La gauche revendique Matignon

Législatives : pour Macron, la déroute évitée, la suite à inventer

  • Publié le 8 juillet 2024 à 09:18

Avec sa coalition arrivée en deuxième position devant le Rassemblement national, Emmanuel Macron a évité la déroute annoncée après la dissolution de l'Assemblée, mais la suite reste à inventer, avec une gauche qui revendique Matignon, une droite qui refuse l'alliance et des troupes profondément divisées.

Lui qui expliquait, peu avant sa réélection en 2022, que la France n'avait "pas un régime parlementaire" va devoir composer avec des adversaires, sans lesquels aucune majorité, même relative, n'est possible.

Un soulagement certain parcourait le camp présidentiel dimanche soir. "Le bloc central est bien vivant", souligne l'entourage du chef de l’État, incitant cependant à la "prudence".

Quelques jours après la dissolution, décidée au soir de la lourde défaite enregistrée aux élections européennes, l'entourage du président expliquait d'abord que celui-ci avait "confiance" : "Il n'y va pas pour une petite majorité".

Mais contrairement aux plans élyséens, la gauche ne s'est pas divisée. Et le discours élyséen a donc évolué au fur et à mesure de la campagne éclair, vantant trois jours avant le second tour "l'esprit de coalition".

Emmanuel Macron "l’a toujours poussé, dès février 2017 dans un meeting. Il le redit en juin 2022, il le fait régulièrement pendant le mandat" mais "jamais les forces politiques n'ont voulu y venir", expliquait encore ce même entourage présidentiel.

Quelle suite à ce scrutin qui ne dégage aucune majorité absolue au Palais Bourbon ? "La question est qui pour gouverner désormais et atteindre la majorité", fait-on valoir à l’Élysée.

- Attal tourné vers l'avenir -

Les macronistes vont-ils se tourner vers la gauche, qui a d'ores et déjà revendiqué la tête du gouvernement et qu'ils n'ont cessé d'attaquer pendant les campagnes européenne et du premier tour des législatives ?

Le Nouveau Front populaire "est loin de la majorité absolue", a fait valoir François Bayrou.

Le camp présidentiel présentera des "conditions préalables à toute discussion" en vue d'une majorité, a prévenu dimanche le patron de Renaissance Stéphane Séjourné, citant la laïcité, la construction européenne et le soutien à l'Ukraine, et concluant que "Jean-Luc Mélenchon et un certain nombre de ses alliés ne peuvent gouverner la France".

Édouard Philippe a lui aussi appelé les forces politiques à "favoriser la création d'un accord" sans le Rassemblement national ni la France insoumise.

L'appoint des Républicains (LR) --55 à 75 sièges-- semble insuffisant pour atteindre la majorité absolue, d'autant que Laurent Wauquiez, de retour à l'Assemblée, a fermé la porte dès dimanche soir: "pour nous, il n’y aura ni coalition ni compromission".

En interne également, le camp Macron peut s'attendre à de grands chambardements. Alors que la cote d'Emmanuel Macron a baissé, celle de Gabriel Attal n'a cessé d'augmenter.

"Cette dissolution, je ne l'ai pas choisie, mais j'ai refusé de la subir", a souligné dimanche soir M. Attal, qui remettra lundi sa démission au président, tout en se tenant prêt à rester en poste en vue des JO.

De nombreuses sources prêtent déjà au chef du gouvernement de prendre la tête du groupe Renaissance à l'Assemblée. Une concurrence s'annonce également avec Gérald Darmanin. Réélu dans le Nord, le ministre de l'Intérieur a évoqué dès dimanche soir une "alliance politique" avec la droite. Sur fond de possible rapprochement avec Horizons.

Les personnalités macronistes ont connu dimanche des fortunes diverses: les ministres Stanislas Guérini et Sarah El Haïry ont été battus à Paris et en Loire-Atlantique, comme les ex-ministres Olivier Véran et Nadia Haï en Isère et dans les Yvelines.

En revanche, la présidente sortante de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a été réélue dans les Yvelines, comme Elisabeth Borne dans le Calvados.

L'ex-ministre Nadia Haï a été battue dans les Yvelines par Aurélien Rousseau, ex-directeur de cabinet d'Elisabeth Borne qui se présentait sous les couleurs de la gauche.

AFP

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974
2 mois

Il n'avait pas le profil pour être président de la république