Mais exclut les retraites

Macron souhaite plusieurs référendums "en même temps" dans les "mois qui viennent"

  • Publié le 14 mai 2025 à 05:12
  • Actualisé le 14 mai 2025 à 06:04
Le président Emmanuel Macron, le 13 février 2025 à l'Elysée, à Paris

Emmanuel Macron a longuement défendu, mardi sur TF1, ses huit ans d’action à l’Élysée, redoublant de pédagogie sur les questions internationales tout en restant inflexible sur sa politique intérieure, en repoussant notamment un référendum sur sa réforme des retraites.

Privé de majorité à l’Assemblée, largement cantonné depuis la dissolution de l’Assemblée à son rôle diplomatique dans un contexte de vives tensions planétaires, le chef de l’État a cependant esquissé quelques pistes pour la situation française, prônant notamment la tenue "dans les prochaines semaines d’une "conférence sociale".

Le "financement de notre modèle social" repose "beaucoup trop sur le travail", a jugé M. Macron, qui souhaite également l’ouverture d’une "négociation sociale" sur "la qualité" et "l’évolution des formes de travail".

Des pistes pour le gouvernement de François Bayrou, réputé avoir la main sur la conduite des affaires. Pour le reste, le président de la République a longuement défendu son bilan économique et social, de sa politique fiscale menée dès 2017 à la réforme des retraites adoptée sans vote par l’article 49.3, un an après sa réélection.

- Macron souhaite plusieurs référendums "en même temps" dans les "mois qui viennent"

Emmanuel Macron a déclaré mardi vouloir organiser plusieurs référendums "en même temps" dans les "mois qui viennent" sur de "grandes réformes économiques, éducatives ou sociales" ou "institutionnelles", en excluant toutefois le thème de l’immigration.

"Je souhaite qu’on puisse organiser une consultation multiple, c’est-à-dire (...) plusieurs référendums en même temps dans les mois qui viennent", a dit le chef de l’Etat sur TF1.

"On a des réformes institutionnelles qui sont à prévoir. On a des grandes réformes économiques qui peuvent être portées et on a la fin de vie" si la proposition de loi sur ce sujet devait s’enliser au Parlement, a-t-il précisé.

"À chaque fois qu’on sera trop lent ou bloqué par la situation politique, on peut aller au référendum et je prendrai mes responsabilités", a-t-il ajouté, tout en appelant les forces politiques au Parlement à "travailler ensemble".

Emmanuel Macron s’est refusé toutefois à fixer par avance les sujets sur lesquels les Français pourraient être consultés.

"Je ne veux pas ici donner trop précisément les thèmes parce que c’est au gouvernement de finir ce travail et après à moi de prendre la décision", a-t-il relevé, évoquant le mois de « juin » pour des propositions gouvernementales et ensuite "plusieurs mois" pour organiser des référendums.

Il s’est dit notamment ouvert à ce que des "réformes" du Premier ministre François Bayrou sur le "plan économique et social" fassent l’objet d’une consultation. "La fiscalité, le budget, c’est une compétence du Parlement, ce n’est pas un objet de référendum", a-t-il toutefois souligné.

Concernant une consultation sur la fin de vie, "je ne le ferai que si c’était bloqué" (au Parlement), a-t-il précisé.

Emmanuel Macron ne "voit pas" en revanche de référendum possible sur l’immigration. Pas question non plus pour lui d’accepter un référendum sur la réforme des retraites comme le lui a suggéré la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et alors que de possibles annonces référendaires étaient largement évoquées avant cette émission.

Pas question non plus de nationaliser ArcelorMittal, touché par un plan social, mais Emmanuel Macron s’est engagé "les yeux dans les yeux" à "sauver les sites de Dunkerque (Nord) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

- Surpopulation carcérale : Macron favorable à louer des places de prison à l’étranger "si besoin était" -

Emmanuel Macron s’est dit favorable mardi à la possibilité de "louer" des places de prison dans d’autres pays pour lutter contre la surpopulation carcérale en France.

"Oui, on louera si besoin était les places de prison là où elles sont disponibles", "pas de tabou là-dessus", a déclaré le prédisent sur la chaîne TF1 lors d’une émission de plus de deux heures intitulée « Les défis de la France ».

Certains pays européens, comme la Norvège, la Belgique ou le Danemark ont déjà mis en oeuvre cette pratique ou sont sur le point de le faire.

Il a aussi assuré vouloir "changer les règles" pour la construction des 5.000 places de prison en projet, afin d’avoir "des structures plus légères et beaucoup plus rapides à construire".

Il a par ailleurs qualifié de "tout à fait pertinente" l’idée de faire participer les détenus aux frais de leur incarcération, comme envisagé par le ministre de la Justice Gérald Darmanin.

Le président a également souhaité que le gouvernement légifère pour étendre les pouvoirs de la police municipale à certains actes, comme les saisines, les flagrances, les amendes forfaitaires, "sous l’autorité du procureur".

- Macron contre le port de signes religieux dans les "compétitions" sportives -

Emmanuel Macron s’est prononcé mardi contre le port de signes religieux, comme le voile islamique, dans les compétitions sportives, mais il a jugé que pour la pratique sportive hors compétitions c’était aux fédérations sportives "de décider".

"Je suis pour la charte olympique qui interdit le port de tout signe religieux dans les compétitions", a affirmé le président de la République dans un entretien sur TF1, en invoquant aussi "l’égalité entre les femmes et les hommes".

Dans la pratique du sport hors compétitions, "c’est aux fédérations (sportives) de décider", a-t-il ajouté. "Dans les infrastructures (sportives), pour aller s’entraîner et initier, il faut là du pragmatisme et notre loi ne l’empêche pas (le port des signes religieux)".

- "Rester libre" en Europe -

"Le défi des défis est, dans un monde de plus en plus dangereux, incertain, de rester libre", a lancé le chef de l’État lors de la première partie consacrée aux questions internationales.

Dans ce contexte, il a longuement exposé sa position sur l’Ukraine. "Notre volonté, c’est de prendre des sanctions" dans les prochains jours si la Russie "confirme le non-respect" d’un cessez-le-feu, a-t-il assuré.

Emmanuel Macron a évoqué notamment des "sanctions secondaires" pour les "revendeurs" de "services financiers "ou d’"hydrocarbures", alors que Moscou n’a toujours pas répondu à la proposition des Européens, relayée par les États-Unis, d’un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours en Ukraine.

Un tel cessez-le-feu doit ouvrir la voie à des négociations "territoriales", a-t-il ajouté, pointant des choix douloureux à venir pour les Ukrainiens déjà évoqués par l’administration de Donald Trump.

"Même les Ukrainiens eux-mêmes ont la lucidité de dire (...) qu’ils n’auront pas la capacité de reprendre l’intégralité de ce qui est pris depuis 2014" par la Russie, a déclaré le chef de l’État.

Les événements autour de Ukraine semblent s’accélérer avec une possible rencontre russo-ukrainienne au sommet jeudi à Istanbul.

Le président des Etats-Unis Donald Trump, qui avait envisagé de s’y rendre, a toutefois précisé mardi qu’il y dépêcherait son chef de la diplomatie Marco Rubio.

En outre, dans les réflexions sur la défense européenne, la France est "prête à ouvrir" une discussion sur le déploiement d’avions français armés de "bombes" nucléaires dans d’autres pays européens, à l’instar de ce que font les Américains pour partager leur parapluie atomique, a par ailleurs annoncé Emmanuel Macron.

Plusieurs pays européens, de l’Allemagne à la Pologne, s’intéressent à l’idée française d’un parapluie nucléaire s’élargissant à l’Europe, alors que les États-Unis montrent des velléités de désengagement du continent.

Promettant d’en définir "le cadre de manière très officielle dans les semaines et les mois qui viennent", M. Macron a posé trois conditions à cette réflexion: "la France ne paiera pas pour la sécurité des autres", "ça ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous", et enfin "la décision finale reviendra toujours au président de la République, chef des armées".

Ce que fait le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, "c’est une honte", a par ailleurs répondu M. Macron à propos de la situation à Gaza, jugeant cependant que "ce n’est pas à un président de la République de dire +ceci est un génocide+, mais aux historiens".

- Macron assure ne pas avoir "réfléchi" à son avenir après 2027 -

Le président français Emmanuel Macron a assuré mardi soir qu’il n’avait pas "réfléchi" à la suite de sa carrière une fois son deuxième mandat achevé, la Constitution l’empêchant de concourir à nouveau à l’élection présidentielle en principe en 2027.

Rien ne s’oppose en revanche théoriquement à une nouvelle candidature au scrutin suivant en 2032.

Interrogé sur la chaîne de télévision française TF1 sur ses ambitions, le chef de l’Etat a éludé: "Quand j’aurai fini (l’actuel mandat), je réfléchirai à la suite. A ce moment-là, je pourrai vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi".

Elu en 2017 à l’âge de 39 ans, M. Macron aura 49 ans lorsqu’il quittera l’Elysée en 2027.

AFP

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4 Commentaires
Marchand De Sommeil
Marchand De Sommeil
4 mois

Il a dit faire des référendums mais pas promis de respecter les résultats. Les politiques les respectent que quand cela va dans leur sens. Exemple de non respect: vote des français contre la constitution européenne en 2005, vote favorable en Loire atlantique pour la construction de l'aéroport Notre Dame des Landes mais suivi par l'abandon du projet par Macron et sa clique. De plus, les résultats des dernières législatives, au combien plus important n'ont pas été respecté par ce mec. Il veut juste donner aux francais un os à ronger sur des themes non essentiels et sans enjeux majeur. Pourquoi pas des thèmes qui cristalisent plus le malaise et le mécontentement des français comme la sécurité, l'immigration, la vie cher, le soutien à l'ukraine,....

Eve
Eve
4 mois

Malgré sa double défaite électorale, malgré la censure, malgré trois premiers ministres en 1 an ! Le même déni. La même impuissance. #Macron20h10.

Bertone2
Bertone2
4 mois

Ct du théâtre qu'on a assisté hier tous complice sauf binet mais j'ai un doute

Pierrot 974
Pierrot 974
4 mois

Des référendums, mais seulement de ceux dont les résultats iront dans le sens de ceux voulus par la droite macronarde.
Et alors, ça y est ? C'est "la rue" qui gouverne ?...
On sait déjà que Micron n'a pas respecté le résultat des urnes aux dernières législatives. Les élus du peuple, il les méprise à coups de 49-3.
Aussi, ses soi-disant referendums, il peut se les mettre quelque part.