Dans un climat électrique

Législatives : dernier jour de campagne, les candidats appellent à la mobilisation

  • Publié le 5 juillet 2024 à 06:32
  • Actualisé le 5 juillet 2024 à 09:07
Affiches de campagne pour les élections législatives, le 25 juin 2024 à Parempuyre, en banlieue de Bordeaux

Quelques heures avant le silence : à minuit vendredi soir la campagne des législatives prendra officiellement fin, les responsables politiques profitant de ce dernier jour pour multiplier les prises de parole avant de retenir leur souffle face à un scrutin historique.

L'extrême droite va-t-elle obtenir une majorité absolue pour la première fois en France ? La stratégie de désistement de ses opposants va-t-elle lui barrer la route ? Le camp présidentiel va-t-il sauver les meubles ?

"Il y a 16 millions d'abstentionnistes et c'est eux qui font la décision", a appelé jeudi soir le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. "Nous pouvons gagner", a-t-il martelé sur TF1 au nom de l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire, avant d'avertir "que madame (Marine) Le Pen aussi peut gagner".

A ce stade de la campagne les sondages prédisent davantage une majorité relative au RN et à ses alliés.

Un sondage Ifop paru jeudi pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, estime que l'extrême droite pourrait avoir entre 210 et 240 députés, une progression qui serait spectaculaire par rapport aux 88 députés RN sortants, mais insuffisante pour atteindre seul la majorité absolue (289 députés).

Le même sondage voit le Nouveau Front populaire deuxième avec 170 à 200 députés, devant le camp présidentiel (entre 95 et 125 députés), qui profiterait notamment des nombreux désistements de candidats hostiles au RN.

De son côté le président du Rassemblement national Jordan Bardella s'est dit "confiant". "Je pense que les Français veulent tourner la page de sept années de macronisme, de sept années de brutalité", a-t-il argué, appelant les électeurs à lui confier une majorité absolue.

"Ou alors le pays est bloqué".

Un argumentaire que devrait répéter vendredi matin la présidente sortante du groupe RN Marine Le Pen, invitée sur Europe 1 et CNews.

Dans un communiqué jeudi, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a lui fustigé le "populisme" et "le nationalisme", qui "n'ont jamais été dans l'Histoire un rempart contre l'antisémitisme", et appelé à ne voter ni pour le RN ni pour LFI.

Si le RN n'obtient pas la majorité absolue, la question se posera de savoir avec qui le camp présidentiel peut gouverner au sein d'une "grande coalition" à laquelle LFI a déjà dit ne pas vouloir participer.

Pour l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron pourrait être contraint d'endosser "l'alliance de toutes les droites, comprenant "macronistes, des LR et le RN", "parce qu'il en va de son siège". Car "s'il n'y a pas de majorité, la solution pour sortir de l'impasse c'est que lui il s'en aille", a-t-il encore fait valoir.

M. Mélenchon a également balayé la possibilité que ses partenaires de gauche puissent s'allier à M. Macron dans une grande coalition qui exclurait LFI. "Je ne crois pas qu'ils le feront", a-t-il dit, car "personne n'a envie de porter la chasuble du traître toute sa vie".

Le député François Ruffin a de son côté assigné le costume du "boulet" à Jean-Luc Mélenchon, qu'il voit comme un "obstacle au vote" dans "des terres populaires de province". Entre le député de la Somme, qui a indiqué qu'il ne siègerait plus dans le groupe Insoumis, et le leader de LFI, le torchon brûle: "Il y a une règle de météo politique. Quand le vent souffle fort, il emporte aussi les girouettes", a mis en garde M. Mélenchon, invitant M. Ruffin à ne pas "régler ses comptes" à l'aune de "législatives dangereuses".

- "Aucune voix ne doit manquer" -

Capitaine d'un contingent macroniste à qui les sondages prédisent une centaine de pertes, Gabriel Attal multipliera les apparitions dans les médias vendredi (France Bleu à midi, TF1 à 13H00 et France 2 à 20H00).

"J'assume dans cette campagne de me jeter de toutes mes forces pour empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue", a déclaré le chef du gouvernement, qui fera aussi campagne à Paris et dans les Hauts-de-Seine.

Alors que la participation a été très forte au premier tour, les dirigeants politiques de tous bords semblent vouloir éviter toute forme de relâchement dans l'électorat.

"Ne cédez pas à tous ceux qui tentent de vous empêcher de gagner", a lancé Jordan Bardella à ses partisans, fustigeant la pratique du désistement contre le RN.

"Il n'y a aucune raison de baisser notre degré de vigilance. Aucune voix ne doit manquer", a appelé la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier. "Je lance un appel pour qu'il n'y ait pas une seule voix qui manque dimanche", a abondé son homologue socialiste Olivier Faure.

Saluant l'"effort" des retraits à gauche et chez les macronistes, l'ancien président François Hollande a lui aussi alerté contre un excès de confiance : "ça ne veut pas dire que, parce que des états-majors ou des candidats se sont eux-mêmes désistés, les électrices et les électeurs vont suivre les consignes".

"Il n'y a rien d'indigne dans l'idée de voter contre (...) en acceptant de voter pour des gens dont on ne partage pas les idées simplement pour éviter une catastrophe", a aussi appelé Raphaël Glucksmann, qui ira vendredi à Marseille soutenir Pascaline Lécorché, candidate Place publique dans les Bouches-du-Rhône.

Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro paru jeudi, 52% des Français désapprouvent la pratique du désistement, une légère majorité qui masque une véritable fracture selon les opinions politiques : 79% des électeurs du Nouveau Front populaire et 74% de ceux du camp présidentiel disent l'approuver, contre seulement 32% de ceux des Républicains et 15% des électeurs du Rassemblement national.

- Climat électrique dans la campagne -

Alors que la campagne bat encore son plein dans 501 des 577 circonscriptions, après 76 élections au premier tour, les derniers jours sont marqués par une multiplication des accrochages verbaux mais aussi physiques.

Mercredi soir, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, candidate dans les Hauts-de-Seine, a été victime, avec son équipe, d'une agression lors d'une opération de collage d'affiches.

"Choquée mais déterminée" à faire campagne, elle a reçue jeudi le soutien du Premier ministre Gabriel Attal sur place. "J'appelle tous les républicains à se dresser contre ces agressions qui sont insupportables et à les condamner explicitement et fermement", a lancé le chef du gouvernement.

En Savoie, une candidate du RN Marie Dauchy a porté plainte après avoir été violemment prise à partie par un commerçant sur un marché. En Isère, l'ancien ministre Olivier Véran a dénoncé jeudi l'agression d'un élu local qui collait des affiches pour sa campagne.

Le gouvernement se prépare à l'éventualité de troubles à l'ordre public dimanche soir, sans pour autant que ceux-ci soient clairement identifiés. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que "30.000 policiers et gendarmes dont 5.000 à Paris et sa banlieue" seraient mobilisés.

Des témoignages font également état d'une multiplication des incidents et des insultes racistes dans le pays.

Interrogé sur les nombreux candidats du RN épinglés ces derniers jours pour leurs propos notamment xénophobes ou antisémites, Marine Le Pen a fait un distinguo entre "des propos qui sont inadmissibles et qui, très certainement, entraîneront des sanctions" et "des propos qui sont des maladresses" face aux "grands inquisiteurs de la presse".

Les candidats RN sont "des braves gens" qui "se présentent parce que l'Assemblée nationale doit être à l'image de la France, pas l'image de Sciences Po", a-t-elle défendu.

"Quand c'est un candidat sur trois pour lesquels on a des propos problématiques, ce n'est pas quelques brebis galeuses, c'est tout le troupeau qui est malade", a raillé jeudi soir sur France 2 Gabriel Attal.

De son côté le capitaine de l'équipe de France Kylian Mbappé a estimé d'Allemagne qu'il y avait "urgence à aller voter après les résultats catastrophiques" du premier tour : "on ne peut pas mettre le pays entre les mains de ces gens-là", a-t-il lancé, sans toutefois citer explicitement le RN.

Lire aussi - Législatives : prises à partie, agressions... les violences politiques fusent

AFP

guest
4 Commentaires
Pour information
Pour information
1 an

La gauche a voté pour Chirac (droite) lors du second tour des présidentielles contre jean marie Lepen (père de marine lepen). Chez les Lepen cela reste en famille.

Mi dit mi pense
Mi dit mi pense
1 an

Les électeurs sont assez intelligents pour aller faire leur devoir citoyen !

Plus que des articles de presse péi paraissent négatifs plus le RN dans le silence engrangerait des votes

RN danger pour la démocratie
RN danger pour la démocratie
1 an

Le RF parti Fhaine est un danger pour la democratie

Man974
Man974
1 an

Voter RN, c'est nier notre devise républicaine commune "liberté, égalité, fraternité". Pourquoi ?
Parce que les premières mesures que prendra ce parti raciste, c'est :
- la fin du droit du sol : si vous naissez sur le territoire français, vous ne serez plus automatiquement français.
- la préférence nationale : il faudra être "français de souche" (blanc évidemment, avec des ancêtres de nationalité française sur x générations) pour accéder aux droits fondamentaux : emploi, sécurité sociale, retraite, allocations familiales, allocations chômage, RSA, etc...
- la discrimination à l'embauche des bi-nationaux : si vous êtes bi-national, vous ne pourrez plus obtenir un emploi dans l'administration.
Les réunionnaises et les réunionnais veulent-ils vraiment mettre au pouvoir ce parti anti républicain ?