Election partielle en Angleterre

Les "LibDems" annoncent un "désastre" pour Boris Johnson

  • Publié le 17 décembre 2021 à 06:47
  • Actualisé le 17 décembre 2021 à 06:52

Le parti libéral-démocrate britannique, rival des conservateurs de Boris Johnson, s'attend à remporter "confortablement" dans la nuit de jeudi à vendredi une élection législative partielle en Angleterre, annonçant une défaite lourde de conséquences pour le Premier ministre britannique.

"Nous n'allons pas seulement gagner, nous allons gagner confortablement", a déclaré sur la chaîne Sky News la députée LibDem Christine Jardine. Un porte-parole du parti a lui salué une nuit "incroyable pour les Libéraux-démocrates et un désastre pour Boris Johnson".

Le député conservateur Edward Timpson a concédé sur Sky News une soirée "très difficile" pour le parti majoritaire.
Affaibli dans son camp, cerné par les scandales, Boris Johnson attend dans la nuit le verdict des urnes du North Shropshire, qui risque de lui coûter bien plus qu'un bastion conservateur.

Le taux de participation dans cette circonscription très rurale de l'Angleterre, acquise depuis des décennies aux Tories, s'est élevé à 46,3% (soit 38.110 votants), bien loin des 62,9% atteints lors des élections générales de décembre, qui avaient vu triompher le parti de Boris Johnson sous la promesse de réaliser le Brexit.

Selon son ampleur, une défaite placerait Boris Johnson dans une dangereuse crise d'autorité, en pleine flambée épidémique - plus de 88.000 nouveaux cas jeudi, un nouveau record pour le deuxième jour consécutif - due au variant Omicron. Les électeurs sont appelés aux urnes pour choisir le successeur du député Owen Paterson, en poste depuis 1997, qui a dû démissionner pour une affaire de lobbying.

Aux dernières législatives de 2019, il avait obtenu 62,7% des suffrages et une confortable majorité de presque 23.000 voix. Mais, cette fois, le scrutin est loin d'être une simple formalité pour le Parti conservateur de Boris Johnson, entouré par les scandales.

Boris Johnson était venu à la rescousse de M. Paterson en tentant de modifier les règles disciplinaires du Parlement, avant de reculer face au tollé jusque dans son propre camp.

Ce scandale, qui s'inscrit dans une longue série d'affaires embarrassantes - des accusations de corruption dans son parti à celles de violations des restrictions sanitaires - ont fragilisé Boris Johnson.

Longtemps blindée, la popularité du dirigeant s'est effondrée et de récents sondages sur les intentions de vote donnaient au niveau national plusieurs points d'avance à l'opposition travailliste.

- "Pas contents" -

En particulier, des révélations récentes sur la tenue d'événements festifs fin 2020 à Downing Street passent très mal auprès des Britanniques alors priés de réduire à l'extrême leurs interactions sociales.

S'y est ajoutée jeudi la révélation par les journaux The Guardian et The Independant d'une brève apparition de Boris Johnson à un pot à Downing Street le 15 mai 2020, malgré les restrictions sanitaires. Downing Street a évoqué une réunion "avec le ministre de la Santé de l'époque (Matt Hancock NDLR) et son équipe dans le jardin après une conférence de presse".

Jeudi soir, le Daily Mirror a quant à lui révélé la tenue d'une fête de Noël l'an dernier au ministère des Transports, au mépris d'un resserrement des restrictions entré en vigueur le jour même. Le ministre Grant Shapps n'avait "aucune idée" de ces festivités, selon son porte-parole cité par le journal, tandis que le ministère a présenté ses excuses et dénoncé une "erreur de jugement".

Ces affaires tombent au plus mal pour M. Johnson, au moment critique où le Royaume-Uni est confronté, selon ses termes, à un "raz-de-marée" de contaminations dues au variant Omicron du coronavirus dans un pays qui déplore près de 147.000 morts. Sa crédibilité fragilisée, il a peiné mardi au Parlement à faire accepter de nouvelles restrictions anti-Covid.

Camouflet ultime, il y a affronté une fronde inédite de sa majorité: 99 députés ont voté contre l'instauration d'un pass sanitaire pour les grands événements, jugée liberticide, mesure finalement adoptée grâce aux voix de l'opposition travailliste.

A l'échelle du parti, seule l'ancienne Première ministre Theresa May avait connu pire depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Premier ministre a reçu "le message très clair que ses collègues ne sont pas contents de la façon dont le gouvernement fonctionne en ce moment", a expliqué mercredi le député conservateur Mark Harper sur Times Radio, alors que les travaillistes l'estiment "trop faible pour gouverner".

Face au mécontentement grandissant des Tories, qu'une défaite électorale jeudi viendrait renforcer, Boris Johnson se trouve dans une position de plus en plus précaire. Le Parti conservateur pourrait organiser un vote de défiance à son encontre, en vue de le remplacer à la tête de l'exécutif. Les noms qui circulent le plus sont ceux de ses ministres des Affaires étrangères Liz Truss et des Finances Rishi Sunak.

AFP

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