Territoire palestinien

Propos Trump sur Gaza : la Maison Blanche nuance, l'ONU met en garde contre un "nettoyage ethnique"

  • PubliĂ© le 6 fĂ©vrier 2025 Ă  05:18
  • ActualisĂ© le 6 fĂ©vrier 2025 Ă  11:36
Un épicier derriÚre son stand, dressé au milieu des ruines de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 5 février 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )

L'administration américaine s'est efforcée mercredi de nuancer la proposition du président Donald Trump de prendre le contrÎle de Gaza, et le chef de l'ONU a mis en garde contre un "nettoyage ethnique" dans le territoire palestinien.

AprÚs un déluge de critiques internationales sur le projet d'une prise de contrÎle américaine de Gaza et d'un déplacement de sa population, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a affirmé que tout transfert des Gazaouis serait temporaire.

M. Trump veut "reconstruire les bĂątiments" afin que "les gens puissent y retourner", a-t-il dit.

La Maison Blanche a elle indiqué que Donald Trump ne s'était pas engagé "pour l'instant" à envoyer des troupes à Gaza.

Le prĂ©sident amĂ©ricain a cependant assurĂ© que "tout le monde adore" sa proposition, annoncĂ©e au moment oĂč doivent reprendre les dĂ©licates nĂ©gociations sur la poursuite de la trĂȘve. Le Hamas l'a accusĂ© de "jeter de l'huile sur le feu".

Donald Trump a fait cette annonce mardi aprÚs avoir reçu à la Maison Blanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple", a rétorqué le président palestinien Mahmoud Abbas, rival du Hamas.

"Il est essentiel d'Ă©viter toute forme de nettoyage ethnique", a soulignĂ© le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies Antonio Guterres devant le comitĂ© de l'ONU sur l'exercice du droit inaliĂ©nable des Palestiniens. Il a rappelĂ© le "droit des Palestiniens Ă  tout simplement vivre comme des ĂȘtres humains sur leur propre terre".

Donald Trump a répété mardi que selon lui les habitants de la bande de Gaza, en ruines aprÚs 15 mois de guerre, pourraient aller vivre en Jordanie ou en Egypte, malgré l'opposition de ces pays.

- Reconstruire avec des "partenaires" -

"Les Etats-Unis vont prendre le contrÎle de la bande de Gaza", a-t-il dit au cÎté de M. Netanyahu, parlant du territoire palestinien comme d'un "chantier de démolition".

Le président américain a affirmé que les Etats-Unis allaient "aplanir la zone", afin de la développer économiquement et de faire de Gaza la "CÎte d'Azur du Moyen-Orient".

Les Etats-Unis "ne financeront pas la reconstruction de Gaza", a cependant affirmé mercredi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. L'administration américaine va travailler avec ses "partenaires dans la région pour reconstruire" Gaza, a-t-elle ajouté.

Dans le territoire assiĂ©gĂ©, beaucoup d'habitants rentrĂ©s chez eux Ă  la faveur de la trĂȘve, excluent de quitter Gaza.

"Nous sommes revenus malgrĂ© les destructions massives (...) Nous sommes revenus parce que nous refusons catĂ©goriquement d'ĂȘtre dĂ©placĂ©s", a affirmĂ© Ahmed al-Minaoui, rentrĂ© dans la ville de Gaza.

"Je suis Gazaoui, mon pĂšre et mon grand-pĂšre sont originaires d'ici (...) Nous n'avons qu'une seule option: vivre ou mourir ici", a ajoutĂ© Ahmed Halasa, un habitant de la mĂȘme ville ĂągĂ© de 41 ans.

- "Facteur de déstabilisation majeur" -

En revanche pour Kfir Dekel, un Israélien de 48 ans qui vit dans la zone frontaliÚre avec Gaza, "le plan de Trump a du sens. Gaza est complÚtement détruite et il est impossible de réparer tant qu'il y a des gens". "Laissons les partir et construire leur vie ailleurs, et nous ferons vraiment de ce lieu un ßlot de paix".

L'Egypte a appelĂ© mercredi l'AutoritĂ© palestinienne, dirigĂ©e par Mahmoud Abbas, Ă  reprendre le contrĂŽle du territoire, d'oĂč elle avait Ă©tĂ© chassĂ©e en 2007 quand le Hamas y a pris le pouvoir.

Le président égyptien et son homologue français Emmanuel Macron ont averti que tout "déplacement forcé de la population palestinienne à Gaza comme en Cisjordanie serait inacceptable". "Il s'agirait d'une violation grave du droit international, d'une entrave à la solution à deux Etats et d'un facteur de déstabilisation majeur pour l'Egypte et la Jordanie", ont-ils jugé lors d'un échange téléphonique, selon un communiqué de la présidence française.

La Jordanie, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la Ligue arabe ont aussi rejetĂ© le plan amĂ©ricain, de mĂȘme que l'Union europĂ©enne.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker TĂŒrk, a en outre rappelĂ© que tout transfert forcĂ© ou expulsion d'un territoire occupĂ© Ă©taient "strictement prohibĂ©s".

OpposĂ© Ă  l'accord de trĂȘve, le ministre israĂ©lien d'extrĂȘme droite Bezalel Smotrich a promis mercredi de tout faire pour "enterrer dĂ©finitivement" l'idĂ©e d'un Etat palestinien.

- "Colonisation du XXIe siĂšcle" -

L'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem a elle qualifié le plan de Trump de "fou", et la secrétaire générale d'Amnesty International, AgnÚs Callamard, a dénoncé une "forme de colonisation du XXIe siÚcle".

"Beaucoup de destructions Ă  Gaza reflĂštent une politique israĂ©lienne calculĂ©e visant Ă  rendre certaines parties de la bande inhabitables", a pour sa part dĂ©clarĂ© Lama Fakih, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Human Rights Watch. "Les Etats-Unis passeraient d'ĂȘtre complices de crimes de guerre Ă  perpĂ©trer directement des atrocitĂ©s", a-t-elle ajoutĂ©.

La rencontre entre MM. Trump et Netanyahu a coïncidé avec l'annonce d'une reprise des négociations sur le cessez-le-feu à Gaza, dont une premiÚre phase de six semaines a débuté le 19 janvier, mais dont la suite reste incertaine.

Le Hamas a annoncé mardi que ces négociations avaient "commencé".

IsraĂ«l a indiquĂ© qu'il enverrait "en fin de semaine" une dĂ©lĂ©gation au Qatar, l'un des trois pays mĂ©diateurs avec les Etats-Unis et l'Egypte, pour discuter de la poursuite de la trĂȘve.

La premiÚre phase a permis jusqu'à présent la libération de 18 otages retenus à Gaza et d'environ 600 Palestiniens détenus par Israël, un afflux de l'aide humanitaire et le retour de plus d'un demi-million de déplacés dans le nord du territoire.

La deuxiÚme phase doit en principe permettre la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre, avant une derniÚre étape consacrée à la reconstruction de Gaza.

Au total, 251 personnes avaient été enlevées le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du Hamas contre Israël, qui a entraßné la mort de 1.210 personnes du cÎté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en représailles dans la bande de Gaza a fait au moins 47.518 morts, en majorité des civils, selon les données du ministÚre de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

AFP

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1 Commentaires
T j m
T j m
10 mois

il n'a pas encore reçu sa trompe celui lĂ