Le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot a annoncé mardi sur France Inter avoir décidé de quitter le gouvernement, considérant que son action n'avait permis d'obtenir que des "petits pas" en matière environnementale. "Je ne veux plus mentir, je ne veux pas donner l'illusion que la présence au gouvernement signifie que l'on est à la hauteur de ces enjeux (environnementaux)" a souligné Nicolas Hulot.
"Je prends pour la première fois la décision la plus difficile de ma vie", "je prends la décision de quitter le gouvernement", a déclaré Nicolas Hulot, après avoir confié qu'il se sentait "tout seul à la manœuvre" sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement. Regardez
#NicolasHulot Démission tardive mais courageuse d'Hulot qui permet d'acter que le double-discours permanent du gouvernement sur l'écologie et la victoire des lobbies privés sur tous les arbitrages importants faisaient de lui une simple caution politique. pic.twitter.com/1dkLpNF0Nk
— Gilles Hérail (@GillesHerail) 28 août 2018
"Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d'autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent... la réponse, elle est non", a-t-il considéré. Une décision qui semblait devenue inévitable : pratiquement dès sa nomination, des écologistes avaient critiqué la présence de Nicolas Hulot au gouvernement vu la politique du gouvernement, notamment en ce qui concerne le nucléaire.
"Je me surprends tous les jours à me résigner, à m'accommoder de petits pas", a ajouté l'ex-présentateur d'"Ushuaïa", espérant que sa démission pourrait provoquer un "sursaut".
- "Pas de pouvoir" -
"Je sais que seul je n'y arriverai pas. (?) j'ai un peu d'influence, je n'ai pas de pouvoir", a-t-il estimé, la gorge nouée. Nicolas Hulot a précisé qu'il n'avait prévenu à l'avance ni le président ni le Premier ministre de cette décision, par crainte qu'ils ne le convainquent de rester au gouvernement. "C'est une décision d'honnêteté et de responsabilité", a-t-il déclaré.
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"Le Premier ministre, le président de la République ont été pendant ces 14 mois à mon égard d'une affection, d'une loyauté et d'une fidélité à toute épreuve", a confié le ministre, mais malgré cela, le gouvernement n'a pas su donner la priorité aux enjeux environnementaux, a-t-il plaidé, estimant n'avoir pu obtenir que des "petits pas".
- Un ministre populaire -
Aux avant-postes de la défense de l'environnement depuis près de 30 ans, Nicolas Hulot a été pendant 15 mois un ministre populaire se défendant sans cesse d'être au bord de la démission d'un poste qui ne l'a jamais fait rêver.
Nommé pour la première fois ministre en mai 2017 après avoir refusé maintes sollicitations, il a passé des mois sous la loupe de journalistes à l'affut du moindre signe de ras-le-bol et de défenseurs de l'environnement attendant de lui qu'il soit plus qu'une "caution verte" pour le gouvernement. Celui que le président Emmanuel Macron a décrit comme "un inquiet" qui n'est "jamais satisfait" a sans cesse rejeté les rumeurs de démission et les accusations de renoncement, sur la sortie du nucléaire ou sur l'exploitation des hydrocarbures.
Mais il semble bien qu'il y ait plus que pensé, indiquant mardi en annonçant sa démission surprise ne pas avoir prévenu le président et le Premier ministre: sinon "ils m'en auraient encore une fois dissuadé".
L'ex-présentateur de l'émission "Ushuaiä" s'était pourtant précédemment amusé des commentaires récurrents sur ses premiers mois de ministre de la Transition écologique, assurant en janvier qu'avaler des couleuvres n'était pas dans ses "talents". Il reconnaissait malgré tout des "déconvenues, de l'impatience et même parfois des éruptions de colère" quand les choses n'avançaient pas assez vite. "Je n'y crois plus", a-t-il finalement résumé mardi, assurant ne pas regretter "une seconde" d'avoir accepté le poste mais faire ainsi "un acte de sincérité".
Juste après sa victoire sur Notre-Dame-des-Landes, il décrivait le "plaisir monstrueux" qu'il aurait à retourner dans l'ombre, assurant que ce poste serait son "ultime expérience publique". Mais malgré les déceptions, certains défenseurs de l'environnement continuaient à voir en lui le meilleur avocat de la cause qu'il défendait depuis des décennies notamment en ayant eu l'oreille des présidents Chirac, Sarkozy et Hollande.
- "Un an" pour juger -
L'ancien militant de 62 ans, qui s'était donné "un an" pour juger de son utilité au gouvernement, restait parmi les personnalités politiques préférées des Français, selon des sondages. En 2017, après une campagne présidentielle où il n'avait soutenu aucun candidat, et avait finalement voté pour pour le socialiste Benoît Hamon, il avait accepté de se mettre au service d'Emmanuel Macron, une belle prise pour le nouveau président.
Un an plus tôt, il avait renoncé à la course présidentielle, alors qu'il était crédité de 10% des voix dans les sondages. L'écologiste au caractère secret confiait "ne pas être fait pour la politique telle qu'elle se pratique aujourd'hui", "un monde où les violences et les tensions sont énormes". "Mon plus grand trésor, c'est mon indépendance", disait-il avant de dire oui à Emmanuel Macron.
En janvier 2016, sollicité par François Hollande pour entrer au gouvernement, il avait décliné, faute d'assurances suffisantes sur l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, la renégociation du traité de libre échange UE-Canada (Ceta) et une réforme de la fiscalité. Dans la perspective de la COP21, il avait été pendant trois ans son "envoyé spécial pour la planète", avec un bureau à l'Elysée.
Ce compagnonnage au plus haut sommet de l'Etat avait débuté avec Jacques Chirac, croisé à la fin des années des 90. Au sommet de la Terre de Rio (2002), les deux hommes rencontrent ensemble Nelson Mandela et Hulot devient un visiteur régulier à l'Elysée.
- Lecture et kite-surf -
En 2007, il hésite - déjà - à se présenter à la présidentielle avant d'imposer son "Pacte écologique" aux candidats. Nicolas Sarkozy le signe et, aussitôt élu, lance le Grenelle de l'Environnement, concertation qui débouche sur deux lois importantes. Mais l'abandon du projet de taxe carbone refroidit les relations entre Hulot et Sarkozy, avant même la déclaration de ce dernier sur l'écologie qui "commence à bien faire".
En 2009, l'échec commercial de son film "Le syndrome du Titanic", critiqué pour son catastrophisme, le plonge dans le doute.
En 2011, il franchit le pas en se présentant à la primaire des Verts, un parti pas toujours tendre avec lui, mais les militants préfèrent Eva Joly.
Comme à chaque déconvenue, le natif de Lille, élevé à Paris, se replie dans sa maison en Bretagne, où il vit avec sa femme et ses enfants. La lecture et le kite-surf aident le "commandant couche-tôt" à se ressourcer.
Au fil des ans, son discours insiste davantage sur les liens entre écologie et solidarité. Il avait d'ailleurs dans son porte-feuille de ministre l'économie sociale et solidaire.
www.ipreunion.com avec l'AFP
Bon débarras, enfin, je veux dire que c'est mieux pour son éthique par rapport à ce gouvernement de Mondialistes ultra capitalistes !