Après sa condamnation

Premier jour dans l'inconnu pour Le Pen et le RN, qui lancent la contre-offensive

  • Publié le 1 avril 2025 à 07:08
  • Actualisé le 1 avril 2025 à 11:10
Marine Le Pen (d.), présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (RN), quitte le siège du parti, à Paris, le 31 mars 2025

A J+1 après le jugement choc contre Marine Le Pen, le RN organise la contre-offensive politique et médiatique mardi en prenant l'opinion à témoin, et en exigeant un procès en appel suffisamment rapide pour espérer maintenir sa candidature à la présidentielle. La décision de justice a été critiquée à l'étranger, notamment par Trump. Elle a aussi clivé la classe politique française. Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple". Ecologistes, socialistes et communistes ont eux appelé au respect de la décision.

Jordan Bardella, Louis Aliot, Sébastien Chenu, Marion Maréchal... pontes du parti et soutiens de la cheffe de file défileront en nombre sur les plateaux des médias dès le matin.

Le président du RN a déjà prévenu sur X qu'il irait sur Cnews/Europe 1 dénoncer un "scandale démocratique", après la condamnation de Marine Le Pen à une peine immédiate de cinq ans d'inéligibilité dans l'affaire des assistants parlementaires européens RN. Une décision qui, à ce stade, l'empêche de concourir à la présidentielle 2027.

Et les fidèles de la patronne s'attacheront à ne pas alimenter l'hypothèse d'un renoncement de la candidate. Lui-même dauphin sur le papier, Jordan Bardella n'a pas manqué d'accompagner son message d'une photo le montrant en train d'enlacer Marine Le Pen.

"Nous serons partout sur le terrain au cours des prochaines semaines", a assuré Jordan Bardella dans une lettre aux sympathisants du RN.

Appelant à la "mobilisation populaire et pacifique", le parti a également lancé lundi une pétition de soutien, avec le mot d'ordre "sauvons la démocratie, soutenons Marine".
"Nous n'avons pas besoin de préparer un plan B puisque le plan A est le même : Marine Le Pen candidate à la présidence", a martelé lundi Jean-Philippe Tanguy, cadre du groupe à l'Assemblée.

Quant à la principale intéressée, elle a mené la charge au JT de TF1 lundi soir, dénonçant une "décision politique", "jour funeste pour notre démocratie", et "des pratiques que l'on croyait réservées aux régimes autoritaires".

"Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi", a martelé la députée du Pas-de-Calais, mettant sur la table une exigence qui devrait se retrouver dans toutes les prises de paroles du parti lepéniste : une audience en appel rapide, espérant qu'une décision plus clémente lui permette d'être sur la ligne de départ en 2027.

- Calendrier de l'appel -

La question est au cœur de l'avenir politique de Marine Le Pen, mais les délais habituels de la justice ne semblent pas de nature à éclaircir son horizon.

Le procès en appel ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard, soit pas avant la fin 2026, à quelques mois de la présidentielle. Et sans garantie que la cour d'appel rende une décision différente de celle du tribunal.

"Ce n'est pas moi qui en ai la maîtrise, je peux demander ce que je veux...", a d'ailleurs reconnu la députée du Pas-de-Calais lundi soir, avant de retrouver un ton plus offensif : "il faut que la justice se hâte".

Marine Le Pen a également écopé de quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique (elle n'ira pas en prison), et d'une amende de 100.000 euros.

Le tribunal de Paris a "pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l'ordre public, en l'espèce le fait que soit candidate à l'élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance", a justifié la présidente.

Il a également considéré qu'il y avait bien eu un "système" entre 2004 et 2016 pour faire faire des "économies" au RN en payant avec l'argent du Parlement européen des assistants d'eurodéputés travaillant pour le parti.

Vingt-trois autres personnes ont été condamnées, ainsi que le FN devenu RN.

Une décision critiquée à l'étranger par le Kremlin, la Hongrie ou encore l'administration de Donald Trump.

Elle a aussi clivé la classe politique française. Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple". Laurent Wauquiez (LR) a regretté "une décision très lourde", un fait "pas très sain dans une démocratie".

Ecologistes, socialistes et communistes ont eux appelé au respect de la décision. "Nul n'est au-dessus des lois, pas même ceux qui aspirent à la plus haute fonction de l'Etat", a déclaré le PS, lançant sa propre pétition pour "défendre la justice".

AFP

guest
4 Commentaires
kalou
kalou
6 mois

Fillon avait subi le même sort. Quand tu es favori des sondages et non adoubé par les " marchés " tu sors .

Jako
Jako
6 mois

MELENCHON, sait que le tribunal l'attend, lui ainsi que sa compagne, donc sa réaction est normale! Ceux là même qui votent les lois ne voudraient qu'elles s' appliquent à eux!! A ce moment là pourquoi pas une loi d'exception qui mettrait les élus hors "de portée"? Le peuple d'accord mais pas nous les élus Nous sommes au dessus du "panier" voyons! nous sommes intouchables!

Question complexe
Question complexe
6 mois

Pas si simple, ça fait 10 ans qu'ils cherchent et n'ont toujours pas trouvé de preuves le concernant.

En fait SI un gouvernement d'extrême droite venait à être nommé, l'indépendance des juges peut se voir remise en question, l'inquiétude est légitime car le statut actuel de la magistrature permettra au nouveau garde des Sceaux de faire son choix parmi les nominations de procureurs avec toutes les conséquences qu'on imagine.
Depuis Rachida Dati en 2007, aucun garde des Sceaux n'a outrepassé un avis défavorable du Conseil Supérieur de la Magistrature pour la nomination d'un procureur, mais cela pourrait changer.

L'exécution provisoire sans aucun moyen de recours permettrait donc au pouvoir d'extrême droite en place de "museler" légalement ses opposants et là on se trouverait dans une réelle dictature.

Dans le cas de Le Pen, la juge a appliqué la loi en se basant sur des preuves accablantes (Par exemple, le dossier comporte un courriel envoyé le 22 juin 2014 par Jean-Luc Schaffhauser, nouvellement élu eurodéputé FN, au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, après la réunion d’accueil des nouveaux élus.
Le nouveau député dit : « Ce que Marine nous demande équivaut qu’on signe pour des emplois fictifs… et c’est le député qui est responsable pénalement sur ses deniers, même si le parti en est bénéficiaire… Je comprends les raisons de Marine mais on va se faire allumer, car on regardera, c’est sûr, nos utilisations à la loupe avec un groupe si important. » Réponse du trésorier : « Je crois bien que Marine sait tout cela… »)

Mais si les juges venaient à être "sous influence" à cause d'un gouvernement d'extrême droite, il sera trop tard pour réagir, d'où l'idée de mettre des garde-fous.
Heureusement nous ne sommes pas encore là...

La vérité si je mens !
La vérité si je mens !
6 mois

Mélenchon, même tarif avec une main très lourde et le voir débarrasser du plancher de la politique à jamais.

Amen !