Les ministres de l'Energie des pays du G20 tiennent vendredi une réunion virtuelle, sur fond de tractations ardues pour obtenir une baisse massive de la production pétroliÚre, et l'annonce du Mexique sur un accord avec Washington pourrait mettre fin à l'impasse.
En raison du confinement de la moitiĂ© de la population mondiale pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, la demande de pĂ©trole est en chute libre, alors mĂȘme que l'offre Ă©tait dĂ©jĂ en excĂ©dent.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait évoqué, vendredi matin dans un communiqué, une entente préalable sur une diminution de l'offre mondiale - de 10 millions de baril de brut par jour (mbj) en mai et juin - lors d'une réunion des principaux pays producteurs de pétrole, dont la Russie non membre du cartel mais deuxiÚme producteur mondial et chef de file des partenaires du cartel.
Mais le Mexique, pays non-membre de l'Opep, n'a pas donné son approbation, indispensable pour entériner cette décision, à la hauteur de la crise qui frappe le secteur.
- "Stabilité nécessaire" -
Or le prĂ©sident mexicain, AndrĂ©s Manuel Lopez Obrador, a indiquĂ© lors d'une confĂ©rence de presse ĂȘtre parvenu Ă un accord avec son homologue amĂ©ricain, Donald Trump, pour rĂ©duire la production de pĂ©trole de son pays.
Il a précisé que le Mexique allait réduire ses pompages de 100.000 barils par jour (bj) et que les Etats-Unis allaient de leur cÎté diminuer les leurs de 250.000 bj supplémentaires par rapport à leurs engagements précédents pour compenser la part mexicaine. La Maison Blanche n'a pas confirmé cette annonce dans l'immédiat.
"On nous demandait une réduction équivalente à celle de l'Arabie saoudite ou de la Russie, de l'ordre de 23% de la production", a fait valoir le président mexicain. "On a maintenu notre position jusqu'à la fin car cela nous a demandé beaucoup d'efforts d'augmenter notre production", a-t-il ajouté.
Premier exportateur mondial de pétrole et membre de l'Opep, l'Arabie saoudite a donné le coup d'envoi vendredi d'une réunion virtuelle des ministres de l'Energie du G20, dont elle assure la présidence tournante, dans le but affiché d'élargir l'accord de réduction de la production aux non-membres de l'Opep, comme les Etats-Unis et le Mexique.
Le directeur exĂ©cutif de l'Agence internationale de l'Ă©nergie (AIE), Fatih Birol, a dit espĂ©rer que cette rĂ©union puisse donner lieu Ă une "stabilitĂ© si nĂ©cessaire aux marchĂ©s pĂ©troliers". "L'extrĂȘme volatilitĂ© observĂ©e sur les marchĂ©s porte prĂ©judice Ă l'Ă©conomie mondiale au moment oĂč nous pouvons le moins nous le permettre".
Le retrait de 10 mbj en mai et juin, puis de 8 mbj de juillet à décembre, serait pour l'essentiel supporté par l'Arabie saoudite et la Russie, mais au moins une vingtaine d'autres pays devraient participer à l'effort, d'aprÚs Bloomberg.
Alors qu'ils tournaient encore autour de 60 dollars il y a quelques mois, les cours du baril ont atteint en début de semaine derniÚre des niveaux plus vus depuis 2002. Le prix du baril selon le panier de l'Opep est juste au-dessus de 21 dollars. Et les 13 pays de l'Opep et leurs 10 partenaires, avec lesquels ils forment l'alliance Opep+, tentent de réagir.
Pour organiser la rĂ©union extraordinaire des principaux pays producteurs, Ryad et Moscou avaient mis fin Ă la guerre des prix et des parts de marchĂ© qu'ils avaient dĂ©clenchĂ©e aprĂšs leur derniĂšre confĂ©rence, le 6 mars Ă Vienne. Moscou avait claquĂ© la porte de l'Opep+ et Ryad avait ouvert les vannes et bradĂ© son pĂ©trole Ă destination de l'Europe. Mais les deux pays ont Ă©tĂ© surpris par la rapiditĂ© de la propagation du virus qui a pĂ©nalisĂ© la demande au moment oĂč l'offre de brut est excĂ©dentaire.
- Scepticisme -
MĂȘme en cas d'accord, plusieurs analystes disent douter de la capacitĂ© des producteurs Ă soutenir les cours. "Une rĂ©duction de 10 millions de barils par jour en mai et juin empĂȘchera d'atteindre les limites de stockage et Ă©vitera aux prix de tomber dans un abĂźme, mais elle ne permettra toujours pas de rĂ©tablir l'Ă©quilibre souhaitĂ© du marchĂ©", selon les analystes de Rystad Energy.
Désireuse de forger la coalition la plus large possible, l'Opep+ a, pour la premiÚre fois, invité des pays producteurs extérieurs à son alliance. Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a salué jeudi la présence de neuf pays supplémentaires, dont le Canada et la NorvÚge.
Les Etats-Unis, quoique conviés, ne peuvent pas participer directement en raison de leur sévÚre réglementation antimonopole. Le pays, qui n'est pas non plus membre de l'Opep+, souhaite une réduction de l'offre pour stabiliser les prix et redonner de l'air à son industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté.
Une réunion de l'Opep est programmée le 10 juin.
AFP
