une ligne à grande vitesse reliant Hong Kong et la Chine continentale.

En 2011, il avait cofondĂ© Scholarism, un groupuscule Ă©tudiant qui sera Ă  la pointe de la bataille -gagnĂ©e- contre l'introduction de cours de patriotisme chinois. A l'Ăąge de 15 ans, il Ă©tait allĂ© jusqu'Ă  faire la grĂšve de la faim sous les fenĂȘtres du gouvernement local. Mais c'est son engagement dans le "Mouvement des Parapluies", en 2014, qui a fait rĂ©ellement connaĂźtre au monde son visage juvĂ©nile, sa frange tombant sur des lunettes aux Ă©paisses montures noires et, dĂ©jĂ , son extraordinaire assurance face aux camĂ©ras.

Outre un réel suffrage universel, les manifestants qui avaient occupé le centre de Hong Kong pendant 79 jours réclamaient la fin des ingérences de la Chine à Hong Kong, territoire censé jouir d'une autonomie jusqu'en 2047.

Six ans plus tard, leurs craintes se sont matérialisées avec la loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hong Kong le 30 juin, les vagues d'arrestations, la restriction des libertés et les départs en exil.

M. Wong, dont les candidatures aux élections locales de 2019 et aux prochaines législatives ont été invalidées, est actuellement sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. Outre son implication dans le mouvement de 2019, il est notamment poursuivi pour avoir participé en juin à la traditionnelle veillée annuelle en souvenir de la répression de Tiananmen en 1989, qui avait été pour la premiÚre fois interdite, officiellement à cause du coronavirus.

AFP

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