Précarité

Logement social : 2,7 millions de demandes mi-2024, un nouveau record

  • PubliĂ© le 12 septembre 2024 Ă  15:54
logement social

Le nombre de demandeurs de logement social a battu un nouveau record mi-juin, avec 2,7 millions de mĂ©nages enregistrĂ©s en France, alors que la politique du logement est Ă  l'arrĂȘt depuis trois mois sur fond de crise de l'ensemble de la filiĂšre. (Photo photo RB imazpress )

Selon Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH) qui représente les bailleurs sociaux, le nombre de ménages en attente d'un logement social a atteint 2,7 millions au premier semestre 2024, soit une augmentation de 100.000 demandeurs par rapport à 2023, un "nouveau record".

"C'est une demande qui augmente partout. C'est le mĂȘme phĂ©nomĂšne que les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes dans toutes les rĂ©gions et qui montre combien la question de l'accĂšs Ă  un logement abordable demeure trĂšs importante", a commentĂ© mercredi Mme Cosse lors d'une confĂ©rence de presse.

Dans le détail, plus d'1,8 million de ménages sont en attente d'un premier logement et 870.000 déjà logés dans le parc existant en attendent un nouveau.

- "Logements perdus" -

"On a une accélération de la demande au premier semestre et c'est ça qui est relativement inquiétant", a pointé l'ex-ministre du Logement. Cette dégradation s'accompagne d'une baisse du nombre d'agréments de nouveaux logements sociaux.

Quelque 82.200 logements sociaux ont été agréés en 2023, contre 124.200 en 2016, soit un total de 182.300 "logements perdus" au fil des années, comptabilise l'USH qui prend l'année 2016 comme référence.

Outre les effets de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, les bailleurs incriminent la baisse des objectifs de production de l'Etat et la "réduction de loyer de solidarité" (RLS) qui leur est imposée depuis 2018 pour compenser la baisse de cinq euros de l'aide personnalisée au logement (APL).

Emmanuelle Cosse a par ailleurs dénoncé un gel des crédits accordés à la rénovation HLM.

L'ancien ministre du Logement Patrice Vergriete avait annoncé en octobre, en clÎture du congrÚs HLM à Nantes, une enveloppe de 1,2 milliard d'euros sur trois ans, soit 400 millions d'euros par an, pour rénover le parc social.

"Le gouvernement dĂ©missionnaire n'a pas tenu ses engagements (...) Cette enveloppe a d'ores et dĂ©jĂ  Ă©tĂ© gelĂ©e sans dĂ©bat prĂ©alable en juillet par (le ministre dĂ©missionnaire de l'Économie) Bruno Le Maire de plus de la moitiĂ©", a affirmĂ© Mme Cosse.

Une situation d'autant plus dommageable selon elle que les bailleurs étaient "capables de consommer un milliard d'aides".

"Le gouvernement n'a mĂȘme pas Ă©tĂ© capable de tenir six mois sur un engagement qu'il a pris, qu'il a portĂ© dans la loi de Finances, c'est absolument inadmissible", a-t-elle dĂ©plorĂ©.

- "14 milliards" -

Le mouvement HLM évalue par ailleurs à "14 milliards d'euros" le montant des financements "pris au logement social depuis l'été 2017", du fait de l'impact de la RLS, de l'augmentation du taux du livret A à 3% et de la hausse du taux de TVA de 5,5% à 10% sur le logement social.

Les bailleurs sociaux sont largement financĂ©s par l'Ă©pargne, notamment via le livret A. La Caisse des dĂ©pĂŽts utilise la ressource du livret A pour prĂȘter de l'argent aux organismes du logement social et les prĂȘts sont indexĂ©s sur le taux du livret A.

Quand les taux d'intĂ©rĂȘt remontent, leur dette s'alourdit.

La présidente de l'USH s'exprimait en amont du CongrÚs HLM, organisé du 24 au 26 septembre à Montpellier sur le thÚme de "l'innovation" en matiÚre de construction, de social ou d'environnement.

"Je veux proposer au Premier ministre un pacte gagnant-gagnant", a interpellé Mme Cosse, estimant que le gouvernement a besoin du mouvement HLM "pour décarboner" le parc de logements et "assurer à la filiÚre du bùtiment un volume de rénovation sur des années".

Dans un contexte politique et Ă©conomique "extrĂȘmement flou", "notre crainte, c'est d'une part de manquer de visibilitĂ©, mais surtout qu'on soit face Ă  un budget qui soit un budget rĂ©cessif et qui nous coupe les jambes", a-t-elle dĂ©clarĂ©, rappelant aussi la situation "extrĂȘmement dramatique" des acteurs privĂ©s du logement.

AFP

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