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Promotions trompeuses, contrefaçon: la part d'ombre du Black Friday

  • PubliĂ© le 28 novembre 2019 Ă  19:04
  • ActualisĂ© le 29 novembre 2019 Ă  07:03
La vitrine d'une boutique Ă  Caen, le 27 novembre 2019, veille des promotions du "Black Friday"

CaractÚre trompeur de certaines réductions affichées, produits de qualité douteuse, voire contrefaits: les mises en garde se multiplient à la veille des promotions du "Black Friday".

En réalité, "5 à 10% des produits sont effectivement 5 à 10% moins chers pour les secteurs de l'électroménager et du high-tech", explique à l'AFP Grégory Caret, directeur de l'observatoire de la consommation de l'UFC-Que Choisir, qui a mené une étude sur les prix pratiqués en 2018 avant et pendant le "Black Friday", tradition américaine qui prend chaque année davantage racine en France.

L'association de dĂ©fense des consommateurs a observĂ© les prix de dizaines de milliers de produits sur les sites des grandes enseignes "28 jours avant le Black Friday et le jour J", dĂ©taille M. Caret. "Ce qu'on observe, c'est que pour la plupart des produits le prix avant, pendant et aprĂšs est le mĂȘme".

Si le prix réel ne change pas, "c'est le prix de référence qui subit une inflation", analyse M. Caret. Il s'agit du prix "avant réduction, celui duquel sont déduit les -50%, -70% que le consommateur peut voir sur l'étiquette", ajoute-t-il.

- Prix de référence "fantaisiste" -

En France, "il n'y a quasiment rien qui définisse le prix de référence", confirme Philippe Moati, économiste et cofondateur de l'Obsoco. "Ce vide juridique, combiné au manque de moyens de la DGCCRF (répression des fraudes, NDLR) pour contrÎler tout ça, fait que trÚs souvent le prix barré est un prix fantaisiste", poursuit-il.

Which?, l'Ă©quivalent britannique de l'UFC-Que Choisir, est arrivĂ© Ă  une conclusion similaire en observant les prix au Royaume-Uni. L'organisation affirme que 61% des 83 produits Ă©tudiĂ©s Ă©taient "moins chers ou au mĂȘme prix avant le Black Friday". "Bien sĂ»r, les prix durablement bas ne sont pas une mauvaise chose", note Which? sur son site, "mais cela signifie que vous devriez vous sentir moins sous pression pour acheter pendant la pĂ©riode du Black Friday".

Selon M. Moati, cette "pression" pousserait effectivement les consommateurs Ă  "acheter un produit uniquement parce qu'il est en promotion mĂȘme s'il ne nous convient pas". Selon l'expert, ce comportement "conduit Ă  une consommation qui n'est pas raisonnĂ©e, donc certainement Ă  une surconsommation, et parfois une mĂ©-consommation, voire Ă  une forme de dĂ©ception".
Pour Ă©viter ce genre d'erreur, M. Caret conseille au consommateur de "mettre en place une petite alarme dans sa tĂȘte qui s'allume dĂšs qu'on voit -50%" car "-50%, -70%, mĂȘme en pĂ©riode de soldes, ça ne correspond pas Ă  une rĂ©alitĂ© Ă©conomique".

- "Faux produits" -

Au-delà des questions de prix, se pose celles de la qualité, voire de la conformité des produits. L'Union des fabricants (Unifab) a ainsi mis en garde les consommateurs contre les risques de tromperie sur les ventes en ligne à l'occasion du Black Friday. Selon l'organisation qui réunit les industriels engagés dans la lutte contre la contrefaçon, "les faux produits envahissent insidieusement la toile et les paniers des e-consommateurs".

Alors que la pĂ©riode "connaĂźt le plus grand pic de consommation de l'annĂ©e", l'association rappelle un certain nombre de rĂ©flexes lors d'achats en ligne: s'assurer d'ĂȘtre sur un site officiel, faire attention aux fautes d'orthographe qui pourraient trahir un site douteux, se mĂ©fier des offres trop allĂ©chantes ou des prix bradĂ©s et regarder les conditions de retour, qui sont obligatoires en France.

Les mises en garde sur les prix et les produits s'ajoutent Ă  la rĂ©action "anti-Black Friday" qui monte aussi en France. La ministre de la Transition Écologique Élisabeth Borne a critiquĂ© lundi "la frĂ©nĂ©sie de consommation" liĂ©e au Black Friday. Le lendemain, les dĂ©putĂ©s ont mĂȘme donnĂ© leur feu vert en commission Ă  une interdiction des campagnes de promotions autour de cette journĂ©e.

Du coté de la société civile, des associations, des marques et des commerçants prennent des initiatives pour "lutter contre l'hyper-consommation et pour une consommation et une production responsables", selon la formule de Jean-Paul Raillard, Président d'Envie et du "Green Friday", un mouvement d'entreprises et d'associations qui s'engagent à ne pas pratiquer de promotions pendant le fameux "vendredi noir".

AFP

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