Etats-Unis

Trump accentue encore sa guerre contre les médias traditionnels

  • PubliĂ© le 8 fĂ©vrier 2025 Ă  13:50
  • ActualisĂ© le 8 fĂ©vrier 2025 Ă  14:05
Donald Trump face aux journalistes dans la salle de presse de la Maison Blanche le 30 janvier 2025

Lors de son premier mandat, il les dĂ©signait comme "ennemis du peuple". En reprenant les rĂȘnes des Etats-Unis, Donald Trump a encore amplifiĂ© ses attaques contre les grands mĂ©dias amĂ©ricains en les visant notamment au portefeuille.

Actions en justice demandant des millions de dollars de dommages et intĂ©rĂȘts, enquĂȘte sur les diffuseurs publics, dĂ©sabonnement, et mĂȘme retrait de bureaux: le camp du rĂ©publicain utilise tout un arsenal pour s'en prendre Ă  la presse traditionnelle.

Dernier exemple en date: la tempĂȘte mĂ©diatique subie cette semaine par le journal Politico, connu pour raconter les coulisses de Washington.

Sur X, des soutiens de Donald Trump ont Ă©crit que l'USAID, l'agence amĂ©ricaine pour le dĂ©veloppement internationale -- quasi-dĂ©mantelĂ©e par l'exĂ©cutif dans le mĂȘme temps --, subventionnait le mĂ©dia Ă  coup de millions de dollars.

Un mensonge dénoncé haut et fort par sa directrice générale Goli Sheikholeslami. "Nous n'avons jamais reçu de subventions de l'Etat fédéral", a-t-elle assuré, mais simplement l'argent correspondant à des abonnements.

Ce qui n'a pas empĂȘchĂ© Donald Trump d'affirmer jeudi que de l'argent de l'USAID et d'autres fonds fĂ©dĂ©raux "est allĂ©, tels des pots-de-vin, aux mĂ©dias mensongers pour qu'ils Ă©crivent des articles avantageux pour les dĂ©mocrates".

La Maison Blanche a annoncé annuler ses abonnements à Politico.

- SiĂšges au Pentagone -

Avec ce genre d'épisode, les soutiens de Donald Trump auront "quelque chose de nouveau à utiliser pour s'expliquer toute couverture négative" de leur champion, estime Matt Gertz, chercheur au sein de l'ONG Media Matters, marquée à gauche.

S'en prendre aux médias peut passer, pour le gouvernement Trump, par d'autres moyens.

Brendan Carr, nouveau patron de la puissante agence fĂ©dĂ©rale des communications, la FCC, a annoncĂ© ouvrir une enquĂȘte sur la radio publique NPR et la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision publique PBS, ce qui pourrait Ă  terme menacer leurs financements.

"Le nouveau patron de la FCC agit de façon agressive, et il semble que ce ne soit que le début", estime de son cÎté Roy Gutterman, professeur de journalisme à l'Université de Syracuse.

La nouvelle administration vise aussi les emplacements physiques des médias traditionnels.

Dans le bùtiment du Pentagone, siÚge du ministÚre américain de la Défense, nombre de journalistes disposent de bureaux dédiés. Huit places attribuées à des grands médias, dont le New York Times, CNN, ou le Washington Post, ont été réattribuées d'office par les nouvelles autorités à des publications plus marquées à droite, comme le tabloïd New York Post.

Dans ces attaques en rĂšgle, une exception: Fox News, chaĂźne d'info la plus regardĂ©e du pays, Ă©tendard des conservateurs et vivier de recrutement pour le nouveau pouvoir. La chaĂźne de la famille Murdoch a mĂȘme embauchĂ© cette semaine Lara Trump, la belle-fille du prĂ©sident.

- Millions de dollars -

La chaßne de télévision ABC a elle accepté en décembre de payer quinze millions de dollars de dédommagements pour mettre fin aux poursuites pour diffamation lancées par Donald Trump aprÚs des propos tenus à l'antenne par un présentateur vedette.

Cet accord financier hors tribunal a été vu comme une concession d'un grand média au milliardaire, dont nombre d'efforts visant à poursuivre des journalistes avaient jusqu'à présent échoués.

CBS News, autre géant de l'information aux Etats-Unis, est également poursuivi par Donald Trump. Le président l'accuse d'avoir manipulé pendant la campagne une interview de Kamala Harris de maniÚre à faire paraßtre la vice-présidente, et candidate démocrate malheureuse, sous un meilleur jour.

Cédant aux pressions, la chaßne a récemment diffusé les images de l'entretien dans leur intégralité, et Paramount Global, sa maison-mÚre, envisage de payer des sommes importantes dans ce dossier.

"Certains des plus grands mĂ©dias semblent avoir conclu qu'il n'est simplement pas dans leur intĂ©rĂȘt financier de mĂ©contenter le prĂ©sident", a rĂ©sumĂ© le professeur Ă  l'universitĂ© de Columbia Jameel Jaffer dans une tribune au New York Times.

AFP

guest
0 Commentaires