Syrie

Missiles abattus, selon Damas, l'OIAC attendus Ă  Douma mercredi

  • PubliĂ© le 17 avril 2018 Ă  06:53
  • ActualisĂ© le 17 avril 2018 Ă  09:46
Des militaires russes patrouillent dans les ruines de Douma, le 16 avril 2018

L'agence officielle syrienne a affirmĂ© que des missiles avaient Ă©tĂ© interceptĂ©s mardi par la dĂ©fense aĂ©rienne dans le pays, trois jours aprĂšs des frappes occidentales menĂ©es en reprĂ©sailles Ă  une attaque chimique prĂ©sumĂ©e qui fait l'objet d'une enquĂȘte de l'OIAC dont les enquĂȘteurs sont attendus mercredi Ă  Douma.

La défense aérienne syrienne "a abattu des missiles qui étaient entrés dans l'espace aérien au-dessus de la province de Homs" qui couvre le centre de la Syrie, a affirmé l'agence de presse officielle Sana.

La télévision officielle syrienne n'a pas identifié l'origine des missiles mais a dénoncé une "agression".
InterrogĂ© par l'AFP, un porte-parole de l'armĂ©e syrienne qui a dĂ©jĂ  menĂ© dans le passĂ© des frappes en Syrie, a dĂ©clarĂ© ne pas ĂȘtre "au courant d'un tel incident". Et le Pentagone a dĂ©menti toute implication des Etats-Unis et de leurs alliĂ©s.
Cette annonce intervient trois jours aprÚs les frappes des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne contre des sites militaires du pouvoir de Bachar al-Assad, à la suite de l'attaque chimique présumée du 7 avril dans la ville alors rebelle de Douma, dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas.

C'est Ă  cette ville que les experts de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui ont entamĂ© leur enquĂȘte dimanche, attendaient de pouvoir accĂ©der pour enquĂȘter sur cette attaque au gaz prĂ©sumĂ©e.
La Russie a affirmĂ© que leur entrĂ©e avait Ă©tĂ© retardĂ©e en raison de "problĂšmes de sĂ©curitĂ©", notamment en raison des routes devant ĂȘtre dĂ©minĂ©es. Elle a ensuite assurĂ© que leur arrivĂ©e Ă©tait prĂ©vue mercredi.
La mission de l'OIAC "n'a pas encore été déployée à Douma", a annoncé lundi à La Haye le directeur de l'organisation, Ahmet Uzumcu, lors d'une réunion d'urgence des Etats membres du conseil exécutif. La Syrie et la Russie ont invoqué des "problÚmes de sécurité", a-t-il ajouté.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a niĂ© toute mauvaise volontĂ©, qualifiant les informations faisant Ă©tat d'une "entrave" aux inspecteurs de l'OIAC de "sans fondement" et soulignant que la Russie Ă©tait dĂšs le dĂ©but "pour une enquĂȘte impartiale".

- Travail d'enquĂȘte compliquĂ© -

Les frappes occidentales sont intervenues malgrĂ© la prĂ©sence en Syrie des enquĂȘteurs de l'OIAC qui ont dĂ©butĂ© dimanche leur mission dans le plus grand secret. Ces experts ont pour mandat d'enquĂȘter sur l'utilisation Ă©ventuelle d'armes chimiques, mais pas d'en identifier les auteurs.

Leur travail s'annonce compliqué, plus d'une semaine aprÚs les faits, dans une zone passée depuis sous le contrÎle du régime syrien et de la police militaire russe. Les derniers combattants rebelles de Douma ont quitté samedi la ville en ruines dans le cadre d'un accord de reddition signé le 9 avril, deux jours aprÚs l'attaque présumée.

Les Etats-Unis soupçonnent par ailleurs la Russie d'avoir manipulĂ© le site de Douma pour empĂȘcher la dĂ©couverte de preuves. "Les Russes pourraient avoir visitĂ© le site de l'attaque. Nous craignons qu'ils ne l'aient altĂ©rĂ© dans l'intention de contrecarrer les efforts de la mission de l'OIAC pour mener une enquĂȘte efficace", a dĂ©clarĂ© l'ambassadeur amĂ©ricain auprĂšs de l'organisation, Ken Ward.
"Cela soulĂšve de sĂ©rieuses questions sur la capacitĂ© de la mission d'enquĂȘte de faire son travail", a-t-il ajoutĂ©.
Moscou, grand allié de Damas, s'est engagé à "ne pas s'ingérer" dans le travail de la mission de l'OIAC, officiellement invitée par les autorités de Damas.

Le régime syrien nie que des armes chimiques aient été employées dans le drame de Douma, qui a fait au moins 40 morts et des centaines de blessés selon les secouristes.

- "Demander des comptes" -

Le Royaume-Uni a quant à lui exhorté l'OIAC à "demander des comptes aux auteurs de l'attaque".
"Ne pas agir pour demander des comptes aux auteurs ne fera que créer le risque d'autres utilisations barbares d'armes chimiques, en Syrie et ailleurs", a déclaré l'ambassadeur britannique à La Haye Peter Wilson.
Dans la capitale syrienne, fief du régime, des milliers de personnes ont envahi lundi la place des Omeyyades, fermée à la circulation pour l'occasion, brandissant drapeaux syriens et portraits du président Assad pour dénoncer les frappes occidentales.
Désormais, la priorité est le démantÚlement total du programme chimique syrien, a déclaré l'ambassadeur français à La Haye, Philippe Lalliot.

"Les faits sont lĂ  et tĂȘtus. Ils rĂ©sistent aux mensonges les plus grossiers et aux dĂ©nĂ©gations les plus absurdes", a-t-il dit, affirmant qu'il n'y avait plus de doutes: "la Syrie a conservĂ© un programme chimique clandestin depuis 2013".
Cette année-là, aprÚs l?attaque au gaz sarin de la Ghouta qui déjà avait fait plusieurs centaines de morts selon les Occidentaux, le régime de Bachar al-Assad avait fini par rejoindre l'OIAC sous la pression internationale, et pris l?engagement formel de déclarer tous ses stocks et de ne plus jamais utiliser d?armes chimiques.
Paris a annoncé lundi avoir engagé la procédure de retrait de la légion d'honneur, plus haute distinction française, à l'encontre de Bachar al-Assad.

Par ailleurs, Américains, Français et Britanniques ont présenté à l'ONU un nouveau projet de résolution sur la Syrie, visant selon l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, à "relancer une action collective pour le Conseil de sécurité sur le dossier chimique, pour protéger la population civile et travailler sur un rÚglement politique de la crise syrienne".

AFP

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