Le massascre se poursuit Ă  la Ghouta orientale

Le vote Ă  l'ONU pour un cessez-le-feu en Syrie attendu samedi

  • PubliĂ© le 24 fĂ©vrier 2018 Ă  07:21
  • ActualisĂ© le 24 fĂ©vrier 2018 Ă  09:20
L'ambassadeur russe Vassily Nebenzia (G) et l'ambassadeur chinois MA Zhaoxu aux Nations Unies le 23 février 2018 avant un réunion du conseil de sécurité

Le vote tant attendu au Conseil de sécurité sur une trÚve d'un mois en Syrie devrait intervenir samedi, alors que les avions du régime ont déversé vendredi, pour le sixiÚme jour consécutif, leurs bombes sur le fief rebelle de la Ghouta orientale, aux portes de Damas.


Depuis dimanche, 468 civils, dont 108 enfants, ont pĂ©ri selon une ONG dans de violents raids aĂ©riens et tirs d'artillerie incessants menĂ©s par l'armĂ©e du prĂ©sident Bachar al-Assad contre cette enclave assiĂ©gĂ©e. PrĂ©vu ce vendredi, le vote au Conseil de sĂ©curitĂ© a Ă©tĂ© repoussĂ© Ă  plusieurs reprises, avant d'ĂȘtre finalement dĂ©calĂ© Ă  samedi, Ă  17H00 GMT. Les nĂ©gociations se poursuivent pour Ă©viter un veto de la Russie, alliĂ© indĂ©fectible du rĂ©gime syrien, et un nouveau texte de rĂ©solution prĂ©voyant un cessez-le-feu immĂ©diat, sans les 72 heures de dĂ©lai initialement envisagĂ©es, a Ă©tĂ© finalement mis au point. Mais il ne pourra pas ĂȘtre soumis au vote avant samedi.

Faisant fi des appels internationaux, le rĂ©gime de Damas a de nouveau bombardĂ© la Ghouta orientale, Ă  coups de bombes, de barils d'explosifs et d'obus, faisant vendredi 38 morts dont 11 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cette campagne aĂ©rienne est d'une rare intensitĂ©, mĂȘme pour un pays ravagĂ© depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 340.000 morts. Elle est le prĂ©lude Ă  une offensive terrestre de l'armĂ©e pour reprendre la Ghouta selon un mĂ©dia proche du pouvoir et l'OSDH.

A Douma, principale ville du fief rebelle, des habitants se sont aventurés dans les rues pour acheter à manger pour leurs familles terrées dans les sous-sols, ou s'enquérir de la santé de proches, selon un correspondant de l'AFP. Mais ils ont dû courir à la recherche d'un abri aprÚs de nouveaux tirs de roquettes. Dans un hÎpital de la ville, les secouristes ont transporté un jeune garçon, blessé à l'oeil, le visage couvert de sang. "Est-ce que je vais voir à nouveau?" demande-t-il au médecin.

- 'Cesser le massacre' -

Soumis à un siÚge asphyxiant depuis 2013 par les forces du régime, les quelque 400.000 habitants de la Ghouta subissent au quotidien pénuries de nourriture et de médicaments. Le projet de résolution en discussion au Conseil de sécurité réclame un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie, destiné notamment à distribuer de l'aide humanitaire et permettre des évacuations médicales dans la Ghouta orientale.

Désormais, les discussions porteraient notamment sur les "garanties" réclamées par Moscou sur le respect d'un cessez-le-feu par les groupes rebelles, dont ceux de la Ghouta orientale. L'exclusion des groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Al-Qaïda d'un cessez-le-feu est maintenue. A la demande de Moscou, cette exclusion concerne aussi désormais "d'autres individus, groupes, entités associées avec Al-Qaïda et l'EI, ainsi que d'autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité".

Le président français Emmanuel Macron et la chanceliÚre allemande Angela Merkel ont demandé au président russe Vladimir Poutine d'approuver le projet de résolution.
"Ce que la Russie, l'Iran et la Syrie ont fait récemment est une honte humanitaire", a pour sa part martelé le président américain Donald Trump, tandis que son ambassadeur à l'ONU, Nikky Haley, jugeait "incroyable que la Russie paralyse un vote sur un cessez-le-feu permettant l'accÚs humanitaire", alors que "le peuple syrien ne peut attendre".
Mais cette effervescence diplomatique est loin de convaincre sur place.

"L'ONU se dit préoccupée et demande un cessez-le-feu mais au final ils ne nous ont rien apportés", lùche Abou Moustafa, un habitant de Douma. "Au quotidien, il y a des frappes, des destructions, c'est à faire pleurer les pierres, chaque jour quelqu'un perd un proche". Selon l'OSDH, l'aviation russe, soutien militaire du régime dans le conflit, participe aux frappes sur la Ghouta, ce que Moscou dément.

La Ghouta est le dernier bastion rebelle aux portes de Damas, d'oĂč les combattants tirent rĂ©guliĂšrement des obus sur la capitale. Ces bombardements ont fait une vingtaine de morts depuis dimanche. Vendredi, un hĂŽpital de Damas a Ă©tĂ© touchĂ© par des bombardements rebelles, causant des dommages, selon l'agence officielle Sana.

- 'Nouvel Alep' -

Le scénario qui se déroule dans la Ghouta rappele ce qui s'est passé dans plusieurs fiefs rebelles, dont Alep en 2016, écrasée par des bombardements et un siÚge asphyxiant pour forcer les combattants antirégime à déposer les armes. Les principaux groupes rebelles contrÎlant la Ghouta orientale, Jaich al-Islam et Faylaq al-Rahmane ont rejeté toute évacuation de civils et de combattants.

Jeudi, le représentant syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, a réitéré la détermination du régime à reconquérir l'ensemble du territoire, y compris la Ghouta. "Oui la Ghouta orientale deviendra un nouvel Alep". Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie qui a opposé d'abord les rebelles au régime, s'est complexifié avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangÚres.

Grùce à l'appui militaire de Moscou, le régime a renversé la donne en multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reprendre le contrÎle de plus de la moitié du territoire.

AFP

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