Les pharmaciens d’officine ont obtenu la suspension temporaire d’une mesure réduisant les remises commerciales possibles sur les génériques contre laquelle ils protestaient depuis cet été, ont annoncé mercredi Matignon et la principale organisation syndicale du secteur (Photo : sly/www.imazpress.com)
"Le gouvernement suspend partiellement, pour une durée minimale de trois mois, l’application de l’arrêté" abaissant le plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques, ont indiqué dans un communiqué les services du Premier ministre à l’issue d’une rencontre avec la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession (FSPF et USPO).
Matignon s’est félicité d’"un accord équilibré, combinant des réponses immédiates et des engagements structurants pour l’avenir des officines".
"C’est une victoire d’étape pour les pharmaciens dont la forte mobilisation a, dans l’immédiat, porté ses fruits", s’est de son côté réjouie la FSPF.
- Un décret plafonne les marges des pharmacies -
L’arrêté publié le 6 août avait plafonné dès début septembre les remises commerciales sur les médicaments génériques à 30% du prix de ces produits au lieu de 40% auparavant. Ce plafond devait encore diminuer progressivement pour atteindre 20% début juillet 2027.
Le texte avait déclenché une levée de bouclier chez les pharmaciens pour qui les remises, qui ont pour but d’encourager la dispensation de médicaments génériques, moins chers que les originaux, génèrent une source significative de revenus.
Il a été convenu par ailleurs que "l’offre de soins de proximité sera renforcée grâce à l’accompagnement de missions de santé publique dans 900 pharmacies rurales et plus globalement dans les territoires fragiles", selon les services du Premier ministre.
Les pharmaciens se sont engagés à prendre en charge des patients se présentant en officine pour "les maux du quotidien", comme des petites plaies ou brûlures, dans des communes dénuées de médecins, selon le président de la FSPF, Philippe Besset.
Selon le communiqué de Matignon, les pharmaciens concernés pourront proposer de "réaliser des tests d’orientation diagnostique" pour les angines ou les cystites, avec prescription d’un traitement si nécessaire. Ils pourront également "renouveler les ordonnances de contraceptifs oraux jusqu’à six mois après leur expiration" et "prolonger, jusqu’à trois mois, le renouvellement de traitements chroniques stables (comme l’hypertension ou le diabète), afin d’éviter toute rupture de soins".
Autre décision prise mercredi, "une mission est lancée sur les flux financiers de la distribution du médicament", selon Matignon.
Les conclusions de cette mission, confiée à l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des finances (IGF), "donneront lieu à de nouvelles propositions du gouvernement" concernant le modèle économique officinal, selon la FSPF.
Les pharmaciens se sont mobilisés plusieurs mois (grèves des gardes avec refus du tiers payant en cas de réquisition, fermeture le 16 août puis grève massive le 18 septembre) pour alerter sur les conséquences sur l’emploi de la mesure concernant les prix des génériques, pointant des risques de fermetures des officines les plus fragiles, particulièrement en zone rurale.
Lire aussi - 90% des pharmacies de La Réunion ferment un jour "afin de rester ouvertes toujours"
AFP