[PHOTOS/VIDÉOS] Tensions entre loyalistes et indépendantistes

Nouvelle-Calédonie : couvre-feu après les émeutes, le gouvernement local appelle au calme

  • Publié le 14 mai 2024 à 10:21
Une concession automobilé incendiée pendant les émeutes à Nouméa, le 14 mai 2024

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a lancé mardi un appel à "la raison et au calme" après les émeutes qui ont dévasté Nouméa lundi. Un couvre-feu a été décrété. Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lien pendant l'examen par l'Assemblée nationale à Paris d'une révision constitutionnelle décriée par les indépendantistes. Les députés reprendront ce mardi après-midi ce débat houleux de cette révision visant à élargir le corps électoral propre au scrutin provincial de Nouvelle-Calédonie. Ce point sensible ravive les tensions entre loyalistes et indépendantistes dans l'archipel

Véhicules incendiés, pillages, barrages filtrants, interpellations... Sur le Caillou, des violences ont émaillé la journée et la soirée de lundi, alors que s'étiraient les débats à l'Assemblée nationale.

"Nous appelons à la responsabilité de tous les Calédoniens, de nos responsables politiques, institutionnels, coutumiers, religieux, associatifs et familiaux. Nous leur demandons d'utiliser toutes les voies et les moyens à leur disposition pour ramener à la raison et au calme", a écrit le gouvernement local dans un communiqué.

"Toutes les raisons des mécontentements, des frustrations et des colères ne sauraient justifier de mettre à mal ou de détruire ce que le pays a pu construire depuis des décennies et d'hypothéquer l'avenir", a-t-il ajouté.

Les pompiers de Nouméa ont dit avoir reçu près de 1.500 appels dans la nuit de lundi à mardi et être intervenus sur environ 200 feux. Selon un regroupement patronal, une trentaine de commerces, d'usines et d'autres entreprises ont été incendiés.

Lire aussi - Émeutes en Nouvelle-Calédonie: le gouvernement local lance un appel au calme

Au cours d'une discussion sous haute tension, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a appelé les députés à adopter sans modification cette réforme, qui ouvre le scrutin provincial calédonien aux résidents installés depuis au moins dix ans sur l'île.

- Macron veut "privilégier le dialogue"-

Mais alors qu'un vote solennel était normalement prévu mardi après-midi, les débats n'ont pas pu être menés à leur terme dans la nuit, en raison du nombre d'amendements déposés notamment par le groupe Insoumis. LFI a été accusé "d'obstruction" parlementaire par plusieurs bancs et par la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet.

Le nouveau calendrier d'examen sera acté mardi matin lors d'une conférence des présidents, mais Mme Braun-Pivet a déjà fait savoir que les députés pourront reprendre leurs débats dans l'après-midi, quitte à bousculer l'ordre du jour. "J'espère que nous pourrons passer au vote mardi ou mercredi. Nous souhaitons tous une issue politique", a expliqué le chef de file des députés Renaissance Sylvain Maillard après minuit.

Après celle du Sénat, l'approbation de l'Assemblée est nécessaire pour faire cheminer ce texte, avant de réunir le Parlement en Congrès pour réviser la Constitution, à une date qui reste à fixer.

Prônant l'apaisement, Emmanuel Macron a promis dimanche de ne pas convoquer le Congrès "dans la foulée" du vote de l'Assemblée, selon son entourage, pour "privilégier le dialogue".

- "Main tendue" -

Toujours en quête d'un accord institutionnel global, M. Darmanin a assuré que les parties prenantes locales seront invitées "rapidement" à Paris pour "discuter autour du Premier ministre, autour du gouvernement". Mais cette "main tendue" de l'exécutif est pour le moment "refusée" par le camp indépendantiste, selon lui.

Derrière ce texte de loi assez technique se joue une grande partie de l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, comme en témoignent les tensions croissantes sur l'île.

Deux camps s'opposent. Celui des non-indépendantistes, favorables à la réforme, et celui des indépendantistes qui y voient au contraire un passage en force de l'Etat pour "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".

Lundi soir, la mobilisation a franchi un nouveau cap, avec plusieurs sites en proie aux flammes, des affrontements entre forces de l'ordre et jeunes manifestants masqués, et 36 interpellations selon le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. Ce dernier a annoncé la mise en place d'un couvre-feu dès 18h00 locales mardi (9h00 à Paris).

Trois anciens Premiers ministres, Jean-Marc Ayrault, Edouard Philippe et Manuel Valls, ont plaidé ces derniers jours pour que Gabriel Attal reprenne la main sur ce dossier sensible, historiquement piloté par Matignon.

Une mise en garde partagée par une partie de l'opposition: "L'Etat doit retrouver son rôle d'intermédiaire impartial en lançant, sous la responsabilité du Premier ministre, une nouvelle mission de dialogue", a demandé le député socialiste Arthur Delaporte avant de défendre une motion de rejet préalable du texte, largement écartée.

La France insoumise a également exhorté le gouvernement de "cesser d'attiser les tensions qui fracturent la population", redoutant une "véritable bombe contre la paix civile".

"C'est vous qui jetez de l'huile sur le feu", leur a répondu le rapporteur Nicolas Metzdorf (groupe Renaissance), lui-même élu calédonien non-indépendantiste. Ce dernier a été accusé à gauche d'avoir eu un comportement "menaçant" et "agressif" envers le député de Guyane Jean-Victor Castor (groupe GDR).

- RN et LR en soutien -

Prévu à ce stade au plus tard le 15 décembre, le scrutin provincial est essentiel sur l'archipel où les trois provinces détiennent une grande partie des compétences.

Etabli en 1998 par l'accord de Nouméa, le corps électoral y est gelé, ce qui a pour conséquence, 25 ans plus tard, de priver de droit de vote près d'un électeur sur cinq. "La situation actuelle mène à l'absurde", a martelé le ministre de l'Intérieur.

Cette analyse est partagée par le Rassemblement national. "Le dégel du corps électoral est un impératif pour garantir une démocratie authentique et représentative en Nouvelle-Calédonie", s'est satisfait le député RN Yoann Gillet.

Quant aux Républicains, ils ont aussi soutenu le texte, mais leur chef de file Olivier Marleix a appelé l'exécutif à "réunir le Congrès sans tergiverser".

www.imazpress.com avec l'AFP

guest
2 Commentaires
Missouk
Missouk
1 an

C'était juste le moment pour se fâcher avec les kanaks. Ils sont décidés vraiment c...

Dom
Dom
1 an

Pas étonnant de la part de LFI. Fâchés avec la démocratie.
La République c'est lui..